La France est tombée en demi-finale de l'Euro, victime de la vengeance de l'Espagne et d'un monstrueux Pau Gasol, 80 à 75 après prolongation, dans un match perdu au bout d'un final irrespirable, jeudi à Villeneuve-d'Ascq.
Ce sont les Espagnols qui disputeront la finale pour un troisième sacre après 2009 et 2011, dimanche face à la Serbie ou à la Lituanie, adversaires de l'autre demi-finale. Les Français, déchus de leur titre de 2013, devront batailler dans un tournoi de qualification olympique en juillet 2016 pour décrocher leur ticket pour les Jeux de Rio.
Les 26.000 spectateurs enflammés ont pourtant cru au miracle quand Nicolas Batum a arraché le droit de jouer cinq minutes supplémentaires à 14 secondes de la sirène, d'un panier à trois points dans le coin.
Mais c'est aussi lui qui a raté les trois lancers-francs qui auraient pu une seconde fois remettre les Français dans le coup, en envoyant le match dans une nouvelle prolongation, à 15 secondes de la fin. Au total, les Français ont raté six lancers dans ces instants cruciaux. Comme un symbole de ce match, c'est Tony Parker, décevant dans l'ensemble, qui a perdu un ballon décisif alors que la France n'avait qu'un point de retard (75-76) dans la dernière minute, après avoir manqué deux lancers francs. Et c'est Gasol, auteur de 40 points (et 11 rebonds), soit son plus gros score d'un tournoi dont il est le meilleur marqueur, qui a achevé les Français par deux dunks.
Parker déçoit
Les Espagnols ont pris leur revanche sur leurs deux défaites de 2013 en demi-finale de l'Euro et surtout de 2014 en quarts de "leur Mondial", à Madrid. Celle-là leur était restée en travers de la gorge et ils étaient venus en mission à Lille, spécialement pour laver l'affront.Pourtant le scenario de la rencontre a longtemps paru idéal. Durs d'entrée en défense, les Bleus ont tenu le choc face au cinq majeur ibérique (33-32 à la pause), même si Gasol a annoncé d'entrée la couleur en marquant 10 points dans le premier quart-temps. On s'attendait à ce que l'équipe ibérique, trop limitée dans ces rotations (elle jouait à huit), finisse par craquer, et c'est ce qui a semblé se produire dans le troisième quart-temps quand son cinq majeur, fatigué, s'est fait enfoncer par un coup d'accélérateur des jokers français Lauvergne (11 points au total) et Gelabale (10). La France a alors eu 11 points d'avance (51-40, 28e, puis 56-48 avant d'entamer le dernier quart).
Mais c'était compter sans l'immense classe de Gasol, auteur de 18 points entre le dernier quart-temps et la prolongation, et la nervosité qui a fini par rattraper les Français, soudain en échec au tir (30% d'adresse seulement après la mi-temps). Le Catalan, âgé de 35 ans, a compensé à lui tout seul les nombreuses absences côtés espagnol, celle de son frère Marc mais aussi de Calderon, Rubio ou Navarro, et la défaillance de Mirotic (7 points). Il n'a toujours pas perdu contre Parker dans une grande compétition.
Se remobiliser pour le TQO
"On a fait le match que l'on voulait jusqu'à la 37e minute. C'est là que nous avons eu une panne offensive. Il y a eu aussi quelques erreurs défensives et ils ont marqué pratiquement à chaque fois", a commenté Boris Diaw. Certains joueurs majeurs ont fait leur boulot dans ce match superbe, d'une intensité exceptionnelle. Gobert, s'il n'a pas arrêté la machine Gasol, a quand même pris 13 rebonds. De Colo avec 14 points a été égal à lui-même. Mais c'est surtout Parker, intermittent depuis le début de la compétition, qui a failli alors qu'on attendait de lui une montée en puissance. Avec seulement dix points et un très pauvre 4 sur 17 aux tirs, il a échoué à être l'homme providentiel des Bleus.Au rayon des échecs, on peut aussi classer Batum, même s'il s'est dépensé sans compter, avec son 3 sur 14 aux tirs et son effondrement sur les trois lancers-francs décisifs dans la prolongation. La déception est cruelle pour l'équipe de France, et pour le public qui voyait ses Bleus caracoler vers un deuxième titre d'affilée. Au-delà d'une médaille de bronze qui n'aurait qu'un intérêt limité, ils devront se remobiliser juste avant les Jeux dans un Tournoi Qualificatif Olympique qui s'annonce relevé, pour que l'aventure de leur belle génération puisse se terminer en beauté au Brésil.