Un gérant de pompes funèbres nordiste propose, gratuitement, de filmer les enterrements et de les diffuser en direct sur une chaîne YouTube dédiée. Objectif : qu'un maximum de proches du défunt puissent être connectés, en même temps, pour lui rendre un dernier hommage.
"On essaie de se réinventer", explique Alexandre Dancoisne, gérant de pompes funèbres à Fâches-Thumesnil et à Templeuve-en-Pévèle. Son idée ? Diffuser un enterrement en direct sur YouTube. "On le fait bien pour des messes !", se justifie-t-il. Le Nordiste fait partie du réseau national "Le choix funéraire". Il a pu constater que plusieurs confrères proposaient aux familles de filmer les enterrements et d'envoyer ensuite un fichier. "L'idée est bien, mais ce n'est pas la même sensation que d'y être. Quand on regarde un site de vacances, ce n'est pas pareil si on est rentré. Pour moi, il fallait que ce soit du live."
Il faut dire qu'avec la crise du Covid-19, la réglementation impose désormais un maximum de 20 personnes dans l’église, équipe paroissiale et agents des pompes funèbres compris. "Si les gens ne peuvent plus venir aux cérémonies, affirme Alexandre, qui a repris les pompes funèbres fondées par son grand-père en 1955, c'est le lieu de cérémonie qui doit se déplacer jusqu'à eux."
Vivre le moment en direct, avec la famille
Dans la Somme, une entreprise de pompes funèbres filme déjà les cérémonies et ne les diffuse pas sur YouTube, mais via un lien Internet privé. "Cette épidémie a volé leur deuil aux familles, constate Alexandre. J'ai décidé de filmer les funérailles pour pouvoir leur rendre ce deuil, et en direct, c'était très important pour que tous les proches puissent vivre ce moment en même temps." Et il tenait à ce que ce soit gratuit, c'est pour ça qu'il a créé une chaîne YouTube. "Sinon, le seul moyen de faire du direct c'était via les réseaux sociaux. Or, chez les gens d'un certain âge, tout le monde n'a pas forcément un compte Facebook ou Instagram."
C'est Alexandre qui filme lui-même les cérémonies. "On demande bien sûr aux familles ce qu'elles en pensent, jusqu'ici elles ont toujours dit oui. J'en ai filmé quatre, déjà." Risque-t-on, ensuite, de tomber sur un enterrement en ligne en surfant ? "Ce n'est pas sur le programme télé, non plus, rassure Alexandre. Une fois le direct terminé, nous rebasculons la vidéo en privé, et transmettons le lien à la famille. Ainsi elle peut l'envoyer à qui elle veut, famille éloignée, amis, voisins..."
Alexandre Dancoisne est à la tête de deux agences, et neuf employés. Jusqu'ici, ils ont été peu confrontés à des cas de Covid. "Strasbourg, Paris, Compiègne, là c'est compliqué. On a une semaine de décalage paraît-il..." Pour la première cérémonie filmée, il s'agissait d'une personne décédée du coronavirus. "Le corps a été mis en bière immédiatement, sans pouvoir être vu par la famille. La veuve du défunt était seule sur place le jour de l'enterrement." Mais grâce à Alexandre, toute la famille a pu l'accompagner... virtuellement.