Un épidémiologiste se bat pour faire passer l'idée que nous sommes loin d'une deuxième vague de Covid-19.
C'est un courbe, une simple forme qui, à elle seule, pourrait bien résumer à elle seule la situation actuelle du coronavirus en France et le paradoxe des chiffres trompeurs. Elle a été réalisée par Public Heath Expertise, une entreprise dirigée par le Docteur Martin Blachier, lancée en 2012 à Lille Eurasanté. Elle décrit le nombre quotidien de cas de Covid-19 depuis le mois de mars. Pas avec les statistiques officielles seulement mais avec une modélisation, c'est-à-dire, avec une extrapolation mathématique.
La France réalisait entre 5 et 20 000 tests par jour en mars/avril (chiffres issus d'estimations car la France a eu du mal à compter ces tests dans les premiers mois). Aujourd'hui, on en est à 70/80 000 par jour. Les chiffres de mars-avril ne sont donc pas du tout comparables à ceux de juillet-août.
La forme de la courbe amène selon l'épidémiologiste à une conclusion simple : malgré l'apparence trompeuse des chiffres, le virus circule beaucoup moins qu'en mars-avril. "On est plutôt au niveau de janvier actuellement. Pas de panique donc mais si on ne fait rien, en novembre-décembre, on peut avoir un pic. Il faut agir maintenant pour éviter que dans deux-trois mois, on soit dans cette situation. Cette courbe veut aussi dire que tous les gens qui disent que le virus ne tue plus, c'est faux. Il tue autant qu'avant mais circule beaucoup moins qu'avant, c'est pour ça qu'on n'a pas beaucoup de patients en réanimation. On est loin du pic mais la cinétique qu'on a nous y emmène." Selon les calculs de Public health expertise, on est environ à 8% du niveau maximum d'avril en termes de circulation virale. Le virus circule 10 fois moins qu'à cette époque.On est loin du pic mais la cinétique qu'on a nous y emmène.
La courbe de Martin Blachier a en tout cas marqué les esprits et intéressé jusqu'au ministère de la Santé : "Juste après mon passage sur LCI, le cabinet d'Oliver Véran s'y est intéressé", explique Martin Blachier.Si on utilise la même méthode appliquée à la région Hauts-de-France, on peut donc estimer qu'il n'y avait pas 300 cas (environ) par jour de coronavirus dans la région en mars-avril mais plutôt autour de 3000. Ce qui permet de lire différemment les chiffres de cet été : mi-août, on a dénombré environ 900 cas positifs (sur 41 000 tests).
A relier également au nombre de dépistages effectués : 657 tests fin mars dans les Hauts-de-France, avec un taux de positifs de 39,3% et cinq mois plus tard, dans la semaine du 9 au 14 août, 40 945 tests, avec un taux de positivité de 2,43%.Plus de tests, un taux de positivité plus bas, une circulation du virus plus faible, peu d'hospitalisations et de décès : seule une lecture attentive et précise des chiffres permet d'arriver à cette conclusion. "On est peut-être dans la préparation d'un pic mais on est très très loin d'un pic", conclut Martin Blachier.