Le rapport est accablant pour les socialistes du Nord. La chambre régionale des comptes a épluché les années de gestion socialistes à la tête du département. Les magistrats pointent du doigt une explosion des dépenses. Les élus concernés minimisent.
Le président du Conseil Départemental du Nord Jean-René Lecerf s'est montré ce lundi "implacable" avec ses prédécesseurs. Il a rendu public un rapport qui dénonce ce qu'il appelle "la dérive" des présidents PS qui ont occupé son fauteuil : Bernard Derosier jusqu'en 2011 ; Patrick Kanner jusqu'en 2014 ; Didier Manier jusqu'en 2015. Cette année là, la dette du Nord atteint 1,4 milliards. Elle a augmenté de 17% en cinq ans. "C'est le seul reproche que je leur ferais, explique Jean-René Lecerf. C'est de ne pas avoir réduit la voilure de manière suffisamment importante pour donner le temps au département de s'adapter au nouveau contexte des collectivités territoriales."
Ce rapport émane de la Chambre Régionale des Comptes. Sur le RSA - autre exemple - il dénonce "l'explosion des dépenses" : de 466 à 650 millions en six ans. Du coup, des milliers d'allocataires entrent dans le dispositif sans jamais être accompagné et contrôlé ; le rapport les appelle "les allocataires perdus". Manoeuvre politique répondent les intéressés. "Sur le plan financier, je ne regrette rien, affirme Patrick Kanner, ancien président (PS) du Conseil Départemental du Nord. J'ai porté cette ambition pour le département du Nord. J'espère qu'elle ne sera pas trop cassée dans les années à venir."
La majorité actuelle a en tout cas décidé de beaucoup communiqué sur ce rapport de la Chambre régionale des Comptes. Elle a notamment publié de nombreuses infographies sur Twitter reprenant les principales remarques : sur le temps de travail et les congés "du Président", sur la dette, sur les charges de fonctionnement.
Didier Manier, autre ancien président PS, conteste certaines des analyses du rapport qui sont selon lui, "des appréciations politiques". Mais la Chambre Régionale des Comptes, théoriquement, ne fait pas de politique ; c'est une juridiction indépendante. Et ce qu'elle dit, aujourd'hui, c'est que le département ne peut plus auto-financer ses projets et qu'il mettra plus de dix ans à se désendetter.