Pour aider les centres équestres à surmonter la crise économique liée à l'épidémie de covid-19, le gouvernement a mis en place une aide spécifique d'un montant maximal de 3 600 euros. Un coup de pouce bienvenu pour ces structures dont le chiffre d'affaires a nettement baissé à cause du confinement.
"Je n'ai pas encore estimé mes pertes, mais c'est énorme." Comme pour beaucoup de centres équestres, le directeur de l'école d'équitation de Lamorlaye dans l'Oise accuse le coup. "Plus de cours, plus de stages, plus de sorties... Cela a été très dur", confie Jean-Robert Balanger.
D'autant que la structure n'accueille que très peu de chevaux de propriétaires en pension. Elle compte donc majoritairement sur les activités d'animation et d'enseignement. "Je n'ai pas pu faire appel au chômage partiel parce que j'avais besoin de mes employés pour s'occuper des chevaux, mais heureusement mes clients m'ont acheté des forfaits à l'avance", explique-t-il.
Le directeur indique aussi avoir reçu plusieurs aides, notamment les 1 500 euros du fonds de solidarité prévu pour les entreprises touchées par la crise. "Les 1500 euros ce n'est pas énorme, mais il faut reconnaître que cela m'a aidé et je vais postuler à celle qui est spécifique aux centres équestres. Je dois être éligible."
120 euros par équidé dans la limite de 30
En effet, le gouvernement a récemment mis en place un dispositif d’aide exceptionnelle pour les centres équestres et les poneys clubs recevant du public. Un décret paru le 19 juin dernier précise les critères éligibilité. Cette aide s'adresse aux structures professionnelles pratiquant des activités physiques et sportives. Cela représente 120 euros par équidé dont le centre a la charge exclusive."Je trouve que c'est pas mal, parce que c'est là-dessus qu'il fallait cibler. Ce sont les chevaux qui sont à notre charge qui nous coûtent le plus", indique Elise Magnier, directrice des écuries de Belloy-sur-Somme.
L'aide est limitée à 30 équidés, cela représente donc un maximum de 3 600 euros par centre équestre. "C'est une bonne chose je pense, cela va nous faire du bien, enchérit Mathieu Viges directeur du centre équestre de Bertaucourt dans l'Aisne. Nous, on a une trentaine de chevaux d'instruction, donc c'est quasiment un mois et demi de granulés pour les chevaux. Cela ne comble pas la perte financière, mais c'est un très bon geste de la part du gouvernement."
Des pertes conséquentes
Comme beaucoup d'entreprises, les centres équestres doivent désormais remonter la pente. "Cela a été une catastrophe au niveau économique. Nous, on a perdu 50% de notre chiffre d'affaires en mars, 80% en avril et 50% en mai", affirme Fleur Maugars-Henry, gérante des Écuries du Rocher situées à Sainte-Croix dans l'Aisne.
L'aide des 1500 euros c'était bien, mais ça couvre à peine la paille et le foin
"Ce qui nous a fait le plus mal, c'est les vacances d'avril, on a perdu 5 000 euros qu'on ne pourra pas rattraper... Cela fait au total 14 000 euros sur deux mois. L'aide des 1 500 euros, c'était bien mais ça couvre à peine la paille et le foin", ajoute Clément Buire, directeur du cercle hippique du Doullennais situé à Beauval dans la Somme.
Sans les pensions, réglées par les propriétaires de chevaux, plusieurs centres équestres expliquent que la situation aurait pu être très compliquée. "Moi, j'ai la chance d'avoir une cinquantaine de chevaux de propriétaires sur la structure et durant le confinement j'en ai gardé entre 30 et 40 donc cela m'a permis de tenir", affirme Mathieu Viges.
Mais le plus dur reste à venir pour Fleur Maugars-Henry. "L'hiver, ce sont des mois déficitaires. Les chevaux sont à l'intérieur, il y a plus de frais et moins de rentrées d'argent. Au printemps, c'est l'inverse, ce sont les mois où les coûts de fonctionnement sont plus bas. Les chevaux sont en extérieur, il y a moins de litière, moins d'aliments et plus de rentrées d'argent avec les stages et les promenades. Malheureusement, avec le confinement, on a perdu tout ça... Donc l'hiver prochain risque d'être rude."
Gérer la reprise
Depuis le 11 mai, les centres équestres ont pu rouvrir. Beaucoup assurent ne pas avoir perdu leur clientèle, au rendez-vous dès les premiers jours du déconfinement. Si certains clubs ont repris tout de suite, d'autres ont attendu de pouvoir mettre en place toutes les consignes de sécurité. "On a reçu le protocole le 11 mai au soir, donc on a mis une semaine pour se préparer et on a rouvert le 18. Il y avait beaucoup de choses à installer", affirme Elise Magnier."On a dû vraiment composer, confirme Fleur Maugars-Henry. Déjà, on ne pouvait pas accueillir les cavaliers débutants jusqu'au 22 juin. On ne pouvait pas ouvrir le manège couvert, ce qui est très contraignant pour nous car les petits niveaux ont l'habitude de monter dans une zone fermée. Au départ on ne devait être que 10 sur le site, même si on était en extérieur ! C'était très bizarre, mais on s'est dit on ne va pas se plaindre, déjà on a le droit de rouvrir", sourit-elle.
"Sans compter les espaces de 5 à 10 mètres à respecter pour les cavaliers... On a aussi décalé nos cours d'une demie heure pour nettoyer les selles, les rênes... C'est beaucoup de choses à prendre en compte mais c'est important de le faire bien", poursuit-elle.
Pour ce qui est de l'été, les clubs hippiques ne peuvent plus compter sur les colonies ni les centres de loisirs. Certains ont choisi de rester ouverts comme le centre équestre de Bertaucourt. "D'habitude on ferme au mois d'août mais là on a gardé les cours tout l'été, les clients sont demandeurs. Beaucoup ne partent pas en vacances, donc cela va permettre de nous rattraper un peu", explique Mathieu Viges.
D'autres pensent le contraire et sont un peu plus inquiets. "Je pense que les gens vont beaucoup partir en vacances, donc le mois d'août sera un peu vide, mais c'est comme chaque année. Je reste confiant pour la rentrée, on a même pas mal de nouveaux clients alors que ce n'est pas la période", conclut Jean-Robert Balanger.