Les conséquences heureuses du confinement sur la hausse du jardinage en Picardie

D’après un sondage réalisé par le site de vente en ligne de végétaux Promesse de Fleurs, 10% des répondants déclarent avoir démarré un potager pour la première fois pendant le confinement. Une tendance qui se vérifie en Picardie. 

Le grincement de la porte en acier verte suffit à attirer l'attention des deux retraités affairés au milieu des plants de pommes de terre. Arrosoir à la main, Mme Nassah et son époux s'occupent de leur parcelle dns les jardins familiaux d’Amiens nord.

Depuis deux ans, ils cultivent oignons, haricots verts, coriandre et autres légumes. Et la récolte est bonne. Avec les enfants et les petits-enfants, douze personnes profitent de cette manne végétale. "Et je peux même en donner à des amis quand j’en ai trop", se réjouit Mme Nassah. "Je suis sûre que mes légumes sont bons et bio. C’est nous qui les cultivons et on sait comment", ajoute-t-elle avec un brin de fierté.

"C’est ça en moins à acheter, c’est sûr, mais c’est surtout un plaisir d’être là au plein air", explique son mari en montrant le ciel un peu gris de ce début d’après-midi et d’où tombent quelques gouttes de pluie. Pas de quoi le décourager, "il faut bien que ça tombe, les légumes en ont besoin".

Une hausse des demandes de parcelles cultivables

Comme ce couple amiénois, nombreux sont les jardiniers amateurs à ne pas avoir attendu le confinement pour profiter des jardins familiaux, ouvriers ou partagés présents dans toute la Picardie. Mais depuis le mois d’avril,  la tendance est à l’augmentation des demandes. À Amiens, cette hausse est de 15%, soit une à deux nouvelles sollicitations par jour.

Même constat dans l’Oise. Bernard Leroy, président de la section Saint-Quentin des jardins familiaux de Beauvais, en est témoin. La ville dispose de 1 200 parcelles et près de 300 demandes sont en attente aujourd’hui, contre environ 200 avant le confinement.

"Ce qui m’a agréablement surpris, c’est que les demandes viennent de jeunes et plus seulement de retraités qui veulent occuper leur temps libre" constate-t-il. Pour lui, "les gens refont du jardin par nécessité".

"Sur une parcelle de 250 m² bien gérée, on peut récolter jusqu’à 1 500 euros de légumes par an. Pour une cotisation de 40 euros, semences incluses, vous voyez les économies réalisées. [...] Et puis les gens se rendent compte qu’on mange plus sainement quand on cultive ses propres légumes."

"Je n’ai jamais vu ça en 25 ans"

Après la porte du potager qui grince, direction les portes automatiques d’une grande enseigne de jardinerie à Amiens. L’ouverture s’est faite dans le silence mais les exclamations du gérant résonnent dans le magasin :
"je n’ai jamais vu ça en 25 ans !" Les ventes de végétaux ont doublé au mois d’avril par rapport à l’an dernier. "Quand le gouvernement a autorisé la vente de plants potagers début avril, on a vu arriver des gens qui n’avaient jamais rien fait pousser et qui voulaient profiter de leur bout de jardin et de leur temps libre pour cultiver des légumes."

Dans les allées, Carine et Patricia hésitent entre le thym et le basilic. "Je cultive des légumes chez moi depuis longtemps mais là j’avais besoin d’aromatiques" précise Patricia, "mais Carine se refait un carré de légumes". Et son amie de confirmer : "Je cultivais il y a quelques années, depuis j’ai déménagé mais le confinement m’a redonné l’envie et le temps de refaire pousser des légumes.

Aux serres de la croisette à Flavy dans l’Aisne, le gérant Thibault Brasset pensait perdre sa production de plants quand le confinement a été instauré. Pour limiter les pertes, il n’avait pas remis en semis ses aubergines ni ses tomates. Mais début avril, la demande a là aussi été deux fois plus forte qu’en temps normal. Alors même si les légumes les plus longs à pousser risquent de se faire plus rares, Thibault Brasset compte sur les légumes à croissance rapide comme les courgettes et les salades pour continuer à alimenter cette engouement pour le jardinage.

Une tendance durable ?

Si beaucoup de voix s’élèvent pour modifier nos modes de consommation, l’auto-production de légumes suit pleinement cette tendance. Chacun y trouve son compte, de l’envie de bien manger aux gains économiques réalisés. Et si les personnes rencontrées aujourd'hui se félicitent de cette conséquence du confinement, elles espèrent surtout que les habitudes survivront au retour à la normale.
L'actualité "Nature" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité