Brexit : Londres se dit ouvert à la négociation mais se fait prier

Il reste de nombreux points d'accroche.

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Le Royaume-Uni s'est dit ouvert lundi à l'"intensification" des négociations commerciales post-Brexit, actuellement dans l'impasse, proposée par Bruxelles, tout en répétant que discuter n'avait de sens qu'en cas de changement de position des Européens.

Déjà poussives, les discussions se sont envenimées jeudi quand les 27 réunis en conseil ont exigé des concessions de Londres pour arriver à un accord de libre-échange à temps pour l'appliquer l'année prochaine, quand les règles européennes cesseront de s'appliquer au Royaume-Uni.

"Disponible pour intensifier" les discussions

Le Premier ministre Boris Johnson a alors déclaré les pourparlers "terminés" et a demandé aux Britanniques de se préparer à un "no deal", option potentiellement dévastatrice pour des économies déjà ébranlées par la pandémie de Covid-19.

Après un appel téléphonique à son homologue britannique David Frost, le négociateur européen Michel Barnier a affirmé lundi que l'UE restait "disponible pour intensifier" les discussions "sur la base de textes juridiques", soulignant attendre la réaction de Londres.

Au Parlement britannique, le ministre Michael Gove, chargé de la coordination de l'action gouvernementale, a dit "saluer" cette déclaration : "Évidemment, nous devons nous assurer de travailler sur la base de l'intensification qu'ils proposent. Je préfère regarder vers l'avenir avec optimiste que regarder en arrière avec colère".

Le "no deal" dont on ne doit pas prononcer le nom

Il a répété attendre un mouvement de la part de l'UE et être prêt à un accord de type australien ou mongol, autrement dit un "no deal", dont le gouvernement britannique se refuse à prononcer le nom : "Il n'y aucun sens à continuer à négocier. Tant que l'UE maintient sa position, de telles discussions n'auront pas de sens", a réaffirmé le ministre.

Les deux parties continuent de se renvoyer la balle malgré le manque de temps disponible pour arriver à un compromis, les Européens estimant un accord nécessaire avant la fin octobre pour être transposé et adopté d'ici à la fin de l'année.

À défaut d'accord de libre-échange, répète à l'envi le gouvernement britannique, il se satisferait d'un "no deal" au 1er janvier, malgré les conséquences potentiellement dévastatrices pour des économies déjà fragilisées par la pandémie, avec le rétablissement de quotas et droits de douanes entre les 27 et Londres. 

La pêche parmi les points d'accroche

Les discussions butent toujours sur trois sujets : l'accès pour les Européens aux poissonneuses eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence, et la manière de régler les différends dans le futur accord.

Quelle que soit l'issue des négociations, accord ou pas, l'exécutif britannique compte exhorter cette semaine les entreprises à accélérer leurs préparatifs pour faire face aux nouvelles règles douanières qui s'appliqueront dès janvier. 

Les relations avec Bruxelles et les discussions pour arriver à un compromis se sont tendues le mois dernier avec l'annonce d'un projet de loi revenant sur certaines dispositions du traité de divorce ayant encadré la sortie du Royaume-Uni de l'UE le 31 janvier dernier.

À Londres lundi matin, le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, a rencontré Michael Gove au sujet de ce différend, qui a poussé l'UE à entamer une procédure d'infraction contre le Royaume-Uni.

Des "progrès significatifs" ?

Tous deux en sont sortis sur une note plutôt positive, Michael Gove faisant état de "progrès significatifs" tandis que Maros Sefcovic a salué "l'orientation et l'engagement clairs" donnés par Londres en vue d'arriver à "un compromis sur toutes les questions sur la table".
 
Selon l'agence Bloomberg, le gouvernement britannique envisage de renoncer aux dispositions controversées d'un projet de loi qui lui permettrait de passer outre certaines mesures du traité, et ce, en violation du droit international, afin de faciliter les négociations.

Le projet de loi compte également de nombreux détracteurs au Royaume-Uni, pour lesquels il met à mal la crédibilité de la parole britannique sur la scène internationale.

Dernières critiques en date, une tribune des archevêques britanniques dans le Financial Times lundi a souligné les "énormes" conséquences "morales", "politiques" et "légales" qu'aurait ce "précédent désastreux". Le texte doit être examiné lundi et mardi à la chambre des Lords. L'épreuve s'annonce plus difficile qu'à la Chambre des communes, où il a franchi sans difficulté les premiers obstacles.
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