La préfecture soutient une mise en place graduelle des dispositifs anti-pollution. Les écologistes jugent trop lente l'activation de ces mesures.
"Dans notre département, le niveau de pollution est élevé de manière générale : on est une région exposée." Pour Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) et ancienne vice-président du conseil régional, les mesures anti-pollution sont clairement insuffisantes.Alerte aux particules fines
Samedi et dimanche, les départements du Nord et du Pas-de-Calais ont été placés en procédure d'alerte pollution, en raison d'un pic de concentration en particules fines, relevé par Atmo Hauts-de-France, l'organisme chargé de surveiller la qualité de l'air. La qualité de l'air était toujours jugée "mauvaise" lundi par l'organisme indépendant.
Pourtant, malgré la pression mise sur les automobilistes pour se procurer la vignette Crit'Air, (qui classe le véhicule selon la pollution qu'il dégage), celle-ci n'a pas servi ce week-end. En effet, le dispositif de circulation différenciée n'a pas été activé.
"Pas d'épisode de pollution" au sens officiel...
"C'est pour une raison simple : il n'y a pas eu d'épisode de pollution", répond Philippe Bizet, collaborateur du préfet pour la gestion des crises et notamment sollicité lors des pics de pollution.
"Samedi, Apmo nous a informé que les particules dépassaient le seuil autorisé et, compte tenu de la météo, nous ont fait une prévision sur deux jours. Nous sommes entrés en phase d'information, du public et de l'ensemble des acteurs. Dimanche midi, il s'est avéré que les niveaux n'avaient pas été atteints. Les prévisions étaient donc fausses. Le matin, l'air été chargé, mais dans l'après-midi, la pollution s'était dissipée." explique Philippe Bizet.
... mais vrai risque de santé
En effet, l'alerte pollution, qui entraîne des mesures comme la circulation différenciée, est déclenchée après trois jours complets de pollution aux particules fines. Incompréhensible, pour l'élue écologiste Sandrine Rousseau.
"Est-ce à dire que s’il y a une heure de non-pollution, ça ne compte pas ? L’argument n’est pas recevable sur le plan de la santé." s'indigne-t-elle.
"Ce n'est pas exactement ça, répond Hélène Devillers, directrice d'Atmo. En fait, on considère qu'il y a un épisode de pollution si la concentration de particules fines dépasse 50 microgrammes en moyenne sur une journée, et que cette pollution atteint environ 100 000 personnes. Il est donc faux de dire qu'une heure en-dessous des seuils change la prévision. En revanche, effecitvement, si on est à 49 microgrammes, au sens officiel il n'y a pas d'épisode de pollution, mais sur le plan de la santé, entre 49 et 50, ça ne change pratiquement rien."
Une gradation des mesures ?
Pour Philippe Bizet, activer plus rapidement les dispositifs de lutte contre la pollution est un voeux pieu."Le préfet a souhaité une gradation des mesures. Activer le dispositif Crit'Air, c'est très bien, mais il faut d'abord s'intéresser à l'origine de la pollution. Si elle provient des activités agricoles, à quoi cela sert-il ? Il n'y a pas de mesure "automatique" en cas de pollution. Avant d'appliquer la circulation différenciée, on va d'abord imposer une limitation de vitesse, par exemple. Il faut aussi que les automobilistes concernés par l'interdiction de circuler aient le temps d'anticiper, de se préparer à prendre un covoiturage ou les transports en commun." détaille-t-il.
Le trafic routier n'est responsable qu'à environ un quart de la pollution aux particules fines, les autres causes principales étant l'industrie, l'agriculture et le chauffage.