Elections départementales et régionales 2021. Mairies recherchent (encore) assesseurs dans le Nord et le Pas-de-Calais

De nombreux maires sont encore à la recherche d’assesseurs pour tenir les bureaux de vote des 20 et 27 juin. C’est compliqué, pour un tas de raisons : doublement des bureaux, désintérêt politique, crainte du Covid, moins de militants, de bénévoles, fête des pères, départs en vacances.

"Comme d’habitude, on nous demande l’impossible. Comme d’habitude, on va faire des miracles. Et ça va passer."  Certains maires sont en train de dépenser une énergie folle pour réussir à organiser dans les meilleures conditions possible le double scrutin des 20 et 27 juin. Dans beaucoup de communes – et notamment les moyennes – il manque encore des assesseurs citoyens. C’est compliqué. De souvenirs d’élus, jamais une élection n’avait posé autant de problèmes. Il faut plus de monde que d’habitude alors qu’il y a moins de volontaires. Un casse-tête.

"La crise sanitaire accroit la difficulté", constate le maire (DVG) de Villeneuve d’Ascq, Gérard Caudron. "La vie associative tourne au ralenti depuis plus d’un an et on sort des différents confinements avec une grosse déperdition en bénévoles. Le redémarrage n’est pas simple. Ces bénévoles nous manquent aujourd’hui."

"Il y a ceux qui ont peur du Covid et ceux qui ne veulent ni se faire vacciner ni se faire tester, et donc qu’on évince de nos listes" regrette Mickaël Hiraux, le maire (DVD) de Fourmies. Malgré la campagne de vaccinations, malgré la promesse que le matériel de protection sera fourni, ce sont les séniors qui semblent toujours autant craindre le virus. Et ces séniors – qui constituent traditionnellement le gros des bataillons d’assesseurs citoyens – n’ont pas oublié le premier tour des municipales du 15 mars 2020. Une hécatombe chez les plus âgés.

La politique, on s’en tape aujourd’hui. Les gens reprennent le cours de leur vie.

Thierry Lazaro (DVD) maire de Phalempin

"On déconfine, il commence à faire beau et chaud, et on n’a pas envie de s’enfermer dans un bureau de vote, constate Thierry Lazaro, maire (DVD) de Phalempin. La politique, on s’en tape aujourd’hui. Les gens reprennent le cours de leur vie. Le 20 juin, c’est la fête des pères. Le 27, c’est la veille des vacances d’été. C’est plus important qu’une élection à laquelle va participer un tiers des électeurs. Et encore ! Avec 30% de participation, on sera content !"

Directives de technocrates

Et donc ça rame. Le couplage des élections départementales et régionales, en pleine crise sanitaire, oblige à doubler les bureaux de vote. Si un président de bureau peut superviser à lui seul les deux scrutins, en revanche, il faut bien dans ce même bureau deux assesseurs pour gérer les opérations de vote des régionales puis deux assesseurs pour gérer les départementales. Quatre au total. Il faut aussi prévoir un roulement pour se relayer régulièrement durant les dix heures de scrutin. Au final, ça fait beaucoup de monde. Environ 90 000 assesseurs dans le Nord et le Pas de Calais.

"On cherche encore" reconnait Maryvonne Girard, première adjointe au maire de Villeneuve d’Ascq. 70 000 habitants. Deux fois 34 bureaux de vote. "Ça coince dans deux ou trois bureaux. Les services passent de nombreux coups de fil. Il faut prévoir large pour faire face aux inévitables désistements de dernière minute. On relance les anciens. Mais ça va aller. Je suis une optimiste de nature."

Gérard Caudron, le maire, est moins serein. Il râle contre "les directives pondues par des technocrates que les maires doivent mettre en application dans les 48 heures". Il râle contre le manque de civisme : "il y avait une génération pour qui tenir un bureau de vote était un honneur ; ça, c’est bel et bien terminé." Il râle contre ces "candidats qui se pavanent plutôt que de s’inquiéter de l’organisation du scrutin". Allusion faite aux partis qui désignaient habituellement leurs assesseurs politiques mais qui se sont vidés, ces dernières années, de leurs forces militantes.

A Calais – deux fois 54 bureaux de vote – il manquait encore 10% d’assesseurs en début de semaine. Le maire, Natacha Bouchart, reconnait que "la tâche n’est pas facile". A Sangatte-Blériot, Bourbourg, Tourcoing et Wattignies, un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour trouver une quinzaine de personnes. Idem à Arras (26 000 électeurs) avec une campagne de communication qui détourne un slogan de 14-18 : le "I want you !" de l’armée américaine devient "la ville a besoin de vous !" Sur le site officiel de la commune voisine de Dainville, on peut lire : Devenez assesseurs ! Non loin de là, à Sainte-Catherine, le maire se "fait encore des soucis pour le 27 juin". Etc… La liste est longue.

"On se débrouille". C’est la phrase qui revient le plus souvent. Pour colmater les brèches, les élus font appel à la famille, les parents, les conjoints, les enfants. Ils déposent des messages dans les boites aux lettres. Ils rassurent. C’est ainsi qu’à Berles-aux-Bois (530 habitants, 420 électeurs), le maire a décidé d’ "aérer" son bureau de vote. Les urnes ne seront pas dans la salle des fêtes… mais sous le préau de l’école. Michel Petit (DVD) a tout prévu : "j’ai déjà loué cinq champignons chauffants, pour les deux week-ends, au cas où les soirées seraient fraîches." Une ville du sud a décidé de rémunérer les assesseurs. Une ville de Normandie leur promet un cadeau de remerciement.

"Le système est absurde"

Quelques élus n’ont pas rencontré de difficultés majeures. A Phalempin, Thierry Lazaro a réquisitionné pour les 20 et 27 juin le personnel administratif communal et une partie du personnel technique s’est "spontanément" rendue disponible. A Berck/Mer, on fait savoir que "les tableaux sont remplis". A Groffliers (1 600 habitants), les 19 élus municipaux ont répondu présent pour tenir l’unique bureau de vote ; deux personnes extérieures au conseil prêteront main forte. A Fourmies (13 000 habitants, 8 000 électeurs, deux fois 9 bureaux de vote), Mickaël Hiraux reconnait que "normalement c’est bon, mais il faudra faire des roulements toutes les quatre heures, contre deux heures et demi habituellement."

Il y a chez nous une culture d’engagement. Les habitants ne sont pas que des consommateurs de la vie publique. Et du coup, il n’y pas eu de problème pour recruter nos assesseurs.

Jean-François Caron (EELV) maire de Loos-en-Gohelle

Le cas de Loos-en-Gohelle est intéressant. Depuis des années, le maire a développé dans sa ville (6 500 habitants, deux fois 5 bureaux de vote) un réseau de plusieurs centaines de bénévoles qu’il appelle "les bâtisseurs". "C’est un vivier de gens investis dans lequel on puise régulièrement pour donner un coup de main, encadrer un évènement, recueillir des idées, explique Jean-François Caron (EELV). Du coup, il y a chez nous une culture d’engagement. Les habitants ne sont pas que des consommateurs de la vie publique. Et du coup, il n’y pas eu de problème pour recruter nos assesseurs."

A Téteghem-Coudekerque-Village (8 500 habitants, 7 000 électeurs, deux fois 7 bureaux de vote), le maire se réjouit d’avoir lui aussi tous ses assesseurs. "C’est pour les communes moyennes, entre 3 500 et 1 500 habitants que c’est compliqué, remarque Franck Dhersin (DVD). Les grandes villes ont des services qui se mobilisent. Dans les villages, on se connait et on s’entraide plus facilement."

"C’est vrai que les gens sont de bonne composition, note Mickaël Poillion. Ils acceptent mais seulement pour me rendre service. Par amitié." Il est le maire (SE) d’Héricourt, village du Ternois d’une centaine d’âmes qui ne compte que 80 votants. "Mais le système est absurde. J’ai un bureau de vote. Il me faut une vingtaine d’assesseurs pour permettre des roulements toutes les deux heures. Calculez : ça représente 25% des votants de ma commune…"

Les maires sont partagés sur le fait d’avoir maintenu ces élections départementales et régionales en juin. "Il ne doit pas y avoir de confinement de la démocratie" estime Gérard Caudron, le maire (DVG) de Villeneuve d’Ascq. "Cette élection est anxiogène, il fallait la reporter à l’automne, fin octobre, début novembre, estime de son côté Thierry Lazaro, le maire (DVD) de Phalempin. Les électeurs auraient eu l’été pour décompresser."

Les élus aussi.

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