Luc Monnet, maire (DVD) de Templeuve-en-Pévèle, près de Lille, participait à la visioconférence organisée entre le président de la République et une quinzaine de maires de petites et moyennes communes en France. Deux heures pour échanger sur le plan de relance et la sortie de la crise sanitaire.
Il a bien failli ne pas y participer à cette conférence, Luc Monnet. Mercredi, l’Elysée a tenté à trois reprises de le joindre. En vain. Le maire de Templeuve croyait – en voyant s’afficher sur son portable un numéro commençant par 01 – être appelé par une plateforme téléphonique. En fait, on ne cherchait pas à lui vendre une véranda. Ce n’était que les services de la présidence de la République.
Luc Monnet ne sait toujours pas comment et pourquoi il a été choisi. L’Elysée avait sélectionné quinze maires de communes de 200 à 20 000 habitants, réparties sur tout le territoire. Templeuve, situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Lille, compte 6 000 habitants. Luc Monnet, 58 ans, également conseiller départemental du Nord, a entamé l’an passé son quatrième mandat. Fin 2019, il s’était fait remarquer en menaçant de démissionner pour protester contre la décision de la SNCF de supprimer 17 trains quotidiens en gare de Templeuve. "Impossible de se faire entendre" avait-il alors regretté.
Cette fois, il est donc entendu. "Emmanuel Macron voulait notre avis sur le plan de relance et sur les réouvertures envisagées à partir de la mi-mai", raconte Luc Monnet. "Les maires avaient chacun trois minutes pour parler, sans être interrompus. Et ensuite, nous avons pu échanger tous ensemble. Sur le plan de relance, pour ma part, j’ai évoqué les problèmes rencontrés par les maires avec leurs églises. Le matin même, Emmanuel Macron était sur le chantier de Notre-Dame de Paris. Je lui ai dit que la restauration de nos églises entrait dans le cadre du plan de relance. Que plusieurs corps d’état spécifiques – tailleurs de pierre, charpentiers, maçons – étaient concernés. Que ça donnerait du boulot à nos boites." Manœuvre habile.
Pour sauver puis rebâtir Notre-Dame de Paris, la mobilisation nationale a été exceptionnelle. Elle l'est toujours. Des experts de toute la France sont à l’œuvre sur ce chantier hors normes. pic.twitter.com/E5J1jabCvK
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 15, 2021
En décembre, Luc Monnet s’était vu refuser par les services préfectoraux que les travaux de son église – fermée depuis six mois et en réfection – soient éligibles au plan de relance. Mieux vaut s’adresser à Dieu qu’à ses saints…
J’ai confirmé au Président que la situation était redevenue normale avec la campagne de vaccination de nos ainés et du personnel.
La veille, Luc Monnet présidait le conseil d’administration de l’Ephad de Templeuve-Cysoing, durement touché au début de la pandémie. "J’ai confirmé au président que la situation était redevenue normale avec la campagne de vaccination de nos ainés et du personnel. Du personnel qui – du coup - souffle un peu. C’est encourageant."
Enfin, sur la sortie du confinement, Luc Monnet a rappelé à Emmanuel Macron qu’il sera possible à partir du 8 mai – une semaine avant la France – d’aller boire une bière sur la Grand-Place de Tournai, en Belgique. "D’où l’idée d’une territorialisation des mesures prises en matière d’ouvertures, pour tenir compte justement des spécificités de certains territoires, comme nous, ici, en zone frontalière."
La reconstruction de la France
De son côté, le président de la République a évoqué devant les maires "la reconstruction de la France, de l’âme de la France, du retour à l’art de vivre à la française." Il classe comme "prioritaire" la réouverture des lieux de culture. Il maintient les dates de la rentrée scolaire (26 avril pour les écoles et 3 mai pour les collèges et lycées). Prudent, il n’a pas avancé de date mais il a parlé d’un plan de réouvertures "par phases", progressivement. Il a annoncé l’arrivée cet été de nouveaux vaccins. Il a affirmé qu’au 15 septembre, tous les français de plus de 18 ans auront reçu leur première dose. Il n’exclut pas un éventuel plan de relance "numéro deux". Plusieurs informations importantes.
Le Président, au travers de cette crise sanitaire, semble s’apercevoir du rôle important joué par les maires. Ceux que j’appelle les « soutiers de la République »
"Ce qui m’a paru intéressant, insiste le maire de Templeuve, c’est que le Président, au travers de cette crise sanitaire, semble s’apercevoir du rôle important joué par les maires. Ceux que j’appelle les « soutiers de la République ». Il parait déterminé à renforcer l’attelage entre les préfets et les élus locaux, à associer les maires en amont des grandes décisions, à recoller avec les territoires, à revenir vers une déconcentration au profit des bassins de vie. Je sens un changement avec le début du mandat."
Luc Monnet demande – par exemple – une communication plus simple avec l’ARS, l’Agence régionale de Santé ; ou encore un fonctionnement de l’Etat moins lourd, un Etat plus "facilitateur" qui ne rejette pas telle ou telle subvention parce qu’il manque un document dans un dossier.
A-t-il pu défendre ses trains ? Non. L’Elysée avait bien précisé aux maires de ne pas sortir du sujet.