Calais : un migrant tué lors de rixes dans la "Jungle"

L'homme âgé de 37 ans était Ethiopien, selon la préfecture du Pas-de-Calais. 

Un migrant éthiopien a été tué et six migrants éthiopiens et érythréens ont été blessés lors de rixes dans la nuit de lundi à mardi aux abords de la "Jungle" de Calais, a-t-on appris auprès de la préfecture du Pas-de-Calais.

Deux rixes ont éclaté "à proximité du camp opposant des migrants africains (Soudanais, Erythréens, Ethiopiens) et afghans", lors desquelles des coups de couteau et de bâton ont été échangés, faisant un mort et six blessés dont un grave, a rapporté à l'AFP un porte-parole de la préfecture.

Le migrant éthiopien décédé, âgé de 37 ans, a été transporté à l'hôpital de Calais par un militant de No Border (collectif prônant l'abolition des frontières), a précisé cette souce.

Il s'agit du premier tué au cours d'une rixe entre migrants depuis la formation de la "Jungle" au printemps 2015. Le 26 mai, des affrontements entre Afghans et Soudanais avaient fait 40 blessés.

Une première rixe, vers 1h15, a fait quatre blessés éthiopiens et érythréens dont un grave ; une deuxième, peu avant 4h00, a fait deux blessés érythréens. Toutes les blessures sont la conséquence de coups de couteau ou de coups de bâtons.

Des CRS sont intervenus plusieurs fois, a affirmé une source policière, qui a également fait état, comme souvent, d'une trentaine de barrages posés dans la nuit sur la rocade portuaire et l'autoroute A16 par des migrants souhaitant monter dans des camions.

©France 3 Lille

Explosion de la "cocotte-minute"

Le drame intervient dans un climat de tensions accrues observé par plusieurs associations ces dernières semaines. "C'est la conséquence de la fermeture des restaurants, qui perturbe l'équilibre instable du camp", a estimé Christian Salomé, président de "L'Auberge des migrants".

La semaine dernière, les autorités avaient, au cours de trois jours de contrôle dans la "Jungle", fermé 62 commerces et restaurants informels, et placé 18 de leurs propriétaires en garde à vue. L'objectif annoncé était de freiner la prolifération de ces lieux de vente, centraux dans la vie sociale de la "Jungle", mais qui selon l'Etat "génèrent des troubles à l'ordre public et entretiennent une économie souterraine".

"Le réfugié de guerre a l'habitude de courber le dos et d'aller plus loin. Mais cette violence intériorisée risque de ressortir sous une autre forme, entre eux", avait mis en garde Christian Salomé à l'issue de cette opération. Dès le démantèlement de la partie sud de la "Jungle", en mars, de nombreux militants associatifs avaient averti que la concentration extrême des migrants sur la partie nord, exacerbée par l'augmentation continue de leur nombre, produirait un effet "cocotte-minute" débouchant nécessairement sur une explosion.

Plusieurs associations ont récemment fait part d'une augmentation des agressions, des vols, et de l'insalubrité avec notamment l'omniprésence des rats. Les tentes sont redevenues la règle car il est désormais interdit de fournir des cabanons aux migrants.

"Jeu du chat et de la souris"

Presque chaque nuit, un jeu du chat et de la souris a lieu sur la rocade portuaire entre des migrants organisés qui posent des barrages pour stopper les poids lourds en partance vers l'Angleterre afin de s'y cacher et les CRS. Les forces de l'ordre sont débordées et en sous-effectif, clame le secrétaire
SGP-FO de la police aux frontières à Calais, Gilles Debove. Samedi, il dénonçait le départ d'une compagnie de CRS (70 hommes), réduisant leur nombre à huit et demi.

Environ 4.500 migrants selon les autorités et 7.000 selon les associations vivent dans la "Jungle" de Calais, dans l'espoir de rejoindre l'Angleterre.
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