Au moins quatre centres de vaccination devaient ouvrir cette semaine dans l'Oise, destinés à accueillir les plus de 75 ans. Alors que tout était prêt, l'ouverture est finalement reportée, faute de vaccins disponibles. Les professionnels de santé et élus locaux ne cachent pas leur exaspération.
Face à une salle désespérément vide, le docteur Lambertyn soupire. Le centre de vaccination de Saint-Aubin-en-Bray devait accueillir ses premiers patients de plus de 75 ans cette semaine. Une centaine de rendez-vous étaient pris, et tous ont dû être annulés. L'Agence régionale de santé (ARS) qui l'avait appelé en urgence le 11 janvier pour monter ce centre, a finalement demandé le report de l'ouverture.
"C’est beaucoup d’énergie, pour rien. C'est fatiguant, se désole Xavier Lambertyn, médecin coordonnateur. Et après on a des comptes à rendre aux patients... parce que pour eux, c'est dur à vivre." Laura Flavigny, infirmière libérale, s'attriste aussi de devoir décommander des patients qui parfois sont "en pleurs" au bout du fil. "On ne voit pas le lendemain arriver. On nous dit d’attendre mais attendre jusqu’à quand ?"
En cause, une pénurie de vaccin
Contactée, l'ARS répond de son côté que rien n’avait été promis. "L’ouverture d’un centre de vaccination a été envisagée à Saint-Aubin-en-Bray. Cependant compte tenu du nombre limité de vaccins à disposition dans la région cette semaine, l’ouverture de ce centre n’a pas été confirmée."
La logique voudrait qu’ils aient d’abord les doses, et nous disent de combien de doses on allait disposer pour après prendre des rendez-vous. Là c’est l’inverse, on nous dit open bar, on prend plein de rendez-vous et on en annule une centaine.
Une pénurie de vaccin que regrette amermement le docteur Lambertyn, furieux surtout de l'organisation de la campagne. "Tout a été pris à l'envers, c'est pitoyable. La logique voudrait qu’ils aient d’abord les doses, et nous disent de combien de doses on allait disposer pour après prendre des rendez-vous. Là, c’est l’inverse, on nous dit open bar, on prend plein de rendez-vous et on en annule une centaine." Et près de 500 patients supplémentaires sont en attente de rendez-vous.
Trois autres centres devaient également ouvrir cette semaine dans l'Oise, à Breteuil, Noyon et mais également Compiègne où le maire s'insurge : "L'ARS nous mène en bateau !"
A qui la faute ?
Le problème est tel que le Secrétaire d'Etat Adrien Tauqet s'en ai saisi mercredi 20 janvier au Sénat, pointant notamment du doigt le rôle mairies. "Les mairies, les préfets, les ARS savent précisément le nombre de doses disponibles", a-t-il déclaré. "A eux, autorités locales, de ne pas ouvrir davatange de centres que nous leur avons demandé d'ouvrir, de ne pas ouvrir davantage de créneaux que le nombre de doses disponibles."
De quoi faire bondir l'adjoint au maire de Breteuil, en charge de la santé. "Je suis révolté ! C'est entièrement faux, nous n'avons jamais eu connaissance du nombre de doses. On se contente de plannifier et de se rendre disponible. Mais pour tout ce qui se passe en amont, on ne sait rien", déplore Dominique Renard. Médecin de profession, il devait lui aussi vacciner sur sa commune.
Ces centres de vaccination n'attendent désormais que le feu vert pour ouvrir. Sans doute faudra-t-il encore s'armer de patience. Jeudi 21 janvier, l'ARS et la préfecture des Hauts-de-France ont demandé de suspendre les rendez-vous de primo-vaccination.