Dans le Nord comme dans le Pas-de-Calais, de nombreux maires sortants ont été réélus dimanche dès le premier tour des municipales. C'est la tendance lourde de ce scrutin avec la forte abstention liée à l'épidémie de coronavirus Covid-19.
On dit des enfants peureux qu'ils se réfugient dans les jupes de leur mère. Mais c'est bien sous la protection de leur maire que les électeurs, inquiets, ont trouvé refuge dimanche, à l'occasion de ces élections municipales.
Des maires qui jamais n'auront bénéficié d'une telle prime au sortant : de l'extrême-droite au Parti Communiste, des maires que l'on croyait menacés sont réélus triomphalement.
Steeve Briois (RN) contraint à une deuxième tour à Hénin-Beaumont ? Il dépasse les 70% !
Natacha Bouchard (LR) fragilisée par la crise des migrants ? Réélue.
Anne-Lise Dufour à Denain et Sylvain Robert à Lens (PS) emportés dans les derniers spasmes d'un Parti Socialiste mourant ? Réélus.
Bernard Baude à Méricourt (PC) noyé par la vague lepéniste qui devait couler définitivement les derniers îlots communistes du bassin minier ? Réélu avec un score soviétique. Et, etc...
Vu les chiffres très élevés de l'abstention, il faudra évidemment prendre un peu de temps pour analyser plus finement les résultats de dimanche. Mais six ans après la vague "dégagiste" de 2014, c'est à l'inverse la stabilité que l'on retiendra de ces Municipales 2020.
"Le maire - cet élu préféré des français - devait donc être appelé à nous rassurer"
Les instituts de sondages l'anticipaient depuis quelques mois, mettant en avant une période politique trouble, sans visibilité, complexe ; toutes les alliances possibles et imaginables au niveau local allaient rendre cette élection illisible et les grands partis devaient y poursuivre leur chemin de croix.
Le maire - cet élu préféré des français - devait donc être appelé à nous rassurer, nous éviter des chemins aventureux. Le Covid 19 a amplifié le phénomène.
Le maire sortant sort grand vainqueur, même quand il s'appelle Gérald Darmanin (Tourcoing) et qu'il est ministre d'un gouvernement malmené par la réforme des retraites ; même quand il s'appelle Patrice Vergriete (Dunkerque) et qu'il a le soutien du parti présidentiel.
Les partis traditionnels, eux aussi, s'en sortent pas trop mal. Finalement, c'est sans doute l'élection elle même qui souffre le plus.
Fallait-il maintenir le premier tour ? Faudra-t-il reporter le second tour ? Finalement, c'était si doux les jupes de nos mamans...