Les pêcheurs sont particulièrement inquiets, étant donné que la pêche fait partie des principaux points d'accrochage entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Jean Castex est arrivé jeudi matin à Boulogne-sur-Mer, à la rencontre de pêcheurs inquiets des conséquences du Brexit alors que les négociations patinent toujours à un mois de la fin de la période de transition.
Plus généralement, le Premier ministre, qui se rendra ensuite à Calais, viendra vérifier les préparatifs à cette bascule, qui s'opérera quoiqu'il arrive au 1er janvier 2021, qu'un accord commercial soit trouvé ou non entre l'Union européenne et Londres.
Cette visite intervient d'ailleurs alors que le processus semble s'accélérer: le négociateur européen, Michel Barnier, a indiqué mercredi aux Etats membres que les prochaines heures de discussions seraient décisives, tandis que Boris Johnson, le Premier ministre britannique, s'est dit "optimiste" sur les chances d'aboutir.
Dans l'attente de ce dénouement, l'objectif pour M. Castex est de s'assurer "que les services de l'Etat sont bien mobilisés", tant au niveau des infrastructures que du personnel, dixit Matignon qui souligne que 1.700 agents ont été recrutés dans les services des douanes, vétérinaires, de la police...
"À ce stade, on est confiant sur notre niveau de préparation", soulignent les services du Premier ministre, en rappelant que des exercices "grandeur nature" ont été effectués ces deux dernières années.
L'accès aux eaux, "impératif"
Les Hauts-de-France concentrent évidemment l'essentiel des enjeux, puisque 70% des échanges commerciaux entre l'UE et le Royaume-Uni y transitent, à raison de 12.000 poids lourds, 13.000 voitures et 60.000 passagers par jour.Mais à l'approche de l'échéance, les craintes se cristallisent sur le secteur de la pêche, les professionnels du secteur s'inquiétant de ne plus avoir le même accès aux eaux britanniques, très poissonneuses."Il faut l'accès aux eaux, c'est impératif", a insisté auprès de M. Castex Olivier Leprêtre, président du comité régional de la pêche. "Si on se rabat sur les eaux françaises, il y a un risque de surexploitation de la ressource", a-t-il ajouté, alors que M. Castex venait de visiter le Klondyke, bâteau de pêche hauturière travaillant au nord de l'Ecosse.
Économiquement, l'enjeu est relativement faible - l'activité ne représente qu'une part négligeable pour les 27 et pour le Royaume-Uni - mais la symbolique est forte, dans un contexte de tensions récurrentes, parfois d'accrochages, entre pêcheurs de l'UE et britanniques. Ce point a donc fini par devenir l'une des principales pommes de discorde dans les négociations.
"Rassurer"
M. Castex devra donc essayer de "rassurer" les pêcheurs et les industriels qui transforment le poisson, "partager avec eux le fait que l'on prépare toutes les éventualités", selon Matignon. Pour les Français, la pêche dans les eaux britanniques représente environ 20% de l'activité de pêche en Atlantique - Manche - Mer du Nord, soit environ 180 millions d'euros. L'impact d'un "no deal", qui signifierait aussi un rétablissement des droits de douanes selon une grille tarifaire de l'Organisation mondiale du commerce, est encore difficilement mesurable et devra s'évaluer "au cas par cas, selon les ports", fait-on valoir à Matignon.Mais, faute de certitudes, il est encore "un peu tôt" pour parler d'éventuelles aides au secteur, souligne Matignon en rappelant que la Commission européenne a prévu un fonds pour venir en aide aux filières les plus touchées par le Brexit.