Quels enseignements politiques peut-on d'ores et déjà tirer des élections européennes dans les Hauts-de-France ?
1. Une participation record pour des européennes
51,49 % de participation. Plus d'un électeur sur deux des Hauts-de-France s'est déplacé aux urnes pour les élections européennes ce dimanche. C'est bien moins pour une élection présidentielle ou des législatives. Mais c'est plus que ce que les sondages avaient laissé entendre. Et aussi bien plus qu'en 2014 pour les européennes, où la participation oscillait entre 40 et 45%.
Tous les départements de la région affichent un taux de participation en hausse par rapport à ces dernières élections européennes. Un sursaut civique rare qui mérite d'être souligné.
2. Le Rassemblement national (RN) très haut mais pas de plus en plus haut
Bien plus qu'au plan national, la liste Rassemblement national menée par Jordan Bardella est largement en tête des élections européennes 2019 dans les Hauts-de-France. 33,34% : presque 10 points au-dessus du score français. Voilà qui confirme l'ancrage particulier du RN dans la région.
L'Aisne et le Pas-de-Calais sont d'ailleurs les deux départements où le RN fait ses meilleurs scores. Comme lors de la présidentielle 2017.
Mais cette réalité électorale n'est pas nouvelle. Marine Le Pen avait par exemple réalisé 40% aux élections régionales de 2015. Un scrutin qui n'est évidemment pas tout à fait comparable. Mais plusieurs indicateurs montrent que le score du RN lors de ces élections européennes n'est pas en hausse spectaculaire dans les Hauts-de-France.
Exemple : la liste RN a fait plus de 50% dans 46 communes du Pas-de-Calais et 17 communes du Nord. C'est moins que lors des précédentes européennes de 2014, où la liste de Marine Le Pen avait raflé une majorité de votes dans 78 communes du Pas-de-Calais et 40 communes du Nord. Même si les électeurs devaient alors choisir parmi 22 listes contre 34 dimanche dernier.
3. LREM en légère baisse
Deux ans après la présidentielle et les législatives, la liste LREM-MoDem perd des voix dans les Hauts-de-France. Passant d'environ 19% à 17.
Le parti présidentielle récupère néanmoins la 2ème place régionale, bénéificiant de l'effrondrement du parti de Jean-Luc Mélenchon.
LREM fait ses meilleurs scores dans la métropole lilloise (Weppes, Pévèle) et dans le Montreuillois. Le plus souvent dans des communes plutôt aisées.
4. La France insoumise boit la tasse
Dans une région historiquement ancrée à gauche, La France insoumise pensait sans doute s'installer durablement dans les Hauts-de-France après sa percée de 2017. Le parti de Jean-Luc Mélenchon est très loin de ses scores de 2017. -12 points en 2 ans.
5. PS et LR presque portés disparus
Les deux partis historiques de gauche et de droite, longtemps dominateurs sont désormais 5ème et 6ème parti des Hauts-de-France. 6,53 % pour François-Xavier Bellamy (Les Républicains) et 4,66% pour Raphaël Glucksmann (PS-Place publique).
La comparaison avec les dernières élections dans la région montre parfaitement la dégringolade de ces deux partis. Elle est plus spectaculaire chez LR passant de 24,9% au 1er tour des régionales en 2015 à 16,13% en 2017 puis 6,5%...
6. Les municipales en point de mire
Impossible de ne pas penser au prochain scrutin en 2020. Les candidats aux municipales analyseront forcément les résultats des élections européennes. Pour jauger les forces en présence, les alliances envisageables et les mouvements de l'électorat. Même si comparer un scrutin local à une élection nationale est toujours délicat.
Quelques exemples. A Lille, les 21.7 % de l'EELV de Yannick Jadot pèseront forcément dans les prochaines tractations.
A Amiens, les 25.56 % de Nathalie Loiseau ancre un peu plus LREM dans la ville. A Calais, les 41,54% de Jordan Bardella (RN) semblent indiquer que le parti de Marine Le Pen fera de la 1ère ville du Pas-de-Calais une cible...
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