On compte plus de 300 centres équestres en Picardie. Comme ailleurs, le confinement lié à la pandémie de coronavirus y entraîne des changements drastiques. Des mesures d’urgence à adapter au bien-être des chevaux.
Aux Ecuries de Belloy, il reste une trentaine de chevaux contre une quarantaine habituellement. En temps normal, les chevaux profitent des cours d’équitation ou de la présence de leur propriétaire pour sortir de leur box. Mais depuis mardi, confinement oblige, il n'y a que deux personnes pour s'occuper d'eux.
La préoccupation principale est de les faire sortir, de les emmener à la pâture. "Des chevaux qui ne sortent pas sont souvent énervés, donc dangereux, explique Elise Magnier, directrice des Ecuries de Belloy. Ils peuvent développer des coliques ou d’autres pathologies. Alors on les sort tous les jours, sauf le dimanche, et on s'adapte en leur donnant du foin plutôt que des granulés ce jour-là." Une friandise pour compenser la frustration.
Pour Corinne Pruvot, gérante du Centre Equestre de Saveuse, "c’est important parce qu’il faut les maintenir en forme, qu’on les entretienne. On ne peut pas arrêter le travail d’un cheval sans perdre le travail de toute une année."
"Pour les chevaux c’est les vacances"
"Pour les chevaux, c’est les vacances : ils sont en pâture", ajoute Elise Magnier. Mais pour les employés, c’est plus de labeur. Ils doivent nourrir les chevaux, les sortir, pailler et faire les fumiers, comme d’habitude ; mais aussi couvrir ceux qui sont tondus et qui ne peuvent rester en permanence dehors, faire les soins, curer les pieds, faire les exercices. Ces responsabilités reviennent en temps normal aux propriétaires. "Des prestations qu’on pourrait facturer habituellement, mais on ne le fera pas vues les circonstances", ajoute-t-elle.Disposer de pâture est un luxe que tous les centres ne possèdent pas. C’est la solidarité du village qui a permis au centre équestre de Saveuse de veiller au bien-être des chevaux. Il emprunte les pâtures des voisins. Pour les autres, la chambre d’agriculture des Hauts-de-France lance un appel auprès des propriétaires de prairies que vous pouvez retrouver ici.
Solutions d’urgence
Même si la mise en pâture des chevaux est la solution d’urgence adoptée pour assurer leur bien-être, elle aura des conséquences dans les mois à venir. "C’est très tôt, explique Chloé Pierron, gérante du cercle hippique du Doullennais. Si le confinement se prolonge l’herbe sera beaucoup moins riche en juillet-août."Cet été, il n’y aura plus d’herbe
Constat partagé par Michelle Lheureux, directrice du poney club d’Amiens : "Cet été, il n’y aura plus d’herbe parce que les chevaux qui sont sortis mangent l’herbe qui pousse." Il faudra donc envisager des compléments alimentaires pour nourrir les animaux, du foin et des granulés.
Conséquences économiques
Des coûts supplémentaires qui viendront s’ajouter aux pertes des pensions et des revenus des cours d’équitation. Pour Chloé Pierron, qui n’a plus qu’une quinzaine de chevaux sur la cinquantaine en temps normal, "avec des pensions réglées au mois, ce sera le mois d’avril, le plus difficile à passer financièrement. On attend de savoir combien de temps ça va durer."Dans l'intervalle, "on s’avance sur les travaux du printemps et sur la désinfection des locaux, en espérant que les gens ne prennent pas trop de vacances cet été et viennent au centre." Et pour garder le contact avec les propriétaires, Elise Magnier a créé un groupe Messenger. "Pour certains, leurs chevaux, c’est leurs enfants, assure-t-elle. La coupure est compliquée." Elle partagera des photos pour rassurer les "parents".