Calais : l'arme brandie lors d'une altercation entre pro et anti-migrants n'était pas factice

L'arme brandie par Gaël Rougemont, samedi, en marge d'une manifestation de migrants à Calais, n'était pas factice selon le parquet de Boulogne-sur-mer. Le jeune homme, pris à parti chez lui avec son père par des migrants et leurs soutiens, est proche de l'extrême-droite radicale.

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La vidéo a fait le tour des médias depuis samedi. Elle a été filmée en marge de la manifestation de soutien aux migrants qui s'est déroulée à Calais samedi dernier. On y voit une violente altercation entre des migrants, des militants d'extrême-gauche arborant des drapeaux du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) et de la CNT (Confédération Nationale du Travail, syndicat révolutionnaire d'influence anarchiste) et deux habitants de Calais postés devant leur maison. Il s'agit de David Rougemont et de son fils Gaël. Les insultes pleuvent, les deux hommes reçoivent des projectiles. Gaël Rougemont se réfugie dans son domicile et en sort avec un fusil, menaçant les assaillants.


David Rougemont avait été placé en garde à vue et son fils auditionné. Selon eux, l'arme brandie par Gaël était factice. "C’était juste un fusil d’airsoft même pas chargé", assurait le père à 20Minutes. Mais après vérification des enquêteurs, l'arme présentée aux policiers n'était pas la même que celle avec laquelle Gaël Rougemont a menacé les migrants et leurs soutiens. "Ce n'était pas une arme factice", a déclaré ce mercredi matin Jean-Pierre Valensi, procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, confirmant une information de La Voix du Nord. "Une seconde arme a été saisie, il s’agit d’un fusil de chasse", a ajouté le magistrat en fin d'après-midi à 20Minutes. "Pour l’instant, il n’y a pas de poursuites car j’attends que les policiers me communiquent la procédure. J’examinerai les faits avec le recul nécessaire et déciderai ensuite s’il y a lieu d’engager des poursuites."

Des versions qui s'opposent

Que s'est-il exactement passé ce samedi ? La famille Rougemont accuse les "No Border", militants d'extrême-gauche soutenant les migrants, d'avoir déclenché les hostilités. "Ils m’ont sûrement reconnu parce que je fais toutes les manifs, ils m’en veulent personnellement", a expliqué le père, David, qui dit faire partie avec son fils des groupes anti-migrants "Calaisiens en colère" et "Sauvons Calais"

Gaspard Glanz, l'auteur de la vidéo diffusée par l'agence Taranis News, tient une autre version. "La manifestation ne passait pas par cette rue, mais au croisement, ce monsieur leur a fait des doigts d’honneur, il les a traités de bougnoules en leur disant de retourner dans la jungle", a-t-il raconté au site Arrêt sur Images. "Il était devant chez lui pour les provoquer. Nous, on était au milieu de la manif. Une partie du cortège s’est alors dirigée vers cette personne et c’est là que j’ai déclenché ma caméra". "Quand nous sommes passés, ils attendaient déjà à l’extérieur de leur maison", confirme Laurent Maameri, sympathisant NPA, à La Voix du Nord. "Ils ont commencé à provoquer les réfugiés. Nous avons passé la consigne de ne pas leur répondre. Mais au milieu du cortège, quelques personnes sont allées vers eux. Ce n’étaient pas des antifas mais des réfugiés."

Extrême-droite radicale

Gaël Rougemont n'est pas un inconnu pour les militants d'extrême-gauche. Le site antifasciste La Horde l'accuse, photos à l'appui, de sympathies néo-nazies. On voit en effet le jeune homme aux côtés d'un individu arborant un t-shirt NSDAP, le parti national-socialiste d'Adolf Hitler. Sur un autre cliché, il prend également la pose devant un drapeau "SS". "Il dit qu’il n’est plus d’extrême droite et de toute façon, le délit d’opinion n’existe plus en France dès lors que ce n’est pas négationniste", a expliqué le procureur de Boulogne-sur-Mer à 20Minutes. Pourtant sur son compte Facebook (désactivé ce mercredi), Gaël Rougemont aime plusieurs pages de l'extrême-droite radicale, comme "Tous unis pour une Révolution Nationale" ou celle du Mouvement d'Action Sociale (MAS), un groupuscule néo-fasciste qui a tenu un meeting commun le 22 novembre dernier à Nanterre, en région parisienne, avec les néo-nazis grecs d'Aube Dorée. Des militants du MAS s'affichent lors des manifestations du groupe anti-migrants "Les Calaisiens en Colère", qui se dit pourtant "apolitique".


"Sauvons Calais" - un autre groupe anti-migrants auxquels les Rougemont père et fils se réfèrent - a pour porte-parole un certain Kevin Reche, dont le tatouage représentant une croix gammée avait déclenché une polémique.  

Depuis la mise en ligne de la vidéo de l'altercation, des groupes se sont créés sur Facebook pour soutenir David et Gaël Rougemont. Une "cagnotte" est même organisée sur le site Leetchi pour "couvrir les frais de justice (avocat, déplacements) en cas de poursuite de David ou Gaël". Elle a déjà permis de collecter plus de 4000 euros. Les deux hommes ont également reçu les soutiens de plusieurs personnalités politiques, parmi lesquelles le député FN Gilbert Collard mais aussi le président des Républicains, Nicolas Sarkozy. Lors d'une séance de dédicaces à Strasbourg mardi, l'ancien chef de l'Etat a évoqué une vidéo "bouleversante", décrivant un homme "encerclé chez lui, dans son jardin". "Que devient l'Etat quand on assiste à une telle violence ? Je n'accepterai pas que des personnes en situation irrégulière se permettent de violer l'ordre public sur le territoire de la République française", a dit l'ex-président.
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