Bientôt démoli, le musée éphémère de street-art d'Abbeville n'a encore jamais pu ouvrir ses portes

À Abbeville, un bâtiment HLM voué à être démoli a été investi par des dizaines d'artistes de street-art qui l'ont transformé en musée éphémère. La date de la démolition approche, mais en raison des mesures sanitaires, le lieu n'a toujours pas pu ouvrir ses portes au public.

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Dès son lancement, en 2018, le projet Transition avait suscité l'enthousiasme : celui des habitants du quartier, celui des artistes, celui de la municipalité et du bailleur social propriétaire des lieux. L'idée était simple : transformer un bâtiment en musée éphémère de street art et d'art contemporain avant sa démolition.

"C'est moins dangereux que de faire ses courses"

À partir d'octobre 2020, 80 artistes, ainsi que des collégiens du secteur, ont transformé les 24 appartements du bâtiment en galerie d'art. L'objectif était d'ouvrir les portes au public le 16 janvier, jusqu'à la démolition prévue le 1er juillet. Mais la crise sanitaire est passée par là, et comme tous les lieux culturels, l'immeuble est obligé de garder ses portes closes.

Un crève-cœur pour Yann Colignon, à l'initiative du projet, qui avait tout prévu pour respecter les gestes barrières. "On prévoyait de faire visiter par groupe de six personnes maximum, donc les risques sont limités, surtout qu'il y a un sens de circulation qui fait que les groupes ne peuvent pas se croiser. C'est bien moins dangereux que d'aller faire ses courses finalement, déplore-t-il. On travaille sur des visites virtuelles, on a rendez-vous avec la préfecture pour voir comment on peut mettre ça en place, mais c'est pas évident à faire. On aimerait quand même proposer rapidement quelque chose...", explique-t-il.

L'espoir d'un report

Mais bien sûr, une visite virtuelle ne remplacera pas une balade au milieu des immenses fresques qui ont recouvert les murs des appartements. Le problème, c'est le calendrier : même si l'ouverture était autorisée à l'issue des quatre semaines de confinement annoncées par le Premier ministre, il ne resterait au public que quelques semaines pour s'y rendre. Il espère donc un report des travaux de démolition. "On aimerait au moins ouvrir à la mi-avril et que ce soit reporté jusqu'en septembre, pour terminer le projet avec les journées du patrimoine les 18 et 19 septembre."

Pour l'instant, la mairie n'est pas en mesure de décaler ces travaux : ils font partie du projet de rénovation urbaine piloté par l'Anru, et les décaler pourrait, d'après la municipalité, faire perdre à Abbeville 20 millions d'euros de subventions de l'État versées dans ce cadre. Fabien Hecquet, directeur de cabinet du maire, affirme néanmoins que la ville est en relation avec la préfecture de la Somme pour obtenir l'autorisation de report "sans perdre les bénéfices de la convetion Anru" et sans que cela ne provoque un retard dans le reste du projet d'aménagement urbain.

Roselyne Bachelot interpellée

Aurélien Dovergne, ex-adjoint au maire devenu conseiller municipal d'opposition, a suivi ce projet depuis le début, et regrette lui aussi cette situation. Dans une lettre adressée à Roselyne Bachelot, il demande que le ministère de la Culture se mette en relation avec la ministre déléguée chargée du logement pour autoriser ce report sans faire perdre de subventions à la ville. "J'ai reçu un accusé de réception de ma lettre, mais depuis, pas de nouvelles, précise-t-il. Toutes les collectivités doivent se mobiliser autour de ce projet. J'ai vu quel travail l'association a fourni, je sais comme c'est important d'ouvrir au public."

L'autre piste explorée par la mairie : "faire d'Abbeville, ou en tout cas de ce lieu, un site expérimental de réouverture des lieux culturels". De nombreux élus à travers la France ont demandé la mise en place de ces expérimentations, dont Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidentes de l'association des Villes de France. Mais malgré la forte de demande, le ministère de la Culture n'a rien annoncé dans ce sens.

Yann Colignon prend alors son mal en patience, dans l'attente de nouvelles annonces. Et se contente du peu qui est autorisé : le travail avec les scolaires, qui lui tient à cœur depuis le début. "On a l'autorisation d'ouvrir aux scolaires depuis le 19 mars seulement, mais avec des groupes réduits à six enfants donc il faut diviser les classes en trois à quatre groupes. C'est un peu fastidieux, mais ça fonctionne."

À défaut de pouvoir le visiter

Impossible de visiter le musée éphémère pour l'instant. C'est pourquoi nous vous proposons de le découvrir dans notre reportage tourné en décembre 2020.

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