Covid-19. Le Tour de Wallonie à huis clos, un modèle applicable au Tour de France ?

La saison cycliste vient de repartir en Belgique avec le 41e Tour de Wallonie. Disputée en 4 étapes, cette épreuve relevée a pu se maintenir au calendrier en se soumettant à des normes sanitaires très strictes. Mais le huis clos, c’est une première. 
 

Christophe Brandt et les organisateurs du Tour de Wallonie ont poussé un ouf de soulagement quand le peloton est parti de Soignies, dans le Brabant Wallon, ce dimanche matin. Car ils ont connu bien des vicissitudes pour organiser leur course.

Initialement prévue du 18 au 21 juillet, elle a d’abord dû être déplacée du 16 au 19 août quand le calendrier a été totalement recomposé par l’Union cycliste internationale (UCI) à cause de la pandémie de Covid-19.

Il a fallu ensuite pallier au désistement de Ath et Tubize ; deux villes-étapes inquiètes face au rebond du coronavirus en Belgique, et qui ont été heureusement suppléées par les communes hennuyères de Templeuve (arrivée de la première étape), et Frasnes-lez-Anvaingt (départ de la 2è étape).

Et comme si les réglementations sanitaires sévères de l’UCI ne suffisaient pas, la région wallonne et le Conseil national de sécurité ont demandé aux organisateurs que la course se déroule à huis clos ! Impensable pour un sport de plein air disputé sur 750 km de routes ouvertes durant quatre jours.

Un village désert, et des coureurs sous surveillance

C’est pourtant ce qu’il a fallu faire pour avoir l’autorisation de courir. A Frasnes-lez-Anvaingt, ville de départ de la deuxième étape de ce lundi 17 août, le décor résume ce qu’est un huis clos cycliste. Le traditionnel village VIP est bien là, mais quasiment désert. Pas de buffet comme les années précédentes.
La cérémonie protocolaire de présentation des équipes a bien lieu sur un podium mais sans spectateurs. Par dérision, le coureur allemand Marcel Sieberg lève les bras comme pour haranguer cette foule… absente.

Tous les coureurs sont masqués. Ils ne signent même pas la feuille d’émargement, pour éviter d’employer un stylo. Un commissaire note simplement leur présence quand ils montent sur le podium. Le speaker les présentent très rapidement, pour les suiveurs et rares invités présents.

Juste avant, leur température a été relevée. Ils sont arrivés une heure avant pour rejoindre le parking des équipes, désormais interdit d’accès, même pour les journalistes.
Tous les accès sont filtrés. Le gel hydro-alcoolique est omniprésent. Seuls les gens accrédités, ou porteurs d’un bracelet d’invité, sont admis par les rares policiers présents devant la ligne de départ.

Comme l’exige déjà l’UCI sur toutes les courses, les engagés n’ont pas le droit de faire de selfies ni de signer des autographes.

Des parcours tenus secrets

Et c’est devant une poignée de personnes dispersées autour du rond-point, que le peloton prend le départ fictif, pour une étape de 172 km vers Wavre, la ville de Walibi dans le Brabant Wallon. La course a certainement paru longue aux coureurs, car le huis clos est également appliqué tout au long du parcours.

Comment ? Seuls les riverains dont les habitations se trouvent sur le tracé peuvent assister à la course, sur le pas de leur porte, le masque sur le visage. Pas question de se déplacer, et encore moins de se rendre sur un passage stratégique comme un mont ou un sprint, sous peine d’écoper d’une amende. Pour éviter que le public afflue sur ces routes vallonnées et très rurales, l’organisation a décidé de ne pas publier les itinéraires, horaires et le parcours exact que les coureurs empruntent. Seuls les suiveurs accrédités ont droit au roadbook détaillée. Même les media sont invités à ne pas les divulguer.

Les amateurs de cyclisme devront suivre la course devant leur téléviseur, avec la RTBF, Sporza et Eurosport comme diffuseurs officiels. L’un d’entre eux nous confie : "avec ce huis clos, le gouvernement est allé trop loin. Comment voulez-vous contrôler la présence du public tout au long du parcours ? Il y a deux poids deux mesures quand on voit le public présent sur le Critérium du Dauphiné Libéré".

Visiblement, la Belgique veut minimiser au maximum les risques d’une nouvelle crise sanitaire, vu le grand nombre de courses (re)programmées durant trois mois en Wallonie comme en Flandre.

Un modèle pour le Tour de France ?

D’ailleurs, la même inquiétude surgit du côté du Tour de France, dont le départ sera donné à Nice le 22 août. Le huis clos fait partie des hypothèses étudiées par les organisateurs d’ASO. Dans ce cas, le Tour de Wallonie est suivi de près par le monde cycliste comme "laboratoire-test".

Les coureurs, déjà heureux de retrouver la compétition après cinq mois de coupure, s’habituent à ces routes vides de spectateurs. Ainsi qu’à porter un masque avant le départ et après l’arrivée de chaque course.

Une arrivée où la cérémonie protocolaire est également réduite au strict minimum. Les lauréats du jour retirent ainsi directement leur trophée sur le podium. Pas de miss ni d’élus pour leur remettre le bouquet de fleurs.

Les régionaux Florian Sénéchal, Adrien Petit et Arnaud Démarre (vainqueur au sprint de la deuxième étape lundi) participent à cette épreuve inédite dans sa forme, qui préfigure peut-être ce que sera (provisoirement seulement on l’espère), le cyclisme "d’après…"
 
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