C’est le début de la récolte de la pomme de terre, produit phare de la Picardie. Cette année, les prix ont explosé. Les agriculteurs profitent-ils vraiment de cette hausse ?
La saison de la récolte de la pomme de terre est lancée ! Produit emblématique de la Picardie, qui représente un quart du total de la production française. Le tubercule a réussi à se faire une place de choix dans le paysage agricole de la région.
Cette année la récolte devrait être meilleure que celle de l’année dernière, selon Martin Mascré, directeur de l’Union nationale des producteurs de pomme de terre (UNPT). Des rendements légèrement supérieurs, mais surtout une augmentation des surfaces dédiées.
Une explosion des prix
Fin août, un rapport de l’association de défense des consommateurs, Familles rurales notait une augmentation des prix de la pomme de terre cultivée en agriculture conventionnelle de 40% entre 2018 et 2019. Il faut compter 1,81€ pour un kilo de pommes de terre en 2019, contre 1,30€ l’année précédente. Une hausse nettement moins marquée pour le bio, seulement 2% de plus que l’année dernière.Cette hausse des prix s’explique en partie par la sécheresse. Des rendements moins importants, c’est une récolte relativement faible en 2018, ce qui a entrainé un écoulement rapide des stocks.
Les agriculteurs gagnants ?
Mais la hausse à mettre en perspective, car entre juillet 2017 et juillet 2018, on observe une baisse des prix de 6,5% en conventionnelle, et de 12,8% en bio.Du côté de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), cette augmentation ne serait pas aussi élevée que ce qu’indique le rapport de Familles Rurales. Aussi, Martin Mascré, son directeur, estime que les producteurs bénéficient peu de cette hausse des prix.
Ils pourront néanmoins négocier les contrats à la hausse pour la campagne suivante."Les contrats sont établis avant, si finalement la récolte est plus ou moins bonne, les agriculteurs se sont engagés sur un prix défini en amont".
Pour la prochaine saison nombre d’agriculteurs pourront donc revaloriser leurs contrats pour être mieux rémunérés, mais "c’est un jeu de l’offre et de la demande. Tout dépend aussi de ce que les autres pays ont produit" indique Martin Mascré. Par exemple, si la France a été impactée par la sécheresse, les pays nordiques ont pu tirer leur épingle du jeu, car ils ont bénéficié de plus d’humidité.
S'adapter au changement climatique
Un dérèglement climatique qui pousse la filière à développer des variétés plus résistantes."C’est un long travail. Le développement d’une nouvelle variété peut prendre 15 à 20 ans. Tout est pris en compte, le goût la tenue, et il faut aussi trouver des débouchés qui plaisent aux industriels" ajoute Martin Mascré, directeur de l’UNPT.
Charlotte, Chérie, Monalisa, Juliette de la Baie de Somme ou encore Violette… Plus de 200 variétés sont actuellement cultivées dans la région. Dans le pays, la majorité de la production, plus de 80% se cultive dans les Hauts-de-France et notamment en Picardie. La Somme est le premier département en production.