Avec plus de 300 points de passages, la frontière entre la Belgique et la France reste un immense "gruyère", mais les forces de police des deux pays y ont quand même renforcé leur dispositif depuis les attentats de Bruxelles.
A Neuville-en-Ferrain (Nord), une petite ville d'un peu plus de 10 000 habitants qui longe l'autoroute A22 reliant Lille à Gand, sept policiers français et quatre de leurs homologues belges, certains tenant en laisse des chiens renifleurs, procédaient ainsi ce jeudi matin à des contrôles aléatoires. Environ une voiture sur 20 devait se garer sur le bas-côté pour des vérifications d'identité, en pleine artère commerçante du centre-ville. L'opération - qui s'est terminée en début d'après-midi - se déroulait toutefois dans le calme et la compréhension des automobilistes: "c'est normal qu'ils fassent cela, avec tout ce qui s'est passé !", estimait par exemple Luc, un Français travaillant en Belgique.
Les contrôles à la frontière "mis en place dès la Cop 21 puis renforcés avec les attentats en France" ont bien été intensifiés depuis mardi et les attentats de Bruxelles, mais seulement deux points de passage sur les plus de 300 sont contrôlés jour et nuit, a indiqué jeudi Patricio Martin, directeur de la police aux frontières (PAF) pour la zone Nord, présent à Neuville-en-Ferrain lors de cette action qui semble pour beaucoup viser à rassurer la population. Le patron de la PAF assure cependant que c'est ce type de contrôle effectué par les "patrouilles mobiles", associé au travail de renseignement, qui permet de ferrer les "gros poissons". Côté belge, en tout cas, l'opération ne paraît pas relever de l'extraordinaire: "Notre action est presque quotidienne sur ce poste-là. Ces dispositifs sont normaux", explique Christine Noterdeam, commissaire divisionnaire à Mouscron.
Seules les entrées en France contrôlées
En termes d'effectifs, une centaine de policiers de la PAF aidés de quelque 400 CRS des forces mobiles sont à présent déployés tout le long de la frontière, a précisé M. Martin. Ils étaient près de 300 après les attentats de novembre, avait indiqué la préfecture du Nord. Interrogé sur l'efficacité réelle du dispositif en raison de la multitude des sites de passage, M. Martin a répondu: "Nous sommes conscients des nombreux passages existant, mais nous tenons les 14 principaux points, dits "Schengen" et nous comptons beaucoup sur les contrôles aléatoires".Sur ces 14 points, dont celui de Neuville-en-Ferrain, seuls deux - à Rekkem près de Lille, sur l'A22, et à Saint-Aybert vers Valenciennes sur l'A2 - sont contrôlés 24 heures sur 24, seulement dans le sens Belgique-France. Au poste de Rekkem, un bouchon de 4 kilomètres s'était ainsi formé ce jeudi matin, dans lequel se trouvaient majoritairement des poids lourds. La circulation n'était pas bloquée et huit policiers effectuaient un contrôle visuel des passagers. "Vu que la France a repris le contrôle de sa frontière (depuis l'instauration de l'état d'urgence, ndlr), on contrôle seulement les entrées", note M. Martin. Il admet cependant que ces gros points de contrôles n'ont pas seulement pour objectif de combattre le terrorisme. De fait, depuis le 13 novembre, ils ont "permis d'arrêter beaucoup de trafiquants de stupéfiants".