Une manifestation contre le pacte de l'ONU sur les migrations, à l'appel d'un collectif d'organisations d'extrême droite, pourra finalement avoir lieu ce dimanche à Bruxelles, après l'annulation de son interdiction par le Conseil d'Etat belge.
Les autorités avaient pris la décision rare d'interdire cette manifestation par crainte d'incidents. "Il est hors de question de laisser une marche brune se dérouler à Bruxelles", avaient fait valoir le bourgmestre (le maire) Philippe Close et Rudi Vervoort, le ministre-président de la région Bruxelles-Capitale.
Mais le Conseil d'Etat "a ordonné la suspension" de cette interdiction, dans un arrêt rendu dans la nuit de vendredi à samedi, dans le cadre d'une procédure en
urgence lancée par l'un des organisateurs. "Il a été notamment jugé que la restriction ainsi mise à la liberté de manifester n'était pas, à première vue, fondée sur des motifs suffisants", a estimé l'institution, selon un communiqué publié sur son site internet.
Une manifestation soutenue par des organisations identitaires flamandes
Les craintes des autorités sont notamment liées au fait que des dizaines d'associations avaient prévu une contre-manifestation pour s'opposer à la "Marche contre Marrakech", un nom choisi en référence à la ville marocaine où un Pacte de l'ONU sur les migrations a été adopté lundi par plus de 150 pays dont la Belgique.
La manifestation contre ce pacte controversé est soutenue par les jeunes du Vlaams Belang (extrême droite) et une dizaine d'autres organisations de la mouvance identitaire, principalement flamande. Prenant acte de la décision du Conseil d'Etat, les autorités de Bruxelles ont prévenu samedi dans un communiqué qu'elles ne tolèreraient "aucun débordement" dimanche.
Un gouvernement sans majorité au Parlement
Le pacte mondial sur les migrations recense des principes, comme la défense des droits de l'homme et des enfants, et liste différentes options de coopération,
comme les échanges d'information et d'expertises ou l'intégration des migrants. Il prône l'interdiction des détentions arbitraires.
Malgré son caractère non contraignant, ce pacte a provoqué une crise au sein du gouvernement belge. Dimanche dernier, les ministres nationalistes flamands de la
N-VA ont quitté le gouvernement dirigé par le libéral francophone Charles Michel, car ils refusaient de s'associer au soutien de la Belgique à ce texte.
A cinq mois et demi des élections législatives, M. Michel est désormais à la tête d'un gouvernement sans majorité au Parlement. Plusieurs partis d'opposition ont
réclamé un vote de confiance à la Chambre des députés pour juger de la capacité du gouvernement à poursuivre son travail.