ENQUÊTE. Coronavirus : quelles communes du Nord et du Pas-de-Calais enregistrent une surmortalité depuis le 1er mars ?

Entre le 1er mars et le 19 avril 2020, 109 communes du Nord et 70 communes du Pas-de-Calais ont enregistré une hausse du nombre de décès par rapport à la moyenne des deux années précédentes, toutes causes confondues. Un indicateur de l'impact de l'épidémie de coronavirus Covid-19 ?

Une fois par semaine, l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee) publie la liste des décès survenus chaque jour dans chaque commune de France. Il s'agit bien entendu de données anonymisées, qui ne mentionnent que la date et la commune du décès, ainsi que la date de naissance et le sexe de la personne décédée. Il est également précisé, la plupart du temps, si le décès est survenu dans un hôpital, une maison de retraite, au domicile ou "autre" (voie publique, domicile d'un tiers, lieu professionnel, etc...). La cause, en revanche, n'est pas indiquée. L'Insee communique également le département de résidence du défunt.

Dans le contexte de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus Covid-19, il nous a paru intéressant de trier et analyser les données concernant les communes du Nord et du Pas-de-Calais depuis le 1er mars, sachant que ni Santé publique France, ni l'Agence Régionale de Santé (ARS) ne publient de données épidémiologiques commune par commune et que les bilans quotidiens se limitent aux seuls décès survenus dans les hôpitaux (491 morts du Covid-19 au total dans ceux du Nord, 243 dans ceux du Pas-de-Calais à ce jour) et les établissements médico-sociaux, en particulier les Ehpad. Mais le comptage pour ces derniers est uniquement donné à l'échelle régionale (574 décès liés au coronavirus à la date du 5 mai sur les cinq départements des Hauts-de-France).

Même si la cause des décès n'est pas mentionnée dans les données de l'Insee, un excès de mortalité, comparé aux deux années précédentes, peut être un indice de l'impact du coronavirus sur ces deux départements. C'est ainsi qu'on avait pu mesurer, par exemple, celui de la canicule meurtrière de l'été 2003 en France. 
 
Comme ces données sont particulièrement longues à traiter (elles sont contenues dans un gros fichier .csv de 10Mo qui liste dans un tableau chaque décès, dans chaque commune de France, chaque jour depuis le début de l'année dans un ordre chronologique), nous nous sommes basés sur celles transmises par l'Insee le 30 avril, qui s'arrêtaient au 19 avril.

Nous avons retenu uniquement les communes du Nord et du Pas-de-Calais ayant enregistré au moins deux décès et voici, ci-dessous, la carte interactive de la surmortalité que nous avons pu établir. Vous pouvez naviguer dessus avec votre souris ou votre doigt. Une petite loupe est également à votre disposition pour taper directement le nom de la ou des communes qui vous intéressent.
 
  

Comment avons-nous établi cette carte ?


Le taux de surmortalité que nous présentons est calculé à partir du nombre total de décès enregistrés par commune entre le 1er mars et le 19 avril, comparé à la moyenne des décès enregistrés sur la même période, dans la même commune, en 2018-2019 (moyenne arrondie au nombre entier supérieur, une personne n'étant pas divisible).

Dans le tableau ci-dessous, nous vous donnons en détail quelques données brutes qui permettent de mieux analyser les choses : nombre de décès enregistrés du 1er mars au 19 avril, surcroît de décès en nombre par rapport à la moyenne 2018-2019, âge moyen des personnes décédées.
 

Pour les communes n'ayant eu aucun décès lors des deux années précédentes, la progression n'est pas calculable car on ne peut pas diviser par 0. Pour remplir notre carte, nous avons donc dû nous arranger avec les lois mathématiques mais en respectant les ordres de grandeur. Pour une commune qui compte 3 décès cette année et 0 les années précentes, nous avons inscrit une évolution de 300% (200% si 2 décès, 400% si 4 décès, etc...).

Parmi les communes de notre carte, 12 n'avaient enregistré aucun décès en 2018 et 2019, entre le 1er mars et le 19 avril : Beauvois-en-Cambrésis, Boussois, Brouckerque, Le Doulieu, Erre, Hallennes-lez-Haubourdin, Moeuvres, Warhem, Bouret-sur-Canche, Rety, Souchez et Vieille-Chapelle.

Pour les plus petites communes, un ou deux décès de plus que la moyenne peuvent générer un taux de surmortalité très élevé (mais pas anodin pour autant, notamment lorsque cela s'observe aussi dans des communes voisines). Alors que dans les grandes villes - ou tout du moins celles disposant d'un hôpital ou d'une clinique -  ce taux reste globalement inférieur à 100%, voire à 50%, en raison du nombre important de décès déclarés chaque année en ces lieux.

 

Effet Covid-19 ou non ?

 
L'âge moyen des personnes décédées est un indicateur potentiellement intéressant. Selon les statistiques de l'épidémie de Covid-19 en France, on sait que la classe d'âge qui compte le plus de décès en France des suites du coronavirus sont les plus de 80 ans. Quand l'âge moyen de décès est inférieur à 60 ans la probabilité que la surmortalité soit liée au Covid-19 se réduit, même s'il peut y avoir parfois des exceptions. 
 
L'âge moyen des personnes décédés est inférieur à 60 ans dans seulement 6 communes du Nord et du Pas-de-Calais présentant une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril : Erre (59 ans en moyenne pour 2 décès), Hergnies (56 ans en moyenne pour 3 décès), Lesquin (53 ans en moyenne pour 4 décès), Thiennes (54 ans en moyenne pour 3 décès), Rety (53 ans en moyenne pour 2 décès) et Wizernes (55 ans pour 2 décès).

Rappelons qu'il ne s'agit que des décès survenus sur la commune et non des décès des personnes résidant dans la commune. Si quelqu'un décède par exemple à l'hôpital, il est comptabilisé par l'Insee dans les décès de la commune où est implanté l'hôpital et non dans sa commune de résidence. Ces chiffres sont donc différents de ceux tenus par les mairies, dans les registres d'état civil.

Rappelons enfin encore une fois qu'il s'agit des décès toutes causes confondues. L'épidémie de coronavirus a pu être un facteur aggravant de la mortalité depuis le 1er mars, notamment dans certains territoires du Nord et du Pas-de-Calais où la corrélation semble très forte, comme nous le verrons par la suite. 

Mais le Covid-19 n'est pas nécessairement le seul responsable. Les mesures de confinement, l'isolement de certaines personnes et la crainte du coronavirus ont pu entraîner aussi davantage de décès chez des personnes souffrant d'autres pathologies qui n'auraient pas consulté de médecin ou auraient tardé à le faire.  "Il y a eu moins d’appels pour les pathologies habituelles comme les infarctus ou les accident vasculaires cérébraux. Et il n'y a de raison qu'il y en ait moins", nous confiait, fin avril, le professeur Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille et chercheur à l'Institut Pasteur de Lille, au sujet de l'augmentation constatée des décès au domicile dans le département du Nord.
 
"Nos équipes sont intervenues sur plus de morts à domicile et plus souvent pour des arrêts cardiaques à domicile, des pathologies coronariennes aigües, des pathologies neurologiques...", confirmait de son côté Patrick Goldstein, le patron du Samu du Nord.
 
A contrario, d'autres causes de décès ont diminué ces dernières semaines en raison du confinement. Notamment les accidents de la circulation. Selon les chiffres transmis par la préfecture, la mortalité routière a chuté de 33% en avril dans le Nord par rapport à l'an dernier et de 34% si on compare les périodes janvier-avril 2020 / janvier-avril 2019 (23 tués contre 35). Dans le Pas-de-Calais, la mortalité routière a encore plus diminué : -82% entre janvier-avril 2020 et janvier-avril 2019 (4 tués contre 22).

Mais ce bilan routier, on le voit, ne concerne qu'un tout petit nombre de décès et n'influe pas de manière significative sur la variation totale du nombre de morts dans les deux départements.

Dans le Nord, selon les données de l'Insee, on totalisait ainsi - entre le 1er mars et le 19 avril 2020 - 3811 décès. C'est 668 de plus qu'en 2019, mais 2 de moins qu'en 2018, année où la grippe saisonnière a été particulièrement longue et virulente. Si on se base sur la moyenne 2018-2019, on obtient donc une surmortalité départementale de 9,5%.
 

Le Pas-de-Calais, lui, a comptabilisé 2171 décès du 1er mars au 19 avril. C'est 128 de plus que l'an dernier, mais 116 de moins qu'en 2018. Si on se base sur la moyenne 2018-2019, on obtient donc une très légère surmortalité départementale de 0,3%.
 

Mais les chiffres de mortalité commune par commune, secteur par secteur, permettent de nuancer ce tableau d'ensemble. Vous pouvez cliquer directement ci-dessous sur l'arrondissement administratif qui vous concerne ou vous intéresse pour lire notre analyse détaillée : 

Une surmortalité très variable selon les villes et territoires


En cartographiant les données de surmortalité, on constate que le Nord et le Pas-de-Calais ne sont pas touchés de la même façon selon les territoires. On observe également des zones se dessiner qui ne correspondent pas uniquement aux fortes densités de population.

Dans le Nord, la surmortalité s'observe principalement dans quatre secteurs. Tout d'abord, la métropole lilloise avec une continuité vers le sud, dans un axe qui relierait Tourcoing, près de la frontière belge, à Douai. Cet axe correspondrait pratiquement à celui formé par les autoroutes A22, A1 et A21 (voir la version de la carte en Google Map ci-dessous avec une présentation différente).
 
Le second secteur est le Hainaut-Cambrésis, dans un axe Cambrai-Valenciennes, qui correspondrait, lui, à l'autoroute A2. La troisième concentration de surmortalité est l'agglomération dunkerquoise. On en observe enfin une quatrième, plus réduite, dans les Flandres, entre Dunkerque et Lille.
 

Dans le Pas-de-Calais, la répartition de cette surmortalité est plus diffuse. On note toutefois une concentration plus importante dans le secteur d'Hénin-Carvin, dans le prolongement de la métropole lilloise et du Douaisis. Et une autre, plus surprenante, dans le Montreuillois, entre les communes côtières de Camiers et Berck, en passant par Le Touquet.     
 

Dans les deux départements, cette surmortalité s'observe à la fois dans des communes riches (Marcq-en-Baroeul, Lambersart, Le Touquet) et dans des communes où le taux de pauvreté dépasse les 30% (Frévent, Liévin, Avesnes-sur-Helpe).  

La situation diffère dans les grandes villes. Si dans le Nord, Lille (+5%), Valenciennes (+17%), Dunkerque (+35%), Tourcoing (+20%), Villeneuve-d'Ascq (+15%), Douai (+38%), Marcq-en-Baroeul (+70%) et Cambrai (+37%) ont une mortalité en hausse, c'est n'est pas le cas pour Roubaix, Wattrelos et Maubeuge. A Wattrelos, le nombre de décès enregistrés entre le 1er mars et le 19 avril est conforme à la moyenne des années précédentes. Dans les deux autres villes, il a baissé : -6% pour Maubeuge, -8% pour Roubaix. 
 

Dans le Pas-de-Calais, seules 2 des 8 villes du département qui comptent plus de 20 000 habitants enregistrent une mortalité en hausse : Béthune (+6%) et Liévin (+34%). Pour les autres, on constate une mortalité inférieure comparée à la moyenne des deux années précédentes : -10% à Arras, -15% à Lens, -3% à Bruay-la-Buissière, -1% à Calais, -3% à Hénin-Beaumont et -7% à Boulogne-sur-mer.
 

Le surcroît de décès enregistré dans certaines grandes villes du Nord et du Pas-de-Calais entre le 1er mars et le 19 avril doit cependant être relativisé. Il se situe bien en deçà de celui des villes françaises les plus touchées par l'épidémie de coronavirus Covid-19, notamment dans le Grand-Est ou en Ile-de-France. A Mulhouse (110 000 habitants), la mortalité a bondi de 125% sur la même période, ce qui représente 395 décès de plus que la moyenne des deux dernières années.    

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Lille


C'est la plus grosse agglomération des Hauts-de-France qui concentre à elle seule quatre des dix villes les plus peuplées de la région. 34 des 109 villes du Nord qui présentent une surmortalité s'y trouvent (31,2%).
 

A Lille, qui a accueilli dans son CHU de nombreux patients de toute la région atteints du Covid-19, la mortalité a progressé de 5% entre le 1er mars et le 19 avril. C'est 32 morts de plus que la moyenne des deux dernières années.

Les données Insee nous indiquent également que - toutes causes confondues - 87% des personnes décédées durant cette période dans les hôpitaux et cliniques privées lillois étaient domiciliées dans le département du Nord, 9% dans le Pas-de-Calais, 2% en Picardie (Somme, Oise et Aisne), 2% dans un autre département français hors-région Hauts-de-France. Mais on ignore la répartition pour les seuls décès du Covid-19.
 
A Tourcoing, où le CH Dron a dû traiter lui aussi des patients contaminés par le coronavirus, la mortalité a progressé davantage : +20% (31 morts de plus qu'en 2018-2019, soit presqu'autant qu'à Lille).
 

Dans cette ville, les décès en milieu hospitalier ont progressé de 16% (18 morts de plus), ceux au domicile de 26% (9 décès de plus). 
 
Si la mortalité a progressé aussi à Villeneuve-d'Ascq (+15%, 6 décès de plus qu'en 2018-2019), Wasquehal (+19%, 4 décès de plus), Armentières (+24%, 13 décès de plus) et Mons-en-Baroeul (+50%, 3 décès de plus), elle a revanche stagné à Wattrelos et diminué à Roubaix (-8%, 15 décès de moins), ainsi qu'à La Madeleine (-36%, 4 décès de moins) et Loos (-3%, 1 décès de moins). 

La situation à Lambersart et Marcq-en-Baroeul a retenu notre attention : ces deux communes aisées présentent un taux de surmortalité plus fort que dans la plupart des autres grandes villes de l'agglomération lilloise. Entre le 1er mars et le 19 avril, le nombre de décès a progressé de 78% à Lambersart : 16 morts au total, soit 7 de plus que la moyenne des deux années précédentes. A Marcq-en-Baroeul, la mortalité a elle aussi bondi de 70% : 51 décès au total, soit 21 de plus que la moyenne des deux dernières années.

Dans les deux villes, il s'agit essentiellement de décès survenus au domicile de personnes âgées, voire très âgées (91 ans de moyenne d'âge à Marcq-en-Baroeul, 82 ans à Lambersart).
 

Même si on sait que le coronavirus a circulé dans la métropole lilloise, difficile d'en conclure qu'il est directement à l'origine de la hausse des décès dans ces deux villes. "Aucun maire ne connait les chiffres de décès du Covid-19 dans sa commune", assure Bernard Gérard, le maire (LR) de Marcq-en-Baroeul.

Ses services municipaux nous ont transmis d'autres chiffres sur les décès survenus entre le 1er mars et le 19 avril, extraits eux des registres d'état civil. Contrairement aux données de l'Insee, elles contiennent en plus les décès de résidents marcquois morts en dehors de la commune. Au total, la mairie a compté 87 décès sur cette même période contre 43 en 2019 et 78 en 2018. Cela représente une surmortalité de 42% par rapport à la moyenne des deux dernières années, moins élevée que celle obtenue via les chiffres de l'Insee, mais néanmoins substantielle.
 
C'est Halluin qui enregistre, en pourcentage, la plus forte hausse de la mortalité de tout le Nord et le Pas-de-Calais pour une ville de plus de 20 000 habitants : +140%. Cette ville frontalière de la Belgique, située dans le nord de la métropole lilloise, a recensé, entre le 1er mars et le 19 avril,  7 décès de plus que la moyenne des deux années précédentes (4 de plus au domicile, 2 de plus en maison de retraite).

Une surmortalité comparable s'observe également dans deux communes frontalières voisines : Bousbecque (+200%, 2 morts de plus que la moyenne 2018-2019) et surtout Comines (+183%, 11 morts de plus que la moyenne 2018-2019). Pour Comines, les données transmises à l'Insee sont "non renseignées". On ne sait donc pas si ces décès sont survenus au domicile ou en établissement médico-social.

Difficile là encore de mesurer l'impact du coronavirus. On sait seulement que dans la commune belge de Comines-Warneton, juste de l'autre côté de la frontière formée par la Lys, 90 cas de Covid-19 ont été recensés par les autorités sanitaires à ce jour. Le premier décès lié à l'épidémie en Wallonie picarde a été signalé dans cette entité, le 19 mars. Un autre a été rapporté depuis par la presse locale dans une maison de retraite. Rappelons que la Belgique est l'un des pays d'Europe qui a le plus souffert de l'épidémie au regard de sa population (plus de 8500 morts à ce jour pour 11,5 millions d'habitants). 
 
Une surmortalité s'observe également dans plusieurs communes du sud de la métropole lilloise. A Seclin, la mortalité a augmenté de 13% par rapport à aux deux années précédentes, soit 8 décès de plus que la moyenne. A l'hôpital, doté d'une unité Covid-19, le nombre de décès est resté stable (1 décès de plus que la moyenne). Il a augmenté en revanche au domicile (3 décès de plus que la moyenne). Le reste de l'augmentation concerne des décès "non-renseignés".

La mortalité a aussi progressé significativement, du 1er mars au 19 avril, dans les communes voisines de Phalempin (+500%, 5 décès de plus que la moyenne 2018-2019), Pont-à-Marcq (+400%, 4 décès de plus) et Annoeullin (+200%, 4 décès de plus). A Phalempin, il s'agit uniquement de décès survenus au domicile avec une moyenne d'âge de 83 ans. 
 
A Annoeullin aussi, ce sont essentiellement des personnes décédées chez elles, mais avec une moyenne d'âge plus basse (71 ans). A Pont-à-Marcq, ce sont les décès en maison de retraite qui ont augmenté : 2 cette année sur cette période, contre aucun les deux années précédentes. La moyenne d'âge des personnes décédées sur la commune est de 84 ans.

Mais difficile là encore d'évaluer l'impact du Covid-19 sur cette surmortalité qui peut être aussi liée à d'autres pathologies. On sait toutefois que le coronavirus a bien circulé dans ce secteur du sud de la métropole lilloise. Selon nos confrères de La Voix du Nord, les soignants de la maison médicale de Wavrin ont indiqué avoir examiné environ 300 patients atteints du Covid-19 (testés positifs ou suspects). 5 d'entre eux ont dû être hospitalisés, aucun n'est décédé à ce jour.

 

La sumortalité dans l'arrondissement de Douai


C'est dans le Douaisis qu'ont été signalés quelques uns des premiers cas de Covid-19 dans le Nord, début mars. A Roost-Warendin et Flines-lez-Râches, plusieurs fidèles de l'église protestante de la Porte Ouverte Chrétienne du Pévèle - dont certains membres s'étaient rendus au fameux rassemblement évangélique de Mulhouse mi-février - avaient contracté la maladie. Beaucoup nous ont signalé depuis être guéris.
 
A Roost-Warendin et à Flines-lez-Râches, on n'observe en tout cas aucune surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril. A Roost-Warendin, on compte même 3 décès de moins par rapport à la moyenne des deux dernières années (-60%).

En revanche, 12 autres communes de l'arrondissement ont enregistré cette année davantage de morts sur la même période. C'est le cas notamment à Douai où la mortalité a progressé de 38% (10 décès de plus que la moyenne 2018-2019). Il s'agit essentiellement de personnes décédées à leur domicile, avec une moyenne d'âge de 74 ans.

Difficile d'y voir un effet Covid-19, d'autant que dans la commune voisine de Dechy, où est implanté le centre hospitalier de Douai, la mortalité a fortement diminué dans le même temps : 35 décès de moins qu'en 2018-2019 (-21%).
 

Davantage de communes présentent en revanche une surmortalité à l'est de l'arrondissement de Douai, à la "frontière" du Valenciennois. C'est le cas notamment à Saméon (+300% ; 3 décès de plus que la moyenne 2018-2019), à Orchies (+100%  ; 5 décès de plus) ou encore à Marchiennes (+50% ; 7 décès de plus). 

A Saméon, sur 4 morts enregistrées entre le 1er mars et le 19 avril 2020, 3 sont survenues au domicile, 2 en maison de retraite (moyenne d'âge 79 ans). Même proportions à Orchies avec 6 décès au domicile et 4 en établissement pour personnes âgées (moyenne d'âge 78 ans). A Marchiennes, 90% des décès ont eu lieu en milieu hospitalier (moyenne d'âge 84 ans). 

Mais c'est une autre commune du secteur qui présente la plus forte surmortalité en pourcentage de tout le Nord et le Pas-de-Calais : à Marquette-en-Ostrevant, 8 personnes sont décédées sur la même période, soit 7 de plus que la moyenne enregistrée en 2018 et 2019. Une hausse de 700%. Le lieu des décès n'a pas été renseigné dans les données transmises à l'Insee. On sait juste que la moyenne d'âge des défunts est très élevée (91 ans).
  
Dans cette commune, il existe une maison de retraite, l'Ehpad du Champ-d'Or. Contactée, l'association Accès qui gère cet établissement nous confirme 6 décès de résidents liés au Covid-19 à ce jour. La surmortalité est donc bien ici un révélateur.

A noter que la commune voisine de Bouchain, située administrativement dans l'arrondissement de Valenciennes, a enregistré elle aussi une forte hausse de la mortalité : +300% (6 morts de plus que la moyenne des deux années précédentes). Au total, 4 personnes se sont éteintes à leur domicile, 3 autres en maisons de retraite.

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Valenciennes


Outre Bouchain, 19 autres communes du Valenciennois ont enregistré une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril. Et dans ce secteur, un lien avec l'épidémie de Covid-19, semble pouvoir être établi. "On constate que, sur les Hauts-de-France, il reste un cluster (foyer épidémique) au niveau du Hainaut", déclarait, le 15 avril, le directeur du Centre hospitalier de Valenciennes, Rodolphe Bourret, à L'Observateur du Valenciennois. Il dénombrait alors "161 patients admis au sein de nos différentes unités Covid-19".
 

"Il y a malheureusement et régulièrement encore des décès", expliquait-il alors. "On en déplore entre un et trois par jour en moyenne". "Mais il faut insister sur le taux de décès qui reste relativement faible par rapport au nombre de patients atteints du Covid-19 que nous avons dans nos lits", nuançait-il toutefois.

D'après les données de l'Insee, la mortalité sur la ville de Valenciennes a augmenté de 17% entre le 1er mars et le 19 avril par rapport à la même période en 2018 et 2019. C'est 31 morts de plus. 
 
A Valenciennes, 87% des décès sont survenus à l'hôpital ou en clinique. La mortalité hospitalière a augmenté de 16% par rapport aux deux dernières années, ce qui correspond à la moyenne observée dans l'ensemble de la commune.

"On est sur un bassin de population de 800 000 habitants, une zone urbaine dense, avec un risque de propagation plus important. Il y a aussi un cluster en Belgique, et peut-être une certaine porosité des frontières", analysait le directeur du Centre hospitalier de Valenciennes dans un autre entretien à La Voix du Nord.
 
 
Autour de Valenciennes, d'autres villes ont enregistré une forte hausse de la mortalité. A Saint-Amand-les-Eaux, 41 décès ont été recensés au total entre le 1er mars et le 19 avril, soit 15 de plus qu'en 2018-2019 (+54%). Le 23 avril, Michel Thumerelle, directeur du centre hospitalier de Saint-Amand, avait indiqué à La Voix du Nord qu'il déplorait 11 décès liés au coronavirus : 4 au sein de son unité Covid-19 et 7 dans son Ehpad de la résidence du Bruille. Sur 89 résidents, 60 avaient alors contracté la maladie.
 
"Dix décès peuvent être imputés au Covid-19, même s’ils n’ont pas tous été testés", indiquait le même jour à La Voix du Nord la direction de la résidence privée Korian Le Halage à Bruay-sur-l'Escaut. Dans cette commune, 12 décès ont été comptabilisés au total entre le 1er mars et le 19 avril, soit 8 de plus que lors des deux années précédentes (+200%). Dans les données transmises à l'Insee, seules 3 morts en maison de retraite sont mentionnées et 9 morts au domicile. Mais d'autres décès ont sans doute été enregistrés entre le 19 et le 23 avril. Il est également possible que certains résidents soient morts à l'hôpital, dans une autre ville, et leur décès enregistré dans cette autre commune.

Toujours dans le Valenciennois, on note également une forte hausse de la mortalité à Fresnes-sur-Escaut (+60% ; 3 décès de plus que la moyenne 2018-2019), Aulnoye-lez-Valenciennes (+200% ; 4 décès de plus), à Maing (+300%, 6 décès de plus) ainsi qu'à Quiévrechain, ville frontalière de la Belgique (+267% ; 8 décès de plus).

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Cambrai  


Dans le prolongement sud du Douaisis et du Valenciennois, le Cambrésis compte 12 communes enregistrant une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril. Leur répartition est en revanche plus diffuse que dans les arrondissements précédents.

A Cambrai même, la mortalité a augmenté de 37% avec 48 décès de plus que la moyenne des années 2018-2019. 87% des décès sont survenus en milieu hospitalier. Comme dans le Hainaut, un lien avec le coronavirus semble pouvoir être établi.

Selon L'Observateur du Cambrésis, à la date du 21 avril, l'hôpital de Cambrai avait pris en charge, depuis le début de l'épidémie, plus de 380 patients atteints ou suspectés d'être atteints du Covid-19, dont 134 ont dû être hospitalisés. Le nombre de décès liés au coronavirus n'avait pas été communiqué en revanche.
 
"Nous avons un devoir de réserve qui ne nous permet pas de donner de chiffre, et nous ne sommes pas autorisés à communiquer sur le sujet", a expliqué Philippe Legros, le directeur du centre hospitalier, dans un entretien accordé à nos confrères de L'Observateur le 30 avril. "Nous avons évidemment eu des décès à constater à l’hôpital. On peut parler d’un chiffre identique à la moyenne nationale. Mais il faut faire attention aux chiffres car à l’hôpital, nous traitons évidemment les cas les plus graves, il est logique d’y avoir une surmortalité. Mais le nombre de patients à l’hôpital ne reflète pas l’ensemble des cas Covid constatés dans le Cambrésis, notamment par les médecins libéraux".

Une hausse substantielle de la mortalité est également constatée dans deux communes voisines de Cambrai : Neuville-Saint-Rémy (+275% ; 11 décès de plus qu'en 2018-2019) et Raillencourt-Sainte-Olle (+300% ; 3 décès de plus).

A Neuville-Saint-Rémy, la plupart des 15 décès enregistrés sur cette période sont survenus en établissement pour personnes âgées. Début avril, le maire d'Haynecourt, Alain Parsy, avait annoncé à La Voix du Nord que Joanna, sa mère de 85 ans, résidente neuvilloise, avait succombé du Covid-19. "Elle résidait dans un béguinage à Neuville-Saint-Rémy et on suppose qu’elle a été infectée par un voisin qui était son partenaire de belote. Il est décédé une semaine avant elle, à 66 ans. Aucun autre résident n’a été atteint". M.Parsy et son épouse ont d'ailleurs eux aussi contracté le coronavirus mais sont désormais guéris.

Rappelons que dans le Cambrésis, un médecin généraliste de Villers-Outréaux, le Dr Philippe Lerche, 64 ans, est décédé des suites du coronavirus le 20 avril.   
 
 

La surmortalité dans l'arrondissement d'Avesnes-sur-Helpe


Territoire rural enclavé, à l'est du département du Nord, l'Avesnois ne compte que 9 communes présentant une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril. Leur répartition est très diffuse là aussi. La principale ville du secteur, Maubeuge, a enregistré une légère baisse du nombre de décès sur cette période comparé aux années 2018 et 2019 : -6% (7 décès de moins). Même observation dans les principales villes de son agglomération : -13% à Hautmont (2 décès de moins), -33% à Louvroil (1 décès de moins) et -50% à Jeumont (5 décès de moins).
 
Des cas de Covid-19 ont pourtant été traités à l'hôpital de Maubeuge. Le 10 avril, les responsables de l'établissements annonçaient ainsi à La Voix du Nord "49 patients hospitalisés en zone Covid, dont 37 déclarés positifs". 10 décès liés au coronavirus avaient alors été comptabilisés. Mais cela n'a visiblement pas entraîné de surcroît de mortalité à l'échelle de l'agglomération maubeugeoise. 

"Il a été décidé en amont d’orienter (les) résidents (d'Ehpad) vers le Centre hospitalier d’Avesnes", informait alors la direction de l'hôpital de Maubeuge. Coïncidence ou non, c'est à Avesnes-sur-Helpe, plus au sud, qu'on enregistre la hausse de mortalité la plus significative de tout l'arrondissement : +30%, soit 10 décès de plus que la moyenne des deux dernières années.

Le 10 avril, le Centre hospitalier d'Avesnes signalait à La Voix du Nord un total de 5 patients décédés du coronavirus. Selon les données de l'Insee, l'excès de mortalité dans la commune entre le 1er mars et 19 avril venait principalement de l'hôpital (4 décès de plus qu'en 2018-2019), mais aussi des maisons de retraite (3 décès de plus) et des morts au domicile (3 décès de plus).

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Dunkerque


Après la métropole lilloise, l'arrondissement de Dunkerque est celui dans le Nord qui compte le plus de communes présentant une surmortalité : 22 au total. Elle se concentrent principalement sur deux secteurs, l'agglomération dunkerquoise et les Flandres dans un secteur compris entre Nieppe et Wormhout.

A Dunkerque même, la mortalité entre le 1er mars et le 19 avril a augmenté de 35% par rapport à la moyenne des deux années précédentes. C'est 55 décès de plus (dont 38 de plus en hôpital, 6 de plus en maison de retraite et 9 de plus au domicile)
 
Dans un communiqué relayé par Le Phare Dunkerquois le 24 avril, le Centre hospitalier de Dunkerque comptabilisait 31 décès liés au Covid-19. On peut donc estimer que l'épidémie a contribué à cette hausse de la mortalité.
 
D'autres communes de l'agglomération dunkerquoise présentent elles aussi une hausse notable de la mortalité sur cette période : +34% à Grande-Synthe (13 décès de plus que la moyenne 2018-2019) et +54% à Coudekerque-Branche (13 décès de plus), une ville où cinq élus ont été contaminés par le coronavirus après le premier tour des élections municipales le 15 mars. Deux d'entre eux avaient dû être hospitalisés.
 
La mortalité a aussi augmenté dans six autres communes du Dunkerquois (Brouckerque, Grand-Fort-Philippe, Téteghem-Coudekerque-Village, Ghyvelde, Armbouts-Cappel, Warhem). Si le surcroît de décès en pourcentage est souvent à trois chiffres, il ne représente en données brutes que 11 décès de plus pour l'ensemble de ces villes. Ce qui n'est pas pour autant insignifiant à leur échelle.
 

Même observation dans la campagne flamande où une dizaine de communes présentent une forte surmortalité pour un petit nombre de décès supplémentaires observés entre le 1er mars et le 19 avril : +100% à Arnèke (4 décès de plus par rapport à la moyenne 2018-2019), +100% à Wormhout (1 décès de plus), +100% à Herzeele (1 décès de plus), +100% à Godewaersvelde (2 décès de plus), +300% à Boeschepe (3 décès de plus), +100% à Saint-Jans-Cappel (1 décès de plus),  +75% à Vieux-Berquin (3 décès de plus), +200% au Doulieu (2 décès de plus), +100% à Steenwerck (3 décès de plus) ou encore +40% à Nieppe (2 décès de plus).

Difficile de conclure pour ces communes à un effet Covid-19. A une exception près cependant : Arnèke. Les 8 décès recensés dans cette commune entre le 1er mars et le 19 avril ont tous eu lieu en maison de retraite. Or, le 10 avril, le directeur de l'Ehpad Van Kempen implanté sur cette commune de 1600 habitants avait déjà signalé 4 résidents décédés des suites du coronavirus dans son établissement.
 
"Nos soignants craquent, j’ai vu beaucoup de nos salariés pleurer ces derniers jours (...) les yeux rougis certes, chacun se ressaisit afin de se rendre disponible et efficace", avait alors écrit Frédéric Delautre aux familles des résidents.
 
A noter que les deux principales villes des Flandres, Hazebrouck et Bailleul ne présentent pas de surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril. Le nombre de morts a baissé de 7% dans la première (3 décès de moins qu'en 2018-2019) et de 22% dans la seconde (6 décès de moins).

A la date du 28 avril, le centre hospitalier d'Hazebrouck a toutefois signalé à La Voix du Nord 8 décès liés à l'épidémie, dont 6 étaient des résidents d'Ehpad.

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Lens


Dans le Pas-de-Calais, 14 des 70 communes qui présentent une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril se trouvent dans l'arrondissement de Lens. Avec une situation très inégale sur le territoire. La moitié est concentrée dans l'agglomération d'Hénin-Carvin : Carvin (+33 % ; 4 décès de plus qu'en 2018-2019), Oignies (+71% ; 5 décès de plus), Libercourt (+33% ; 1 décès de plus), Leforest (+133% ; 4 décès de plus), Courcelles-lès-Lens (+100% ; 2 décès de plus), Montigny-en-Gohelle (+29% ; 2 décès de plus) et Rouvroy (+200% ; 4 décès de plus).

La première personne décédée du Covid-19 dans le Pas-de-Calais était une habitante d'Hénin-Beaumont, âgée de 49 ans. C'était le 10 mars au CHU de Lille. Pour l'Insee, son décès figure donc dans les chiffres lillois et non dans ceux de sa commune de résidence. A la date du 19 avril, Hénin-Beaumont ne présentait pas d'ailleurs de surmortalité : la ville comptait 2 décès de moins qu'en 2018-2019 à la même période (-3%). 
 
S'il est établi que le coronavirus a circulé dans cette agglomération, difficile d'en mesurer l'impact réel sur la mortalité. A Carvin, où 4 décès de plus sont survenus par rapport aux deux dernières années, on trouve une mère de famille de 35 ans tuée par son compagnon avec ses deux enfants de 11 et 16 ans. Une horrible tragédie survenue dans la soirée du 5 avril, en plein confinement.
 
Difficile également d'analyser l'impact de l'épidémie sur la surmortalité observée à Oignies, la plupart des 12 décès enregistrés sur la commune ayant été constatés au domicile. On sait juste que l'âge moyen des défunts était de 86 ans.

Dans les autres secteurs de l'arrondissement, Lens - doté d'un important centre hospitalier - n'a pas enregistré de surmortalité. Entre le 1er mars et le 19 avril, l'ancienne ville minière a compté 29 décès de moins qu'en 2018-2019 (-15%). 

Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a pas eu de morts liés au Covid-19 à Lens. A la date du 23 avril, comme l'avait relayé la radio Horizon, le Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) de l’Artois en dénombrait 43 depuis le début de l'épidémie (le bilan est passé à 51 le 7 mai), mais ces décès étaient répartis sur quatre hôpitaux : Lens, Hénin-Beaumont, Béthune-Beuvry et La Bassée (arrondissement de Lille).
 

Ces victimes de l'épidémie n'ont en tout cas pas entraîné de hause significative de la mortalité dans ces villes (la commune de La Bassée enregistre une hausse de 33% de la mortalité mais cela ne représente que 2 décès de plus qu'en 2018-2019).
 
La situation est différente dans l'autre grande ville du secteur, Liévin, qui enregistre, elle, une surmortalité de 34%. C'est 27 décès de plus qu'en 2018-2019, dont 15 de plus en milieu hospitalier. On compte également 7 décès supplémentaires "non-renseignés".

A Billy-Montigny aussi, on observe une hausse notable de la mortalité (+250% ; 5 décès de plus). Mais ces décès sont "non-renseignés" dans les données de l'Insee. La moyenne d'âge est de 75 ans. A Harnes, le nombre de morts s'est élevé de 65%, par rapport aux deux précédentes années, soit 4 décès de plus. Il ne s'agit que de décès survenus au domicile (moyenne d'âge 78 ans). 

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Béthune


12 communes de cet arrondissement présentent une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril. C'est le cas notamment de Béthune où le nombre de décès n'a toutefois augmenté que de 6% par rapport aux deux dernières années. Cela représente 3 décès de plus, ce qui est peu significatif pour une ville de 25 000 habitants.

 
Dans la commune voisine de Beuvry, où est implanté le Centre Hospitalier de Béthune-Beuvry, la mortalité a même diminué par rapport à la même période en 2018 et 2019 : 7 morts de moins (-6%). 
 

Bruay-la-Buissière, autre ville importante du secteur, a également enregistré un décès de moins par rapport aux deux dernières années à pareille époque (-3%).
 
Seules quelques communes de l'arrondissement affichent une surmortalité notable selon les données fichiers de l'Insee. A Auchel, on relève 6 décès de plus qu'en 2018-2019 (+86%). Ce sont surtout les décès au domicile qui ont augmenté. La moyenne d'âge des défunts était de 81 ans. 

On constate aussi une hausse de la mortalité dans deux autres communes situées à la "frontière" de l'Audomarois. A Ham-en-Artois, 5 décès ont été enregistrés entre le 1er et le 19 avril, tous au domicile des défunts, avec une moyenne d'âge de 90 ans. C'est 4 de plus que la moyenne des deux dernières années ce qui représente, à l'échelle de cette petite commune d'à peine 1000 habitants, une surmortalité de 400%.

A Saint-Venant, la commune a déclaré un total de 15 décès, soit 9 de plus qu'en 2018-2019 sur la même période (+150%). Il s'agit principalement de morts survenues en maison de retraite. La moyenne d'âge des défunts était de 85 ans. 
  
 

La surmortalité dans l'arrondissement de Saint-Omer  


Dans l'Audomarois, on ne compte que 5 communes présentant une surmortalité. Il est donc difficile de la relier là aussi à l'épidémie de coronavirus. Entre le 1er mars et le 19 avril, la ville d'Aire-sur-la-Lys, voisine de Saint-Venant, a enregistré 21 décès, soit 4 de plus que la moyenne observée sur les deux dernières années (+24%). La moitié est survenue en milieu hospitalier, l'autre au domicile (moyenne d'âge 82 ans). 

A Longuenesse, on note aussi 4 décès de plus qu'en 2018-2019, ce qui représente une hausse de 85% pour cette ville (77 ans de moyenne d'âge). Selon les données transmises à l'Insee, on compte davantage de décès en maison de retraite cette année. 
 
A Saint-Omer en revanche, la mortalité a diminué par rapport aux dernières années : 5 décès de moins (-45%). Même observation à Helfaut, où est implanté le Centre Hospitalier de la Région de Saint-Omer (CHRSO). La commune a déclaré 7 décès de moins, soit une baisse de 8%.  

Selon La Voix du Nord, 12 patients atteints du Covid-19 étaient décédés des suites du Covid-19 au CHRSO, à la date du 23 avril (14 désormais à ce jour).

 

La surmortalité dans l'arrondissement d'Arras


Dans l'Arrageois, arrondissement très étendu du sud du Pas-de-Calais, la répartition des communes présentant une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril est très diffuse. Elles sont 13 au total.

Arras n'en fait pas partie. A la date du 10 avril, nos confrères de La Voix du Nord rapportaient un total de 12 morts liées au Covid-19 au centre hospitalier (CHA). Mais la mortalité a en fait baissé de 10% par rapport aux deux années précédentes sur l'ensemble de la ville. Cela représente 20 décès de moins rapport à la moyenne observée en 2018 et 2019. 
 


Plusieurs communes de l'agglomération arrageoise enregistrent en revanche une surmortalité, même si la forte hausse en pourcentage n'est pas toujours significative en chiffres bruts : +100% à Sainte-Catherine (1 décès de plus qu'en 2018-2019), +100% à Neuville-Saint-Vaast (1 décès en plus), +200% à Souchez (2 décès de plus), +29% à Saint-Laurent-Blangy (2 décès de plus), +17% à Achicourt (1 décès de plus), +250% à Biache-Saint-Vaast (5 décès de plus). 

La hausse de la mortalité constatée à Dainville interpelle davantage. Elle porte sur 10 décès de plus (+43%). La commune a déclaré principalement des morts survenues en milieu hospitalier, aucune en maison de retraite. Mais on trouve en fait à Dainville des unités de gériatrie rattachées au Centre hospitalier d'Arras, dont deux Ehpad où des cas de résidents positifs au Covid-19 avaient été rapportés par La Voix du Nord et L'Avenir de l'Artois à la fin du mois de mars.

On observe également une hausse de la mortalité sur la commune de Gauchin-Verloingt, à côté de Saint-Pol-sur-Ternoise. 19 personnes ont succombé entre le 1er mars et le 19 avril, soit 9 de plus qu'en 2018-2019 (+90%). Le 10 avril, La Voix du Nord avait signalé dans cette ville "une vague de décès" liés au coronavirus dans l’unité de vie Alzheimer (UVA) "Carpe Diem", parlant même de "mini-cluster". 11 des 27 patients suivis avaient été infectés, dont 8 sont décédés. 
 
"On ignore comment le virus est entré", avait alors indiqué Claire Vincent, directrice déléguée au Centre hospitalier du Ternois. "Il n’est pas exclu que ce soit par l’intermédiaire des familles parce que les visites ont eu lieu jusqu’au 13 mars". "(Les) troubles cognitifs (des patients) font qu’on ne peut pas leur demander de rester en chambre", avait témoigné la gériatre Bincy Darré, Cheffe de pôle. "Ils ont besoin de déambuler. Si on les confine, on va les perdre autrement". 

La moyenne des personnes décédées sur Gauchin-Verloingt était de 91 ans. Dans les communes limitrophes, on n'observe pas de surcroît de mortalité (-22% des décès à Saint-Pol-sur-Ternoise, soit 4 décès en moins par rapport à 2018-2019). Le phénomène était donc très localisé.

La mortalité a progressé ailleurs dans le sud-arrageois, notamment à Bapaume (+50% ; 6 décès de plus qu'en 2018-2019) et à Frévent (+125% ; 5 décès de plus), avec là encore la perte de personnes très âgées (88 ans de moyenne d'âge à Bapaume, 92 ans à Frévent). Dans ces deux villes, la très grande majorité des décès sont survenus en maisons de retraite. Début avril, L'Avenir de l'Artois avait signalé trois résidents positifs au Covid-19 dans un Ehpad de Bapaume et un foyer de vie.

A Croisilles, petite commune traversée par l'autoroute A1 au beau milieu de la campagne artésienne, on comptabilise 10 décès entre le 1er mars et le 19 avril, tous survenus là encore en maison de retraite (88 ans de moyenne d'âge). C'est 7 de plus que la moyenne observée sur 2018 et 2018 à la même époque. Là aussi, la surmortalité est très localisée.

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Montreuil  


Territoire rural et peu dense, réputé pour les plages de son littoral, le Montreuillois compte 11 communes présentant une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril, avec une concentration particulière vers la côte.

Si à Camiers (+25% ; 1 décès de plus qu'en 2018-2019) et à Merlimont (+100% ; 1 décès de plus qu'en 2018-2019), cet excès semble assez peu significatif, il en va autrement à Berck, Rang-du-Fliers et Montreuil-sur-mer.
 

A Rang-du-Fliers, où se situe le Centre Hospitalier de l'Arrondissement de Montreuil-sur-mer (CHAM), la mortalité a progressé de 24% sur cette période par rapport à la moyenne observée sur les deux dernières années. Cela représente 14 morts de plus. La quasi-totalité des décès sont survenus en milieu hospitalier (79 ans de moyenne d'âge).

A la date du 17 avril, le CHAM comptait, selon Le Réveil de Berck, un total de 20 patients décédés des suites du Covid-19. 

A Berck, la mortalité a bondi 81%, soit 17 décès de plus qu'en 2018-2019 (moyenne d'âge 80 ans). Sur les 38 morts recensées par la commune, 11 ont été constatées en milieu hospitalier, 5 au domicile et 22 en maison de retraite. A la date du 3 avril, La Voix du Nord avait rapporté 6 décès à l'Ehpad des Oyats, liés au coronavirus.
 
A Montreuil, la commune a transmis à l'Insee 13 décès survenus entre le 1er mars et le 19 avril, soit 8 de plus que la moyenne observées sur la même période en 2018 et 2019 (+160%). Ils n'étaient pas "renseignés" mais on sait que la moyenne d'âge des défunts était de 85 ans. Le 3 avril, 2 décès liés à l'épidémie avaient été signalés par La Voix du Nord à l'Ehpad Saint-Walloy. 

Au Touquet-Paris-Plage, la situation est différente. 10 décès au total - toutes causes confondues - ont été enregistrés sur la station balnéaire sur la même période, soit 4 de plus que la moyenne 2018-2019 (+67%). Sur ces 10 décès, 4 ont été constatés au domicile et les six autres portent la mention "autre" sans plus de précision. Difficile donc d'établir un lien avec l'épidémie.
 
On sait juste que la moyenne d'âge des personnes décédées au Touquet était de 81 ans. Dans la commune voisine d'Etaples, il n'y a pas eu de surmortalité observée (2 décès de moins qu'en 2018-2019 ; -33%).

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Boulogne-sur-mer


Dans le Boulonnais, 10 communes présentent une surmortalité entre le 1er mars et le 19 avril. Boulogne-sur-mer n'en fait pas partie. Le nombre de décès dans la ville a baissé de 7% (10 décès de moins) par rapport à la moyenne enregistrée sur la même période en 2018 et 2019.

Le 24 avril, La Voix du Nord indiquait que 8 patients du centre hospitalier de Boulogne-sur-Mer (CHB) étaient décédés des suites du Covid-19. L'épidémie a donc eu peu d'incidence sur la mortalité dans cette ville de plus de 40 000 habitants.

Une surmortalité s'observe en revanche dans certaines communes du Boulonnais mais elle reste assez peu signifiante pour la plupart : +29% à Outreau (2 décès de plus qu'en 2018-2019), +25% à Saint-Leonard (1 décès de plus), +100% à Pernes-lès-Boulogne (1 décès de plus), +40% à Marquise (2 décès de plus), +200% à Rety (2 décès de plus), +100% à Rinxent (1 décès de plus), +50% à Desvres (3 décès de plus), +100% à Longfossé (1 décès de plus).
 
Saint-Martin-Boulogne compte, elle, 7 décès de plus (+19%). Il s'agit principalement de personnes décédées en milieu hospitalier, avec une moyenne d'âge de 74 ans. On sait que, sur la commune, le Centre Médical Chirurgical Obstétrical de la Côte d'Opale (hôpital privé) a pris en charge une vingtaine de patients atteints du Covid-19 mais le lien avec l'épidémie n'est pas évident à établir.

Le Portel a enregistré de son côté 4 décès de plus qu'en 2018-2019 (+80%). Il s'agit uniquement de personnes décédées à leur domicile, âgées en moyenne de 79 ans.

 

La surmortalité dans l'arrondissement de Calais

Dans le Calaisis, le nombre de décès n'a augmenté que dans cinq communes du 1er mars au 19 avril comparé aux deux années précédentes. A Calais même, la situation est restée stable avec un seul décès de moins que la moyenne observée en 2018 et 2019 sur la même période.
  
A la date du 24 avril, l'hôpital de Calais avait tout de même déploré 19 décès de patients atteints du Covid-19, comme l'avait relayé La Voix du Nord (on en compte désormais 27 selon le dernier bilan communiqué mardi dernier). Selon la direction, la plupart des personnes soignées ici pour le coronavirus étaient et sont originaires du Calaisis ou de la côte.

Si l'épidémie a eu peu d'impact sur la mortalité toutes causes confondues à Calais, le coronavirus a bien circulé dans les environs avec un impact notable dans certaines communes. Le 14 avril, La Voix du Nord rapportait ainsi que cinq résidents d'un même Ehpad d'Oye-Plage étaient décédés des suites du Covid-19. Dans les données de l'Insee, on constate effectivement une nette hausse de la mortalité sur cette commune côtière : +200% par rapport à la moyenne des deux dernières années, soit 10 morts de plus.

Mais sur les 15 décès transmis à l'Insee par la commune d'Oye-Plage, seuls deux sont localisés dans une maison de retraite. Il se peut toutefois que les remontées soient encore incomplètes ou que certains résidents soient morts à l'hôpital, dans une autre ville, et leur décès enregistré dans cette autre commune. Car selon les données de l'Insee, on constate surtout à Oye-Plage une hausse des décès survenus au domicile : 13 entre le 1er mars et le 19 avril contre 6 en 2019 et un seul en 2018 sur la même période. Faut-il y voir une conséquence directe du coronavirus ou un effet collatéral de la crise sanitaire touchant des personnes atteintes d'autres pathologies qui auraient renoncé ou tardé à consulter ? Difficile à déterminer.
 
Une autre commune du Calaisis semble avoir été "impactée" par le coronavirus : Caffiers. Selon La Voix du Nord, entre 3 et 6 résidents de l'Ehpad, situé dans ce village de 750 habitants, seraient décédés des suites du Covid-19. Selon les données de l'Insee, 8 personnes sont mortes à Caffiers entre le 1er mars et le 19 avril toutes causes confondues, dont 6 en maison de retraite et 2 au domicile. C'est 5 décès de plus que la moyenne observée ces deux dernières années, ce qui est loin d'être anodin pour une commune de cette taille (+167%).      

Trois autres communes du Calaisis enregistrent elles aussi une hausse de la mortalité, mais nettement moins significative : Audruicq (+40% ; 2 morts de plus qu'en 2018-2019), Sangatte (+50% ; 2 morts de plus) et Fréthun (+50% ; 1 mort de plus).
 
L'Insee va continuer ces prochaines semaines à mettre à jour ces données sur les décès survenus en France depuis le début de l'épidémie. Elles ne constituent, rappelons-le, qu'un indicateur et ne sauraient se substituer à une étude épidémilogique approfondie pour mesurer le véritable impact du Covid-19. Celle-ci, forcément, prendra beaucoup plus de temps.  
    
Comment l'Insee obtient-elle les informations sur les décès ?
Voici un extrait de la note qui accompagne les données hebdomadaires de décès fournies par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee) :

"L’Insee gère le Répertoire National d’Identification des Personnes Physiques (RNIPP) conformément au décret n° 82-103 du 22 janvier 1982. D’après ce décret, les communes doivent transmettre à l’Insee les informations dès qu’un acte d’état civil est dressé sur le territoire français. (...)

Les mairies ont un délai légal de transmission de ces informations à l’Insee d’une semaine au maximum. Lorsque la transmission se fait sous forme papier, il faut ajouter un délai supplémentaire d’envoi par courrier postal et de saisie par les services de l'Insee. En pratique, ces délais légaux peuvent être allongés pour une partie des communes, ainsi qu’en situation particulière (jours fériés ou pont, et en ce moment avec les circonstances exceptionnelles liées à la situation de confinement par exemple). (...)

Il est important de noter que ces données sont très provisoires et seront révisées à chaque nouvelle publication. Pour autant, l’Insee fait le choix de les mettre à disposition de tous, car elles peuvent permettre de déceler précocement des changements de tendance. Les données les plus récentes sont incomplètes, car les communes ont une semaine pour transmettre les données et le délai de transmission varie en fonction du jour de la semaine. La rapidité de remontée de ces informations varie également selon les départe-ments et pourrait être perturbée par les mesures de confinement, de même que le choix des modalités de transmission (dématérialisé ou courrier postal)."
 
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