Après plus de 17h de nage au départ de l’Angleterre, l’aventurier Arnaud Chassery a traversé la Manche, avec une arrivée sur les côtes françaises dans la nuit de lundi à mardi. Mais à cause d’une blessure au bras, il n’a pas pu repartir pour effectuer l’aller-retour.
"Pour arriver, j’ai pris le temps de choisir un beau rocher", plaisante Arnaud Chassery depuis la terre ferme - fraîchement retrouvée après sa traversée de la Manche. L’aventurier de 45 ans, qui a parcouru 70 kilomètres à la nage, en 17 heures, raconte : "C’était un aboutissement, un moment très fort que je n’oublierai jamais. J’étais content pour moi et pour mon équipe parce que c’était une aventure humaine. C’est ça qu’on retient, ce n’est pas la réussite."
Car le défi initial qu’Arnaud Chassery s’était lancé n’a pas pu aboutir. Lui qui souhaitait réaliser une traversée aller-retour de la Manche a dû se rendre à l’évidence et poser le pied sur les côtes françaises, à 23 heures lundi 11 juillet.
"À 14 heures de nage je me voyais encore arriver et repartir dans l’autre sens, mais subitement mon épaule m’a lâché, j’ai été pris de tremblements incontrôlés", témoigne le nageur. "Mon bras tremble encore, je ne peux pas prendre le téléphone, c’est Quentin qui le tient", ajoute-t-il en décrivant la situation.
Quentin Furic, photo-reporter présent sur le bateau qui l’accompagnait, ajoute aussitôt : "Et à chaque fois qu’Arnaud reparle de sa traversée, son bras se remet à trembler !". Malgré la frustration de cette victoire en demi-teinte, son ami partage sa fierté : "Il aura fait preuve d’un mental d'acier en allant puiser en lui pour trouver des ressources."
Trois heures de nage à un bras
Et pour cause. Le bras gauche inerte, mais sans aucune douleur ressentie, l’aventurier a continué à nager pendant près de trois heures, avec son bras droit. "Ma main aussi était inerte. Je l’avais même bloquée dans mon maillot parce qu’elle me gênait", rapporte-t-il. Pour tenir, il confie avoir pensé à ses proches et surtout à ces jeunes en situation de handicap de l’Académie Philippe Croizon, avec qui il avait réalisé une traversée Tahiti-Moorea. Durant celle-ci, afin de nager à leur vitesse, il n’avait utilisé qu’un bras pendant plus de sept heures.
Sur les cinq traversées, c’était la plus compliquée. Je n’étais pas fatigué, j’aurais pu continuer, donc je suis évidemment déçu, mais je suis tellement heureux d’avoir réalisé cette traversée.
Mais, alors qu’il se trouvait à 500 mètres des côtes, la météo a rajouté des difficultés. Avec un fort courant et des vagues de plus d’un mètre l’empêchant d’avancer, l’arrêt de la traversée a même été envisagé par les organisateurs. Finalement, Arnaud a poursuivi sa nage sur le dos, avec son ami Nino Fraguela présent à ses côtés, dans l’eau, pour les derniers mètres. Il sera resté au total une heure et demie tout près de l’arrivée, sans pouvoir y accéder. "Sur les cinq traversées, c’était la plus compliquée. Je n’étais pas fatigué, j’aurais pu continuer, donc je suis évidemment déçu, mais je suis tellement heureux d’avoir réalisé cette traversée", explique-t-il.
Cet aller simple, pour sa compagne Cindy Le Falher, permet justement de montrer qu’il est "un modèle de détermination et d’abnégation. Il va avoir de magnifiques choses à transmettre et partager", se réjouit-elle. C’est justement le souhait d’Arnaud, partager son vécu et ses aventures lors de conférences et de rencontres, notamment en établissement scolaires ou dans le cadre de son projet EnVIE de Sens. Un documentaire sur cette traversée est également prévu : "On pourra y transmettre des valeurs qui nous sont chères. Beaucoup de choses vont émaner de cette traversée", s’émeut-il : "Ce sera encore plus riche que si j’avais réussi, parce que lorsqu’on fait un two-way, qui peut s’identifier à ça ?"