Des faux billets de 20 euros vendus pour la magie et pour le cinéma circulent dans les Hauts-de-France, mais aussi dans d'autres régions. La gendarmerie et la police appellent à la vigilance.
Commandés sur internet et très grossièrement imités, ils trompent pourtant la vigilance des commerçants: la police s'inquiète de la mise en circulation depuis le printemps de "milliers de faux billets", essentiellement de 20 et 50 euros, utilisés comme accessoires dans les films.
"C'est apparu en Europe vers avril. Ça a commencé par quelques exemplaires, maintenant on en a plusieurs milliers", a expliqué le commandant divisionnaire Alain Bateau, adjoint au chef de l'Office central pour la répression du faux-monnayage (OCRFM). La France est le premier pays de la zone euro touché par ce phénomène, avec 42% de la "movie money" qui circule en Europe, selon l'officier de police. "Ecoulés essentiellement dans les petits commerces ou les fast-foods", ces nouveaux billets s'achètent en ligne "sur des sites chinois comme Aliexpress" pour un prix dérisoire, "moins de 10 euros les 100 exemplaires", et sont "destinés à servir d'accessoires au cinéma", a précisé le commandant.
La confusion semble difficile et pourtant...
Le phénomène touche aussi les Hauts-de-France. Le 6 mai dernier, le gérant d'une boutique de cigarettes électroniques de Fourmies prévient la gendarmerie. Un client vient de le payer avec un billet de 20 euros qui est en fait un faux. Même plainte trois jours plus tard, de la part d'une grande enseigne commerciale, toujours à Fourmies.
Les gendarmes mènent l'enquête et font rapidement des recoupements. Le même genre de signalement a été fait récemment à Douchy-les-Mines (Pas-de-Calais), à Douai ou à Boulogne-sur-mer mais aussi à Redon en Bretagne ou à Fort-de-France en Martinique. Selon France Antilles, des stations-service ont notamment été escroquées. Le parquet de Fort-de-France a ouvert une enquête. "Il y a visiblement un phénomène qui est en train d'éclore", témoigne alors une source à la gendarmerie nationale.
Le faux billet de 20 euros (il existe aussi en 5 ou 50 euros) est pourtant assez grossier. Il ne possède aucun élément de sécurité (filigrane) et est très différent au toucher. Les mentions "Movie money" ("Monnaie de film" ) et "This is not legal. It is to be used for motion props" ("Cet argent n’est pas légal. Il ne peut être utilisé que comme accessoire") apparaissent clairement sur le côté des billets. À la place du mot « EYPΩ » (euro en grec) figure le mot anglais « PRΩP » (« prop » pour « accessoire »). La confusion semble difficile et pourtant...
Les coupures, essentiellement bleues et orange des billets de 20 et 50 euros, présentent également une bande holographique et des filigranes de piètre qualité, selon M. Bateau : "avec un minimum d'attention, on s'aperçoit rapidement qu'il s'agit de billets grossièrement imités".
Accessoire de magie
Ces billets sont en vente sur internet, notamment sur des sites destinés aux magiciens ou sur des sites de vente en ligne chinois. On trouve aussi des fausses coupures de 5 ou 50 €.
Pour éviter de propager ces billets, la gendarmerie donne quelques conseils de bon sens : "Pensez à contrôler les billets qui vous sont remis. Sur ces billets qui ne comportent aucune sécurité il est noté en anglais qu'ils ne peuvent pas être utilisés. Si cela vous arrive, faites le 17 immédiatement."
L’utilisation de faux billets est passible de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Les mentions "accessoires" qui figurent sur ces billets permettent à leurs fabricants d'échapper aux 30 ans de réclusion criminelle et aux 450.000 euros d'amende encourus en France par les faux-monnayeurs classiques.
Ils ne risquent qu'une peine d'un an de prison et de 15.000 euros car les coupures "font la même taille que les vrais euros", explique M. Bateau.