Créé le 18 mars sur Facebook, Mask Attack - Couturier.e.s et Soignant.e.s Solidaires ! met en relation les professionnels qui cherchent des masques avec des couturières bénévoles dans toute la France. Face à la demande, le collectif recrute de petites mains.
"On ne pensait jamais qu'on fédérerait autant de monde". Au téléphone, Sidonie Groignet, l'une des sept administratices du collectif Mask Attack - Couturier.e.s et Soignant.e.s Solidaires !, parle vite. "On a tellement de trucs à penser, s'excuse-t-elle au téléphone. Trouver du tissu, l'acheminer, répondre aux questions techniques..." Car depuis sa création le 18 mars, le collectif qu'elle contribue à gérer n'a cessé de prendre de l'ampleur. Sur Facebook, Mask Attack - Couturier.e.s et Soignant.e.s Solidaires ! compte aujourd'hui près de 9 500 membres.
Mettre en relation couturières et demandeurs
"Le but de ce groupe, c'est d'être un lieu où les professionnels qui ont besoin de masques sont mis en relation avec des couturières bénévoles qui vont les leur coudre. On s'occupe aussi de fournir la matière première et de la faire acheminer vers les couturières", explique Sidonie, styliste-modéliste pendant 10 ans près d'Amiens. Dans le groupe Facebook, des soignants mais aussi des caissières, des boulangers, des directeurs d'Ehpad ou des auxiliaires de vie font part de leur besoin chiffré. Les administratrices contactent alors des couturières situées dans la même zone."Les besoins en masques sont énormes. Et on manque de couturières partout en France. Dans les Hauts-de-France, on a de grosses commandes à Hem, Airaines, Longueau, Moreuil, Villers-Bretonneux,Warloy-Baillon et Bray-sur-Somme. On cherche des couturières dans ces secteurs", détaille celle qui, bien que couturière à ses heures perdues, n'a même pas le temps d'enfiler une aiguille.
Des masques aux normes
Une des administratrices a d'ailleurs reçu une commande de 700 masques. "Ça, c'est ce qu'on nous a demandé. Mais elle va devoir en faire plus : on a fixé la durée de vie de nos masques à 3 heures et non 4 heures. Ça fait donc 4 masques par personne pour une journée."Un gros travail est également fait sur les patrons et les tutos à partir desquels sont fabriqués les masques pour qu'ils soient au norme : "à l’origine, le tout premier patron provenait du CHU de Grenoble, explique Sidonie. Mais nous mettons à jour quotidiennement les patronnages et les tutos en fonction des dernières recommandations de l’ANSM et celles de l’AFNOR."
Dispatcher la matière dans toute la France
Pour les matières, toutes proviennent de dons : "nous démarchons des grossistes, des entreprises de confection pour qu'ils nous donnent du tissu, du fil, de l'élastique. On prend tout tant que c'est du coton 145gr. Là, par exemple, j'attends des fournitures d'une entreprise anglaise et j'ai 50 mètres de coton chez moi qui doivent partir chez des couturières, raconte Sidonie. Le matériel part dans toute la France grâce à des transporteurs qui nous aident gratuitement : on profite de leur trajet pour mettre nos colis dans leur camion. On envoie aussi par la Poste". À Paris, le tissu est livré gracieusement par des motos-taxis.Le collectif est par ailleurs très attentif à la sécurité de ses couturières : "elles ne se déplacent pas pour livrer leur poduction. Ce sont les demandeurs qui viennent les récupérer chez elles. Et on insiste pour qu'il n'y ait aucun contact : les masques sont déposés dans un sac à leur porte au jour et à l'heure convenue".
Sidonie tient à préciser : "nos masques en tissu ne remplacent en aucun cas les masques certifiés CE, FFP1, FFP2, ETC. Ils servent uniquement à éviter le contact main / bouche "inconscient" et évitent les grosses projections; rien d'autre. "
Mask attack a besoin de couturières également en Dordogne, dans la région niçoise et en Ile-de-France. "Je ne peux pas vous dire combien de masques toutes nos couturières ont déjà fabriqué. Tout ce que je sais, c'est que la demande explose".