Tous les commerces informels de la "Jungle" de Calais ont été contrôlés par les autorités et 18 personnes ont été placées en garde à vue, soupçonnées de "vente à la sauvette", a indiqué jeudi la préfecture du Pas-de-Calais.
Au total, au cours des trois derniers jours, 62 commerces ou restaurants ont été contrôlés dans le calme, "19 individus ont été interpellés dont 18 placés en garde à vue, 42 procédures judiciaires ont été réalisées avec saisie et destruction de plus de 30m3 de marchandises diverses dont 19kg de produits avariés", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Débutées mardi, ces opérations de contrôle menées par des agents de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), sous la protection d'un important dispositif policier, entendaient freiner la prolifération de ces lieux de vente "qui génèrent des troubles à l'ordre public et entretiennent une économie souterraine". Des cannettes, boîtes de conserve ou encore téléphones portables y étaient proposés à la vente. Il était aussi possible de se restaurer dans plusieurs restaurants, comme à "Welcome" tenu par Ali, un Afghan de 26 ans, qui proposait des plats dès deux euros ou un thé dès 50 centimes d'euros.
"Vendeurs à la sauvette"
Pour la préfecture, "ces vendeurs à la sauvette" exerçaient "une activité paracommerciale sur le domaine public sans aucune autorisation et dans des conditions sanitaires et de sécurité" insuffisantes. C'était la première fois qu'une action à grande échelle était menée contre ces commerces, des lieux indéniables de sociabilisation qui ont fleuri depuis la formation de la "Jungle" au printemps 2015. Ils s'attirent régulièrement de vives critiques des commerçants de Calais, qui dénoncent une concurrence déloyale. Certaines de ces petites boutiques ont également été fermées et pourront prochainement "être détruites", avait avancé la préfète Fabienne Buccio mardi."Les services de police auront une vigilance accrue pour éviter l'implantation de nouveaux lieux de vente", a précisé jeudi la préfecture. Celle-ci a martelé à plusieurs reprises qu'il ne "s'agissait en rien d'un démantèlement" du plus grand bidonville de France: "c'est une étape importante mais qui n'engage peut-être pas l'avenir" et "rien n'est encore fixé à ce jour", avait expliqué Mme Buccio.
Cette opération coïncide en tout cas avec l'annonce le 11 juillet de la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, d'un démantèlement "très prochain" de la zone nord, information non démentie par la préfecture. Une étape qui s'annoncerait autrement délicate, au vu du nombre de migrants vivant au total sur ce secteur: entre 4.500 selon la préfecture et plus de 7.000 selon des associations.