Coronavirus. Fourmies, Isbergues, Paris-Roubaix... Les courses cyclistes nordistes auront-elles lieu cette année ?

Alors que les coureurs cyclistes français s’apprêtent à reprendre  l’entraînement sur route dès le 11 mai, l’incertitude plane toujours sur le calendrier de fin de saison, une saison qui pourrait reprendre le 1er août pour s’achever fin novembre.

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Seules dates officialisées à ce jour : celles du Tour de France, reporté du 29 août au 20 septembre. L’Union Cycliste Internationale (UCI) travaille activement à l’élaboration d’un calendrier compliqué, où elle veut replacer les autres grands tours, plus les classiques qui n’ont pu se disputer au printemps. Mais qu’en est-il des autres courses, hors World Tour, prévues à cette époque ? Plusieurs épreuves sportives sont concernées. Les organisateurs se posent beaucoup de questions.

Après avoir confirmé le 15 avril , en accord avec Amaury Sport Organisation (ASO), le report de la Grande Boucle à la fin de l’été, l’UCI devrait présenter ce nouveau calendrier vers la mi-mai. Peut-être…

Les organisateurs du Grand Prix de Fourmies, de celui d’Isbergues et de l’Eurométropole Tour eux ont déjà une date : celle prévue dans le calendrier d’origine. Et ils s’y tiennent. Tous les trois tomberont pendant le Tour de France, qui monopolisera les media, s’il a bien lieu, en fonction de l’évolution de la pandémie.
    

Fourmies attend le dernier moment    
                         

Pour Fourmies, ce sera le 13 septembre ; une date qui avait déjà changé puisque ces dernières années, la semi-classique de l’Avesnois se déroulait le 1è dimanche de septembre.

Pour Jacques Thibaux, cette nouvelle date ne change rien, même avec la concurrence du Tour. "Nous n’avons pas le même type de coureurs ", rappelle justement le président du comité d’organisation du GPF. "Au Tour, il y aura essentiellement des grimpeurs. Nous, nous attirons des routiers-sprinters, qui ne seront pas sur la Grande Boucle où il y aura cette année très peu d’arrivées au sprint ».

Fourmies pourrait même récupérer des coureurs de qualité, à cause de l’annulation probable des Grand Prix du Québec et de Montréal. Les déplacements aériens devraient être encore bloqués cet été. Le GPF veut conserver cette date mais sans s’engager plus avant. "Pour l’instant, nous ne bougeons pas », confie Jacques Thibaux. "Pas question d’engager des frais tant qu’il y aura des incertitudes sur la reprise de la saison. Nous nous donnons jusqu’au 25 juillet pour prendre une décision qui engage des subventions publiques et des fonds privés ». Cette décision sera prise conjointement avec la mairie de Fourmies, principal partenaire de l’épreuve.

Les organisateurs fourmisiens veulent être sûrs que les conditions sanitaires permettront de faire la course en public, avec les animations prévues autour, comme le traditionnel Salon des entreprises.

La question de la retransmission télévisée pèse moins. Ces dernières années, la course était diffusée en direct sur France 3 Hauts-de-France et Eurosport. Avec le Tour de France, ce direct TV est très compromis. Ce sera peut-être un poste d’économie car la retransmission coûte quand même 80 000 euros. "Dans ce cas, nous n’aurions qu’un dispositif allégé, afin que les spectateurs présents sur la ligne d’arrivée puissent quand même suivre la course sur écran géant », confirme Jacques Thibaux.

Pour le montage financier, l’organisateur préfère attendre aussi. "Je reprendrai mon téléphone en juin pour relancer les partenaires. Au niveau des partenaires privés, nous n’avons qu’un gros sponsor, le Crédit Mutuel ; les autres étant des commerçants qui risquent de connaître des difficultés économiques et qui ne pourront peut-être pas donner en cette année de crise sans précédent. S’il le faut, nous réduirons le budget en diminuant le nombre d’équipes. Au lieu de 25, nous pouvons les ramener à 20 ». L’engagement d’une équipe représentant en moyenne 4000 euros, cela représenterait une économie globale de 20 000 euros, pas négligeable en ces temps difficiles.

« Nous avons de toutes façons l’habitude de souffrir », conclut Jacques Thibaux, pour qui la course ne pourra être organisée que si elle conserve son caractère festif et populaire. Pas de huis clos donc.


L’Eurométropole Tour pessimiste                             

La veille du Grand Prix de Fourmies est prévu l’Eurométropole Tour. La semi-classique wallonne est toujours fixée au samedi 12 septembre, au départ de la Louvière pour un circuit final autour de Tournai. L’ex-circuit franco-belge avait déjà réduit la voilure en 2016, en passant d’une course par étapes de quatre jours, à une course d’un jour, pour des raisons économiques. Louis Cousaert, le président du Gazeau Club de Templeuve, affirme conserver cette date pour organiser la course où l’on pourrait retrouver les mêmes coureurs qu’à Fourmies le lendemain.
 
« Comme nous sommes classés en Proséries (NDLR : qui rassemble les courses internationales en dehors du circuit World Tour), nous sommes prioritaires sur cette date. Mais il devient urgent que l’UCI confirme cette date car il nous faut quatre mois pour préparer la course. A cause du confinement imposé également en Belgique, nous ne pouvons pas effectuer les repérages et fixer le parcours. Nous connaissons déjà les équipes invitées. Mais il faudra confirmer en fonction du calendrier. Quant au sponsoring, nous n’avons pas de réponse ».

La course wallonne pourrait constituer une bonne préparation pour les Championnats du Monde (normalement fixés du 20 au 27 septembre) et les classiques à venir. Les organisateurs pourraient, comme Fourmies, bénéficier de l’annulation des courses canadiennes et du report du Tour de Grande-Bretagne.

Quant à la retransmission télévisée, elle pourrait quand même avoir lieu, malgré la concurrence du Tour. » Je suis prêt dans ce cas à retarder le départ, faire une course de 200km pour une arrivée vers 18h15. La diffusion de la fin de la course suivrait ainsi celle du Tour de France ». Ces dernières années, la RTBF, Canvas et Eurosport assuraient ce direct.

Malgré tout, Louis Cousaert se dit « pessimiste » pour la fin de saison. "Rien ne dit que l’épidémie aura reculée. Nous n’avons aucune nouvelle du côté de la fédération belge. Même le Tour de France n’est pas sûr de se tenir. Je ne serai pas surpris que la saison s’arrête là », confie l’organisateur tournaisien, qui se dit quand même prêt à envisager une autre date, « si l’opportunité se présente ».


Isbergues se tient prêt


Le Grand Prix d’Isbergues est l’épreuve qui subirait le plus la concurrence du Tour de France, puisqu’il est planifié le 20 septembre, jour de l’arrivée sur les Champs-Elysées. Une concurrence qui n’en est pas vraiment une,  et qui n’inquiète pas trop Jean-Claude Willems.
«  Nous n’avons jamais eu un plateau comparable à celui du Tour », déclare le président du comité d’organisation. "Comme nous ne sommes pas classés en Proséries, nous n’étions même pas sûr d’avoir des équipes World Tour » (à part les équipes françaises, qui disputent la Coupe de France). Le GPI pourrait même récupérer des coureurs venus préparer les classiques automnales. "Dix sept équipes avaient signé pour l’édition 2020, avant la crise ».

C’est pourquoi Jean-Claude Willems se dit raisonnablement optimiste, malgré les incertitudes liées au budget. "Vu le contexte économique,ce sera difficile d’avoir des partenaires privés. Mais s’il le faut, nous pourrons opérer des coupes budgétaires, en réduisant le parcours ; par exemple ne plus aller dans le Ternois. Ou en gagnant sur le le recours à la gendarmerie pour la sécurité ». La course féminine prévue avant pourrait aussi en pâtir.
Mais une certitude quand même, la course ne pourra pas se dérouler à huis clos. "Comment voulez-vous empêcher les gens d’aller dans la côte d’Estrée-Blanche voir passer les coureurs ? »


Le Grand Prix des Marbriers plus relevé ?


Autre classique du calendrier nordiste : le Grand Prix des Marbriers, à Bellignies. Cette course en circuit se déroule traditionnellement le dernier mardi du mois d’août, au moment de la ducasse. La 60è édition est prévue le 25 août, quelques jours avant le départ du Tour de France. Pas de concurrence donc, d’autant que la course de l’Avesnois ne joue pas dans la même catégorie.

Alain Chandelier, qui organise aussi le Grand Prix de Bavay deux jours auparavant, espère la maintenir. Mais lui aussi se pose des questions. « Est-ce que l’épidémie aura reculé ? Je crains malheureusement une 2è vague après le déconfinement ».

Autre inconnue : le déplacement des équipes. Comme Lillers ou Pérenchies (annulé cette année), Bellignies est une course internationale qui mêle des équipes continentales comme Roubaix Lille Métropole ou Saint-Michel Auber’, des clubs de 1è division, mais aussi des sélections internationales venues préparer les championnats du monde sur un circuit exigeant. Ces sélections viennent souvent de plusieurs continents. «  Est-ce que fin août, les frontières seront de nouveau ouvertes, et les transports aériens auront-ils repris ? »  C’est la question que se pose Alain Chandelier, qui se prépare à revoir son plateau.

Avec la refonte du calendrier, il peut en contrepartie espérer l’engagement d’équipes continentales pro (la 2è division du cyclisme internationale) privées de Tour de France, comme Wanty-Gobert. Mais il faudra aussi pour cela boucler le budget. «  Nous avons beaucoup de petits partenaires qui connaissent de grosses difficultés économiques et qui ne pourront peut-être pas s’engager cette année ».

 

Paris-Roubaix le 25 octobre ?


En début d’année, le Grand Prix Samyn, à Dour le 3 mars, et le Grand Prix de Lillers le 8 mars, avaient pu se dérouler avant que la saison ne soit brutalement interrompue le 14 mars à l’occasion d’une édition écourtée de Paris-Nice, où des mesures de huis clos avaient été instaurées par ASO.
 Les Quatre Jours de Dunkerque ont, dès la fin mars, annulé leur édition 2020. les organisateurs régionaux attendent désormais la sortie du calendrier UCI complètement chamboulé.

En Belgique, un pays où le vélo est une religion, des dates circulent déjà et la RTBF , notamment,  les a relayé le 25 avril. La saison reprendrait le 1è août avec les Strade Bianche. Les 5 " monuments "  seraient replacés le 8 août pour Milan- San Remo ; le 4 octobre pour Liège-Bastogne-Liège ; le 18 pour le Tour des Flandres ; le 25 pour Paris-Roubaix. Le Tour de Lombardie serait repoussé au 31 octobre.

De même, après le Tour de France, celui d’Italie (le Giro) se déroulerait en octobre, et le Tour d’Espagne (la Vuelta) en novembre, dans un format raccourci, sans grand départ à Utrecht… aux Pays-Bas.

La Flèche Wallonne pourrait avoir lieu le 30 septembre et Gand-Wevelgem le 11 octobre, juste après l’Amstel Gold Race.
Toutes ces dates d’un calendrier surchargé restent à confirmer par le président de l’UCI, le Breton David Lappartient, dans les prochaines semaines. Mais saura-t-on pour autant où en sera la pandémie début août ?

 
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