Les sources de Durban-Corbières sont épuisées. Les habitants sont privés d'eau potable, plusieurs heures par jour, depuis bientôt deux mois. Face aux coûts insurmontables de l'approvisionnement en camions-citernes et des travaux de forage, cette commune de l'Aude en appelle à la solidarité de l'Etat et des collectivités voisines.
Durban-Corbières s'est fait tristement connaître de la France entière, cet été. La Berre n'a pas coulé depuis deux ans dans cette commune de l'Aude. L'une de ses trois sources d'eau est à sec et le débit des deux autres s'est fortement tari.
Le 15 juillet, quand la mairie décide de priver ses 650 habitants d'accès à l'eau potable de 14h à 6h du matin, la presse nationale fait de Durban-Corbières un exemple : voilà ce qui menace les communes de France à mesure que la sécheresse empire.
50 000 € de camions-citernes
Où en est la commune, à la mi-septembre ? Les horaires de coupures ont varié. La durée des restrictions a d'ailleurs diminué, dernièrement, pour faciliter les vendanges. Mais les robinets restent à sec plusieurs heures par jour.
La commune est de surcroît très appauvrie. L'approvisionnement en eau, à raison de quatre camions-citernes de 30 000 litres quotidiens, a déjà coûté 50 000 €, renseigne le premier adjoint au maire Olivier Castelbou, au micro de notre journaliste Eric Henry.
Quant aux travaux de forage pour localiser des nouvelles sources, ils sont inenvisageables aux vues du budget de Durban-Corbières.
L'eau comme priorité étatique
L'aide des autres apparaît donc comme la seule solution. Celle de l'Etat, dans un premier temps. "On attend une aide de la nation", déclare Olivier Castelbou, pour qui "tout le monde doit avoir droit à l'eau en France".
De son côté, le Syndicat mixte Réseau 11, créé en 2020 pour protéger les ressources en eau du département, assure "travailler avec l’état pour qu’il en fasse une priorité dans les années qui viennent".
Une des pistes du syndicat est d'identifier les fuites d'eau du circuit, pour les réduire au maximum. Mais "en fonction du résultat de ces travaux, il y aura peut-être aussi besoin d’aller chercher ailleurs", prévient son président André Viola.
Mutualiser nos ressources
Ailleurs, c'est dans les communes voisines, dont les sources en eau s'appauvrissent aussi. D'après le dernier bilan du syndicat, 65 000 Audois, soit un cinquième de la population, étaient sous la menace d'un stress hydrique en 2017. Un chiffre qui a certainement grandi depuis, craint André Viola.
Selon le conseiller départemental, cela ne devrait par pour autant freiner les communes à partager. "Si on ne fait pas jouer la solidarité sur ce sujet, on n'arrivera pas à trouver de solution". Un avis que partage l'adjoint au maire de Durban-Corbières :
Ce qui nous arrive aujourd'hui peut leur arriver prochainement. L'avenir, c'est la mutualisation de nos ressources. Nous n'en avons pas d'autres.
Olivier Castelbou, premier adjoint au maire de Durban-Corbières
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Écrit avec Eric Henry.