Dans quelques mois, les transports du Valenciennois seront gratuits pour les moins de 25 ans. L'agglomération emboite le pas à Dunkerque, qui a relancé le débat de la gratuité des transports publics en septembre dernier.
Le réseau Transville, opérateur de transports en commun dans le Valenciennois, sera gratuit pour les moins de 25 ans à partir de septembre 2019. Déjà en place pour les moins de 18 ans depuis la rentrée scolaire 2018, la mesure va être élargie du fait du succès rencontré : avec la gratuité, le nombre d’abonnements jeunes sur le réseau Transvilles a augmenté de 42%, passant de 13 000 abonnés en 2017 à 18 500 fin 2018.
Vers une gratuité totale
L’annonce a été faite le 1er février par Anne-Lise Dufour, présidente du Syndicat organisateur des transports urbains dans le Valenciennois (SIMOUV) et maire socialiste de Denain.
Pour les familles concernées, l’économie « sera de l’ordre de 250€ par an », a-t-elle rapportée lors de la cérémonie de vœux. L’objectif est d’arriver à une gratuité totale des transports publics – mais impossible à mettre en place, selon la présidente, sans une aide de l’Etat.
L’exemple dunkerquois
C’est pourtant ce qui est à l’œuvre à Dunkerque depuis septembre dernier. Après trois ans de test le week-end, la gratuité a été étendue à l’ensemble de la semaine. A l’époque, le maire de la ville côtière Patrice Vergriete expliquait sur le plateau de Dimanche en politique avoir pris cette disposition pour dynamiser le centre-ville et préserver la qualité de l’air. Dunkerque est alors devenue la plus grande ville d’Europe avec un réseau de transport en libre accès. Désireuse de se faire vitrine d’un modèle social apprécié des usagers, la ville a organisé dans la foulé les premières « Rencontres des villes du transport gratuit ».
Un modèle de gratuité en plein essors
Suivant l’exemple dunkerquois, d’autres villes se sont lancées dans les transports accessibles sans bourse délier. A Calais, la gratuité totale est prévue pour 2020. La situation dunkerquoise a donné l’impulsion à d’autres villes pour se lancer, mais le modèle n’est pas nouveau. La première ville française à l’avoir expérimenté est Colomiers, en Haute-Garonne, qui a instauré la gratuité des bus en 1971. D’autres villes ont suivi, dont deux dans l’Oise : Compiègne et Chantilly. Depuis, les usagers d’une trentaine de villes peuvent utiliser gratuitement des transports.
Les grandes villes en marge
Pour les plus grandes villes, comme Lille par exemple, la situation est plus complexe. Les habitants de la MEL ont vu le prix des transports augmenter en septembre dernier. Alors interrogé sur France 3 Nord-Pas-de-Calais, Damien Castelain, président de la MEL, estimait qu’à Lille, une tarification sociale était préférable. Le réseau lillois étant composé de bus, de métros et de trams, les coûts seraient trop élevés pour maintenir une qualité de service si les usagers ne payaient plus leurs tickets. Quant à Amiens, le développement des transports à titre gracieux serait dans les tuyaux. En 2014 déjà, c’était un enjeu des élections municipales de la ville picarde.
Une mesure électoraliste ?
Pour les opposants à la gratuité des transports publics, ce type de mesure est en effet une mesure électoraliste. Anne Hidalgo, maire de Paris, est par exemple critiquée pour avoir fait cette proposition à un an et demi des élections municipales. Dans la capitale, les transports sont ponctuellement gratuits pour tous, durant la nuit du 31 décembre par exemple. L’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) rejoignait cet avis dans un rapport de 2011. Selon l’organisation professionnelle, le choix de la gratuité est une promesse électorale, d'autant plus dans les villes de taille modérée . La gratuité annule les frais de billetterie (vente et contrôle), alors que les recettes engendrée par les achats de billets sont plutôt faibles.
Les mesures d’accessibilité aux transports prises par Dunkerque et Valenciennes ont déjà séduit les usagers. Hausse de fréquentation, diversification du public et diminution significative des dégradations : le bilan est plutôt positif. Reste à savoir si les électeurs seront tout aussi convaincus par le bienfondé du geste.