Créée en 2007 à Lille, la société Gecco récupère les huiles de friture pour les transformer en biodiesel. L'entreprise solidaire a déjà créé huit emplois, et entend poursuivre son projet de collecter les déchets des restaurateurs pour les transformer en énergie.
Rouler avec de l'huile de friture grâce à GeccoEt si les frites faisaient rouler nos voitures ? Depuis 9 ans, voilà l'idée développée chez Gecco : les huiles de fritures peuvent être transformées en biocarburant.
Chaque matin, les collecteurs de Gecco partent donc faire la tournée des restaurateurs. Ils sont 1500 dans le Nord Pas-de-Calais, 300 rien que sur la métropole lilloise. Dans le centre-ville de la capitale des Flandres, Franck Vernier fait sa tournée en triporteur. C'est plus écolo, et ça fait les mollets. A 35 ans, cet ancien marin-pêcheur et mécanicien a fait le choix de rejoindre la petite entreprise solidaire d'utilité sociale par conviction, plus que par l'appât du gain (salaire au SMIC, pour l'instant) : "C'est un principe très intéressant qui m'a beaucoup motivé pour venir travailler chez Gecco : pouvoir effectivement retransformer un produit destiné à la poubelle, en valorisant ce déchet pour lui donner une seconde vie”, explique-t-il.
Les restaurateurs, appelés "producteurs" chez Gecco, voient l'intérêt du système, d'autant que la loi leur interdit de toutes façons de verser leurs huiles usagées au caniveau.
“C’est bien parce que c’est du recyclage déjà", confirme Guilaume Lefebvre, Chef de cuisine du restaurant "les Bretons" à Lille-Wazemmes. " Et pour nous, c'est énormément de travail en moins, à devoir transporter, à devoir gérer. On n'y arriverait pas sinon, ce ne serait pas possible".
Chaque mois, Gecco collecte ainsi entre 25 et 30 tonnes d'huiles de friture.
Le biodiesel fabriqué sur place d'ici l'été
Ces huiles sont pour l'instant transformées en Belgique. Mais Gecco a mis au point une machine, qui va bientôt permettre de crééer sur place le biodiesel. La petite entreprise sociale et solidaire a déjà créé 8 emplois avec son activité de collecte, mais aussi de recherche. Un chercheur“L'objectif pour nous, c'est de relocaliser toute la filière, c'est-à-dire de pouvoir nettoyer, traiter et transformer les huiles localement. Nous allons installer notre première unité de transformation en biodiesel d'ici l'été. Et nous devons normalement tester notre biodisel local grâce à un partenariat avec la mairie de Lille pour faire tourner quelques véhicules comme des autocars, des balayeuses et des auto-laveuses “, explique Julien Pilette, Co-fondateur de Gecco.
Collecter, fabriquer et consommer localement
Aujourd'hui la loi autorise d'incorporer 30% de biodiesel dans une flotte professionnelle. En France, pour l'instant, seuls 20% des 150 000 tonnes d'huiles de fritures consommées sont recyclées, et une petite partie seulement sert à rouler. Un gisement à développer donc, même si pour Gecco, l'objectif n'est pas de faire rouler toutes les voitures à l'huile de frites dans le futur. "Mais simplement de pouvoir recycler localement un déchet produit localement, et consommer localement la nouvelle source d'énergie produite", poursuit Julien Pilette.La société solidaire récupère désormais aussi du marc de café, pour en faire bientôt des buchettes de chauffage. Et voudrait aussi collecter les déchets fermentescibles des restaurateurs pour développer la biométhanisation. Encore de l'énergie réalisée avec un déchet produit, transformé et consommé localement.
