Les annulations d'événements se multiplient dans le Nord et surtout le Pas-de-Calais. Les critères d'annulation sont-ils clairs ?
Quels sont les critères qui président à l'annulation ou non d'un événement ? Qui décide ?
La seule règle officielle, c’est "Pas de rassemblement de plus de 5 000 personnes". Exemple : dans le cas du Trail de la Côte d’Opale (annulé ce mercredi), le nombre de coureurs devait être inférieur cette année et le protocole sanitaire proposé était très strict. Mais le préfet du Pas-de-Calais a quand même décidé l’annulation en dernière minute.Argument : le fameux taux d’incidence (nombre de contaminations pour 100 000 habitants) a triplé en l’espace de quelques jours dans le département. Il a du coup décidé l’annulation de tous les événements jugés non indispensables.
Ce sont les préfectures ou sous-préfectures qui ont autorité pour l'annulation de tous les gros événements à l'échelle des départements ou des arrondissements.Autre cas de figure, à Arras, c’est la mairie qui a décidé d’annuler le marché de Noël. Parfois, ce sont aussi les organisateurs qui jettent l’éponge, soit parce qu’ils craignent pour leur responsabilité, soit parce que les contraintes demandées par les municipalités sont trop fortes.
Les règles sont-elles claires et transparentes ?
Certaines règles ne semblent pas claires selon certains organisateurs et conduisent à une désagréable impression de deux poids, deux mesures.. « On marche sur la tête. On interdit le trail de la Côte d’Opale. Alors pourquoi Le Tour de France et ses milliers de spectateurs à l’arrivée ? Pourquoi le Puy du Fou et sa jauge portée à 9000 personnes cet été ? Pourquoi le foot et ses 5000 spectateurs autorisés ? Là où il y a l’argent et les passe-droits, c’est maintenu. On a vraiment l’impression de deux poids deux mesures », explique Philippe Lefebvre, organisateur du Nord Trail des Monts de Flandres. Et d’évoquer aussi le concert de Tryo le week-end dernier. 4500 spectateurs à Bailleul à l’occasion de la nuit du houblon.« Laissez-nous courir » lit-on sur la page facebook du trail flamand. Philippe Lefebvre assure que son événement programmé le week-end du 26 et 27 septembre sera maintenu coûte que coûte et sauf obligation des autorités à l’annuler. Il s’agit déjà d’une reprogrammation puisque le Nordtrail aurait dû initialement se tenir en avril, en plein confinement.« On croise les doigts et on ira jusqu’au bout », affirme l’organisateur, qui établit en lien avec la protection civile un protocole sanitaire rigoureux.
Les 4000 coureurs inscrits seront invités à se faire tester sur place le samedi au moment de la récupération des dossards, et auront le résultat avant le départ de la course le dimanche. Les départs seront échelonnés par vagues de 6h à 10h40 pour éviter les gros regroupements.
Les coureurs devront être masqués au départ, à l’arrivée et sur les points de ravitaillements, où tous les bénévoles seront équipés de visières.
« Nous allons bien au-delà des recommandations du protocole déjà très strict imposé par le gouvernement. Laissez-nous courir et prouver que nous pouvons garantir un événement en toute sécurité. »
« Le risque est beaucoup plus grand dans un magasin. Nous avons l’impression que le sport n’est pas prioritaire et qu’on est en train de sabrer toute une économie », regrette l’organisateur de ce trail, qui a déjà subi des pertes avec le report d’avril en septembre, et qui n’est pas sûr que son jeune événement –c’est sa troisième édition cette année – puisse survivre à une annulation.
Certains organisateurs prennent aussi la décision d’annuler, par peur de porter la responsabilité en cas de cluster, ou parce que les contraintes qui leur sont imposées par les municipalités sont trop fortes.
Stéphane Coucke, artiste pochoiriste, organisateur de l’événement L’Artelier, qui devait se tenir ce week-end à Hellemmes. Il devait réunir une vingtaine d’artistes, des DJ, la chanteuse belge B-Astre etc…Lundi, la mairie lui demande de réduire le nombre de personnes maxi en simultané sur le site à 50 personnes (en plus du barriérage et des sens de circulation, du gel hydroalcoolique et de la prise de noms et coordonnées des visiteurs). Mardi : protocole durci = 30 personnes maxi. Puis mardi soir, on lui demande de réduire sa jauge à 10 personnes maximum, le tout sans DJ, sans chanteuse, sans buvette. Il a pris la décision d’annuler : « J’étais dans l’impossibilité d’organiser un événement public digne de ce nom avec les contraintes qui m’étaient imposées », regrette-il. Il promet d’organiser un autre événement lorsque les contraintes sanitaires seront levées. Lui aussi déplore l’absence de clarté et de cohérence des annulations.
En face, la préfecture du Nord récuse le deux poids, deux mesures, face à une infinité de situations. Elle fait appel à la responsabilité de chacun pour lutter contre le virus…
Même type de réponse de la Préfecture du Pas-de-Calais : "La préfecture, en lien constant avec les collectivités et les organisateurs des événements concernés, a multiplié les messages de vigilance. Face à la détérioration importante de la situation sanitaire, les organisateurs sont fortement incités à faire preuve de bon sens et à ne pas maintenir des événements susceptibles de mettre en danger la population.