Dans l'Aisne et l'Oise, les chenilles processionnaires envahissent forêts et espaces verts

La chenille processionnaire du chêne, très urticante pour l'homme et dangereuse pour la santé des arbres, gagne chaque année du terrain. Dans l'Aisne et l'Oise, certaines forêts sont très infectées. Le phénomène contre lequel il est difficile de lutter et qui inquiète l'Office national des forêts. 

Des centaines, des milliers de chenilles agglutinées sur le tronc des chênes de la forêt de Saint-Gobain, capables de dénuder complètement un arbre en quelques jours : le spectacle fait froid dans le dos. Chaque année, le phénomène prend de plus en plus d'ampleur, touchant les massifs forestiers peuplés de chênes de l'Aisne et de l'Oise, et même dans les espaces verts de certaines villes, comme à Soissons. 

Des effets dévastateurs sur les arbres

La cause la plus probable : le réchauffement climatique. "On n'a plus d'hivers rigoureux, qui pourraient permettre de calmer la chenille en détruisant les oeufs ou les larves. Les hivers sont devenus très doux, les larves y survivent et ça provoque cette explosion au printemps", explique Julien Staub, responsable de l'unité territoriale de Saint-Gobain à l'Office national des forêts (ONF). Résultat : non seulement les chenilles sont plus nombreuses dans les forêts concernées, mais elles touchent également des espaces qui étaient jusque là épargnés. "Historiquement, le coeur du phénomène était concentré au chemin des Dames, au sud de Laon. Mais depuis l'année dernière, on observe une explosion du phénomène : certaines forêts sont touchées à 100%. Et on constate que ça remonte vers les forêts du nord, comme en Thiérache, où ça commence à prendre de l'ampleur alors qu'il n'y avait que quelques petits foyers."

Un phénomène difficile à enrayer et qui pose de gros problèmes. En dévorant les feuilles, les chenilles processionnaires ont un impact dévastateur sur la santé des arbres. "Comme il n'y a plus de feuilles, le mécanisme de l'arbre est au ralenti, explique Franck Lecomte, technicien à l'ONF sur le massif de Saint-Gobain depuis 22 ans. Sans feuilles, il n'y a pas de photosynthèse, et pas de croissance. Il peut aussi y avoir des problèmes de mortalité sur des attaques répétées, qui ne sont pas directement dûs à la chenille en elle-même mais à d'autres pathogènes, comme un champignon qui provoque la mort, ou le stress hydrique. L'aspiration de l'eau se fait par les feuilles, donc sans feuille, l'alimentation en eau est insuffisante."

Sauf qu'il n'existe pour le moment pas de moyen de lutte efficace contre ces colonies de chenilles. Répandre des produits insecticides ? Il faudrait le faire par hélicoptère, car les nids sont situés en hauteur. Cela pourrait avoir un impact sur les autres espèces vivant dans la forêt et les autorisations sont rarement accordées. Compter sur les prédateurs naturels ? Des oiseaux comme la mésange, ou certains insectes, se nourrissent en effet de ces chenilles. Mais leur nombre est insuffisant par rapport à la population de chenilles qui a explosé ces dernières années. "On peut aussi ramasser les nids, mais seulement sur des petites densités, mais là c'est déjà trop tard, ce n'est plus possible", déplore Franck Lecomte. 

Des précautions à prendre pour les balades

L'autre problème majeur est celui de la santé de la population qui vit près de ces espaces ou qui aime s'y balader. Les poils qui recouvrent la chenille provoquent des réactions urticantes et des démangeaisons. Les bras des bûcherons de la forêt de Saint-Gobain sont d'ailleurs recouverts de plaques de boutons. En contact avec les yeux, ils peuvent également provoquer une conjonctivite. Et il ne faut pas nécessairement toucher une chenille pour observer ses réactions : les poils sont volatiles et peuvent se retrouver dans l'air, transportés par le vent. On peut donc les inhaler et développer des irritation dans le système respiratoires. 

Cette dissémination par le vent a d'ailleurs cette année des conséquences encore plus problématiques que les années précédentes : les villages alentours sont désormais touchés par le phénomène. C'est le cas par exemple à Folembray, commune de 1 400 habitants en lisière de la forêt de Saint-Gobain. "Depuis quelques jours, les gens se demandent sur Facebook ce que sont ces piqûres, pourquoi ils ont des boutons partout, confirme Pascal Forêt, le premier adjoint au maire. La pharmacienne voit défiler beaucoup de monde, pour acheter des traitements." Certains habitants ont également constaté la présence des chenilles dans leur jardin. "C'est la première année qu'on entend parler de la présence de chenilles dans le village."

Alors cet envahisseur urticant signe-t-il la fin des balades en forêt et des pique-niques en famille ? Pas nécessairement, mais il exige une plus grande prudence. "Aucun des sites que nous avons en gestion n'est fermé au public pour le moment, rassure Julien Staub. Mais il y a des précautions à prendre : rester sur les chemins, éviter de rentrer dans les parcelles et d'être au contact des nids, qu'il ne faut surtout pas toucher." Il conseille également de porter des vêtements longs, de changer ses vêtements et de prendre une douche en rentrant chez soi, ainsi que de faire attention où on met les pieds et sous quels arbres on s'installe. Ces chenilles processionnaires ne s'attaquent qu'aux chênes : mieux vaut de pas s'attarder sous cette espèce. 

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