Depuis avril 2014, un centre social du Quartier St Roch à Cambrai a relancé un réseau de visiteurs bénévoles à domicile. Objectif : sortir des personnes de l'isolement. L'expérience a fait ses preuves, et permet de tisser des liens précieux et de redonner le sourire.
Claudine Cambay attend toujours avec impatience la visite hebdomadaire de celle qui est devenue son amie depuis 2 ans. "Catherine m'apporte une présence, j'ai été seule pendant longtemps, précise cette retraitée de 72 ans, c'est mon rayon de soleil, quand elle vient, je saute comme une puce en l'attendant! "Les deux femmes échangent volontiers trois heures durant sur les difficultés professionnelles de leurs enfants respectifs ou sur les petits problèmes du quotidien. Claudine fait partie des retraités ayant reçu pour la première fois un avis d'imposition pour la taxe d'habitation. C'est Catherine qui l'accompagne dans les démarches auprès de la Trésorerie. "C'est un temps convivial qui m'apporte aussi beaucoup, Claudine est une amie", précise la bénévole.
"On a pu s'apercevoir que les visiteurs pouvaient être des donneurs d'alerte"
Depuis avril 2014, le centre social St Roch de Cambrai a relancé un réseau de visiteurs bénévoles à domicile dont fait partie Catherine. Le principe est simple : demander à des habitants volontaires de passer une heure ou plus s'ils le souhaitent auprès de personnes isolées une fois par semaine, et pas forcément âgées. "On a pu s'apercevoir que les visiteurs pouvaient être des donneurs d'alerte", précise David Oliveira, animateur de quartier au centre social Saint-Roch. Le réseau ne compte pour l'instant qu'une dizaine de bénévoles pour autant de personnes visitées.Dans son appartement de l’allée Saint-Roch à Cambrai, Jeanine Cornille vit seule. Veuve, son fils est décédé en décembre dernier. « Mon petit-fils est en Chine. Il est venu une fois me voir », raconte cette dame de 85 ans, à l’accent belge. C’est auprès des bénévoles du centre social Saint-Roch qu’elle trouve une sorte de nouvelle famille. « Elle est toujours aussi coquette (…) la coiffeuse vient cet après-midi », sourit Jacqueline Boulant, de vingt ans sa cadette. Chaque mercredi cette bénévole rend visite à celle qui est devenue « son amie».
« Le réseau de visite a permis de donner l’alerte ce jour-là »
« Je suis à la retraite et je n’aime pas rester à ne rien faire alors je m’occupe des personnes âgées », précise la Cambrésienne. Auparavant, les deux femmes participaient aux activités du club des aînés, seulement il y a près d’un an, Jeanine a été victime d’un ulcère, lequel l’a clouée sur un lit d’hôpital. « Le réseau de visite a permis de donner l’alerte ce jour-là », explique David Oliveira, médiateur au centre social Saint-Roch, et coordinateur du réseau de visiteurs.Depuis sa sortie, Jeanine a perdu en autonomie et ne sort plus vraiment. En dehors des professionnels de santé, de l’aide à domicile, Jacqueline et les autres visiteurs constituent l’essentiel des contacts de Jeanine. « Je lave le linge, je m’occupe de quelques courses lorsque ce n’est pas trop lourd, sinon j’appelle David. » Mais au-delà de l’assistance, il s’agit surtout de remonter le moral, de discuter, tout en anticipant les ruptures et les pertes d’autonomie liées au vieillissement.
Comme Jacqueline, huit visiteurs se rendent régulièrement chez des personnes isolées. « Le réseau existait auparavant, mais il s’est essoufflé. Les bénévoles étaient esseulés. Cinq ou six ans après, nous l’avons remis en place car on nous a demandé de le faire. Il y avait une attente », ajoute le médiateur. La structure est d’ailleurs à la recherche de nouveaux bénévoles. « Certains travaillent, parfois dans le milieu hospitalier, d’autres sont à la retraite. Une fois le lien établi, chacun gère selon ses disponibilités. Rien n’est figé. »
Un travail de repérage compliqué
Comment repère-t-on les personnes à visiter ? « Nous travaillons avec d’autres structures comme le CLIC ou le CCAS pour détecter les situations d’isolement et déterminer les personnes à visiter », précise David Oliveira, médiateur au centre social Saint-Roch. Le coordinateur du réseau de visiteurs à domicile le reconnaît « le travail de repérage est compliqué sans porte d’entrée ».Alors pour pouvoir repérer les personnes seules, le médiateur compte également sur la bienveillance des Cambrésiens. « Un voisin qui se rend compte que sa voisine est seule peut prévenir le centre social. Qui mieux que les habitants peuvent détecter ces situations ? » Depuis avril 2014, et le retour du réseau de visiteurs à domicile, huit personnes sont visitées chaque semaine. « Ce sont en majorité des personnes âgées, mais l’isolement n’est pas forcément une question d’âge, ça envahit toutes les générations. Je pense aux familles monoparentales par exemple. Nous ne sommes pas fermés à cette condition d’âge », conclut le médiateur.