Européennes, nationales et régionales : trois élections pour le prix d'une en Belgique

Les écologistes et les nationalistes flamands sont sous les projecteurs.

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Outre leur quota d'eurodéputés, les Belges votent dimanche pour élire leurs députés régionaux et nationaux, un scrutin qui pourrait être marqué par un tassement des partis traditionnels, socialistes et libéraux, au profit des écologistes et des extrêmes.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures et doivent fermer à 14 heures ou 16 heures locales selon le système de vote en vigueur (papier ou électronique). De premières tendances sont attendues en fin d'après-midi.

 

Les écologistes au tournant

D'après les sondages, les écologistes doubleraient leur score en Wallonie, le sud francophone de la Belgique, cette performance (environ 20%) les plaçant au coude-à-coude avec le parti libéral du Premier ministre Charles Michel, qui céderait entre trois et sept points par rapport à mai 2014.
 

À Bruxelles, le parti Ecolo-Groen, surfant sur la forte mobilisation pour le climat ces derniers mois, deviendrait la première force politique, détrônant les socialistes. Il pourrait aspirer à présider la région-capitale.

Dans ce petit pays aux multiples niveaux de pouvoir, il s'agit de constituer les majorités parlementaires sur lesquelles s'appuieront les exécutifs dans les trois régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles) et la micro communauté germanophone (77.000 habitants à l'est du pays), en plus de l'échelon national.

En 2014, l'élection à la Chambre (où siègent les députés fédéraux) avait mené à la formation d'une coalition de centre-droit dirigée par le libéral francophone Charles Michel.

 

Le N-VA au centre des regards

L'attelage s'est effondré fin 2018 quand les nationalistes flamands de la N-VA, qui en étaient un pilier, ont claqué la porte pour signifier leur opposition à la ratification du pacte de l'ONU sur les migrations.
 
Dimanche soir, une bonne partie de l'attention sera fixée sur la capacité ou non de ce parti, numéro un en Flandre néerlandophone, à être de nouveau la colonne vertébrale d'une coalition.

Ou si au contraire le morcellement du paysage induit par le vote à la proportionnelle s'accentue au point de compliquer sérieusement les tractations pour bâtir un nouveau gouvernement. Le rebond attendu du Parti du Travail (PTB, extrême gauche) en Belgique francophone pourrait y contribuer.
 

Les Belges ont tous en tête un record qu'ils ne veulent pas battre. Entre mi-2010 et décembre 2011, le pays avait vécu 541 jours sans gouvernement de plein exercice.

Les Flamands, qui envoient à la Chambre 87 des 150 députés, votent traditionnellement à droite.

Et dimanche le curseur pourrait déraper un peu plus à droite encore si le Vlaams Belang (VB, extrême droite) confirme le score que lui attribue la dernière enquête d'opinion : près de 15%, soit dix points de plus qu'en 2014.

"Les droites radicales sont en dynamique positive en Europe là où la question de l'identitaire se pose. Elle se pose en Flandre", relève le politologue Pascal Delwit, de l'Université libre de Bruxelles (ULB), pointant "un niveau d'ethnocentrisme particulièrement élevé" dans cette région.

En outre, sur la question des réfugiés, l'ex-secrétaire d'Etat N-VA Theo Francken "a complètement entretenu" pendant quatre ans les thèses du Vlaams Belang, ouvertement anti-immigration. "Dans la rhétorique, c'était pareil", affirme le politologue.

 

21 et 751 eurodéputés

Une Flandre fortement ancrée à droite face à une Wallonie confirmant sa préférence pour le PS, même affaibli : cela rend incertain le rêve des écologistes d'être incontournables, selon plusieurs experts. "Dans le système belge, être incontournable c'est vraiment difficile", dit M. Delwit.

"On peut très bien faire un gouvernement fédéral sans les écologistes", renchérit Vincent Laborderie, de l'Université catholique de Louvain-la-Neuve.

Pour lui, un scénario plausible serait la reconduction de la coalition sortante entre libéraux et démocrates-chrétiens flamands autour de la N-VA, avec peut-être l'appoint des centristes francophones du CDH.

Côté francophone, hormis le parti libéral de Charles Michel, tout le monde a exclu de s'associer à la N-VA, mais "attention aux postures, il faut relativiser ces déclarations électorales", assurent les analystes.

Le vote est obligatoire en Belgique et près de 8,2 millions de Belges sont appelés aux urnes, sans compter les quelque 73.000 ressortissants d'autres pays de l'UE inscrits pour les européennes. La Belgique élit 21 des 751 eurodéputés.
 
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