Coronavirus : les pompiers des Hauts-de-France attendent "la vague"

En soutien aux ambulanciers, les pompiers des Hauts-de-France prennent leur part dans l’urgence sanitaire du moment, avec chaque jour le transport de malades ou de cas suspects de Covid-19. Pas encore submergés, ils se préparent au pire.

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Dans certaines casernes, la vie tourne au ralenti. Comme partout, les effectifs ont été réduits autant que possible, les personnels administratifs travaillent depuis chez eux. Les sirènes restent parfois silencieuses de longues heures, les pompiers sortent moins.

Moins de circulation, moins de malaises ou d’accidents sur la voie publique, le nombre d’interventions a chuté avec le confinement, jusqu’à 30% en moins dans la Somme par exemple. Même constat l’Oise il y a un mois, mais ce n’est plus le cas. Avec les clusters de Crépy-en-Valois et de la base militaire de Creil, les pompiers isariens ont vu les premières vagues du tsunami arriver. Ils vivent depuis la fin février au rythme de l’épidémie.

"En février, on avait 3 ambulances dédiées pour transporter les cas suspects. Puis, nous sommes passés progressivement à 5, à 8… aujourd’hui, en avril, nous en avons 14 chaque jour qui ne font que ça." Depuis la fin du mois de février, Nicolas Mougin et les pompiers de l’Oise constatent l’explosion du nombre de cas. Les appels au 18 ne faiblissent pas, le patron de la communication dans du Sdis de l’Oise détaille : "Il y a encore des feux, encore des accidents sur les routes, mais nous voyons bien que le secours à personne a pris le pas sur tout le reste". Autrement dit : les transports de personne suspectées d’être atteintes du Covid-19 de leur domicile vers un établissement hospitalier.
 

 

Dans l’Oise, une trentaine d’interventions chaque jour

Car les pompiers prennent leur part dans l’urgence sanitaire du moment. Normalement, lorsque des symptômes apparaissent et que vous contactez le Samu, en fonction de votre état, un médecin peut vous envoyer une ambulance. Vous serez ensuite pris en charge à l’hôpital. Mais lorsque les équipes du Samu sont débordées, ou trop loin d’un patient à transférer, le "15" peut faire appel aux pompiers, et à leurs "VSAV".

C’est même devenu la norme dans l’Oise. "Les deux tiers des transports de malades sont faits par les pompiers aujourd’hui", d’après Luc Corack, directeur départemental du Sdis 60. Depuis la mise en place de la "cellule de suivi des opérations", le 26 février, il y a eu une montée en puissance qui suit la courbe du nombre de cas dans le département. Depuis la toute fin du mois de mars, les VSAV de l’Oise réalisent une trentaine d’interventions "covid" chaque jour.

Dans la Somme, on attend encore la vague

C’est trois fois plus que dans la Somme. Là aussi, les pompiers se sont réorganisés. Depuis trois semaines, il règne un calme étrange dans la caserne Jean-Catelas d’Amiens, la plus active du département en temps normal. Le confinement a produit ses effets, les interventions se font plus rares. Dans la Somme, comme dans le Nord, pas de véhicules dédiés. "Chaque caserne est équipée de kits de protection et peut intervenir. Un appel peut nous amener à nous déplacer dans n’importe quel point de notre secteur, tout le monde doit se tenir prêt à enfiler la tenue" explique Jean-Baptiste Rapenne, de la cellule "covid-19" des pompiers de la Somme.

Depuis deux semaines, le chiffre est constant dans ce département, cela correspond à une dizaine d’interventions chaque jour. Pour à chaque fois, le même rituel. Les équipes "covid" se déplacent par trois. Un pompier reste à l’avant, il conduit et communique avec le Samu. À l’arrière, les deux autres sont entièrement équipés, ce sont eux qui vont prendre en charge le patient, du domicile, jusqu’à l’hôpital, avec ces kits complets (masques, surblouses, gants et lunettes), comme vous pouvez le voir sur cette vidéo.
 



Des interventions tout sauf anodines

Pas de lance à incendie, pas de blessures ou de personnes à réanimer… En théorie, ces missions peuvent paraître sans risque. Sauf que le virus est très contagieux, chaque véhicule est donc soigneusement désinfecté, avant et après chaque sortie. L’opération est fastidieuse, selon Nicolas Mougin, chaque intervention sur des cas suspects dure environ 3 heures : "Il faut préparer le véhicule, s’équiper, se déplacer au domicile, puis le ‘15’ nous communique l’hôpital où il y a une place disponible, puis il faut rentrer et désinfecter le véhicule pour qu’il soit de nouveau prêt." Au début, ces interventions pouvaient même durer jusqu’à 7 heures, lorsque pompiers et hôpitaux tâtonnaient encore pour prendre en charge et répartir les malades.

   

L’union sacrée

D’ordinaire, les "secours à personne" font polémique. Ils sont même au cœur d’un long conflit entre les pompiers et les hôpitaux. Ces dernières années, les hommes du feu ont haussé le ton, lassés de "jouer les brancardiers". Lors d’un appel au Samu, on peut vous envoyer un smur ou une ambulance privée. C’est la règle. Sauf que, trop souvent selon eux, les pompiers ont été appelés à la rescousse. Les hôpitaux doivent leur payer ces missions, sauf qu’ils ne le font pas toujours. Laissant une dette, estimée par les pompiers, de 10 millions d’euros chaque année dans les cinq départements des Hauts-de-France.

Mais, depuis le début de la crise, c’est l’union sacrée. Du côté de la direction, comme des syndicats. "L’époque n’est plus à la polémique, abonde Jean-Charles Quevillon, représentant FO dans le Nord. Les soignants, les ambulanciers ont besoin de nous, il faut répondre présent et montrer notre unité." En témoigne cette vidéo, à l’initiative des Sapeurs-pompiers de France, et où les pompiers de Hauts-de-France sont en bonne place. 
 


 
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