Daniel Percheron, président sortant de la région Nord Pas-de-Calais : "Notre bilan social est incomparable"

Dans un entretien publié par La Voix de Nord, le président sortant de la région Nord Pas-de-Calais, Daniel Percheron, tire un bilan satisfait ses trois mandats et règle ses comptes avec certains de ses "amis" socialistes.

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Pour Daniel Percheron, la page se tourne. A 73 ans, le président sortant du Conseil régional du Nord Pas-de-Calais n'a pas souhaité briguer un nouveau mandat à la tête de la nouvelle grande région, laissant son vice-président, Pierre de Saintignon, conduire la liste socialiste. L'ancien professeur d'histoire-géographie a accordé un long entretien à nos confrères de La Voix du Nord, dans lequel il dresse un bilan plutôt satisfait de ses 14 ans de présidence et règle quelques comptes avec certains de ses "amis" socialistes. Morceaux choisis

"Notre bilan social est incomparable"

Interrogé sur la possible défaite de la gauche aux prochaines régionales de décembre sur un territoire qui lui était pourtant historiquement acquis, Daniel Percheron défend un "bilan social incomparable". "Je pense que tous les parlementaires du Nord - Pas-de-Calais avec qui j’ai travaillé ont fait ce qu’aucune gauche européenne n’a fait. Ils ont protégé la Nation. Notre bilan social est incomparable. Savez-vous par exemple que depuis quelques mois les paysans ont droit à des congés d’arrêt maladie ? Que le tiers payant généralisé est un rêve pour tous les autres pays ?". Pour le président sortant, si le Front National est aujourd'hui en mesure de l'emporter c'est qu'"il y a malentendu avec le pays profond". "Nous sommes dans une région qui peut légitimement perdre patience. Depuis quarante ans nous avons affronté la fin de la deuxième révolution industrielle, la fin du charbon, l’insertion dans la mondialisation. Ce qu’aucune région n’a affronté. Nos électeurs ont bien compris que l’adaptation à la mondialisation interprétée par une Europe ultra-libérale se ferait parfois très nettement à leurs dépens."


"Vous remarquerez que le bilan n’est pas caricaturé ni rejeté", relève-t-il en référence à la campagne menée par Pierre de Saintignon, qui brigue sa succession. "Car au sein de l’assemblée, il y a le sentiment du devoir accompli". Daniel Percheron revendique ainsi la paternité de plusieurs grandes réalisations, même celles antérieures à sa présidence. "La gare Lille Europe ? C’est moi qui l’ai proposée, la Région l’a payée. Mais bon, personne ne le sait. Et puis le tunnel sous la Manche, le TGV, Seine-Nord...". Le président sortant assume également certains projets très coûteux, parfois qualifiés de pharaoniques, comme le Louvre-Lens, le Stade Pierre-Mauroy ou la rénovation du Stade Bollaert-Delelis pour l'Euro-2016. "Je souhaite qu’on me le reproche... parce que c’est tellement important ! Ceux qui rêvent de mixité sociale doivent aller dans un stade, ils la rencontreront. Quarante-cinq millions de subvention pour le stade Pierre-Mauroy et faire que Lille soit connu dans le monde entier, ça peut vous choquer mais c’est pour rien."

"Je ne serre pas la main à François Lamy et je ne lui serrerai jamais"

Dans une autre partie de cet entretien accordé à La Voix du Nord, Daniel Percheron décoche quelques flèches. Non pas à l'encontre du Front National ou des Républicains, mais de certains de ses "amis" socialistes, notamment François Lamy, proche de Martine Aubry, qui briguerait sa succession à la mairie de Lille. "Je comprends qu’il a vocation à diriger, mais il n’en a pas la légitimité", affirme-t-il. "Je ne lui serre pas la main et je ne lui serrerai jamais". Daniel Percheron reproche au clan aubryste la mise sous tutelle en 2012 de la Fédération socialiste du Pas-de-Calais, soupçonnée alors de malversations. "J'ai soutenu (Martine Aubry) pour qu’elle soit premier secrétaire. Dans la section de Liévin de Jean-Pierre Kucheida et à bulletin secret, en présence de huit observateurs parisiens, elle a obtenu 77 % des voix sur 1 000 votants. Quand on sait qu’elle a gagné de quelques voix, on mesure que la section de Liévin, toute kucheidienne qu’elle était, était particulièrement aubryste. (...) Ce qui rend les choses, oui je pense, au sein du mouvement ouvrier, difficilement pardonnables." Quant à Pierre de Saintignon, autre proche de la maire de Lille et tête de liste PS aux régionales, "il n'était à l'origine pas dans la situation d'être naturellement candidat", estime-t-il. "Dans la Région, en situation d'affronter une élection très nationalisée, des personnalités semblaient s'imposer. Je pense notamment à Martine Aubry".   


En revanche, il rend hommage à son ami Jean-Pierre Kucheida​, l'ancien député-maire PS de Liévin,  condamné en 2013 pour abus de biens sociaux alors qu'il présidait, la Soginorpa, bailleur social des anciens logements miniers. "Jean-Pierre Kucheida est le dernier grand député de la mine. (...) (Il) n’a pas détourné, n’a pas volé, il a valorisé le patrimoine minier à trois milliards d’euros, il a transformé Liévin. Apparemment, on lui a reproché quelques notes de restaurants… Bon… Il a été condamné à une amende". Daniel Percheron prend aussi la défense de Jacques Mellick​, "ce formidable élu, ce remarquable ministre", ancien maire socialiste de Béthune, condamné en 1997 pour son faux témoignage dans l'affaire de corruption VA-OM.  "Il a été le cobaye de cette première alliance entre justice et médias qui fait qu’il est difficile de résister", estime-t-il. "Le match OM-Valenciennes est vraiment un épisode secondaire de la vie de la nation et de la région. Il a donné un accord à Bernard Tapie sans mesurer toutes les conséquences. Il a été pris dans un engrenage".  

"Le procès médiatique des élites est quotidien"

Dans cet entretien, Daniel Percheron répond enfin aux soupçons de "népotisme" liés à l'embauche de sa fille, Elvire, au Conseil régional puis au Louvre-Lens. "Dans l’esprit des électeurs, ce délit d’être enfant d’élu n’existe que par la médiatisation et par la place que vous lui accordez", répond-il à nos confrères de La Voix du Nord. "En ce qui concerne ma fille, qui a travaillé avec moi au cabinet, dans la plus parfaite transparence, qui m’a beaucoup aidé pour le Louvre, pour Versailles à Arras, pour l’Institut du monde arabe, qui est vraiment passionnée par ces sujets, il n’y a jamais eu la moindre équivoque. (...) Qu’elle ait fait un intérim au niveau de la collectivité locale dont elle n’a jamais fait partie au niveau institutionnel (en tant que directrice générale adjointe), sur proposition des services, avec toutes les garanties de brièveté de contrat et de modestie salariale, ça m’était complètement étranger. (...) Je ne m’occupe absolument pas du personnel. Je n’interviens jamais. Je fais confiance aux services".


"Le Louvre, elle m’a demandé d’être candidate", ajoute-t-il. "Je lui ai dit : vraisemblablement, tu en souffriras. Mais c’est un poste ouvert nationalement. Elle est candidate. Il y a un jury souverain. Il y avait deux ou trois candidats. Elle est lensoise. Elle a passionnément travaillé pour le Louvre. Elle a été retenue par le jury." Et Daniel Percheron de conclure à ce sujet : "Mais ainsi va la France, où le procès médiatique des élites est quotidien. Le tiers état, aujourd’hui, est sans pitié. Et comme les relais sociaux démultiplient ce que les sans-culottes ne faisaient qu’oralement, la France connaît une période particulière". 
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