Le camp de La Linière à Grande-Synthe a accueilli environ 400 migrants dans la matinée, avant que la commisson de sécurité n'autorise son ouverture. La décision prise par le maire Damien Carême entre crée un conflit avec la préfecture du Nord.
Le maire de Grande-Synthe Damien Carême a pris lundi un arrêté déclarant conformes les conditions de sécurité du nouveau camp qui a commencé à accueillir plusieurs centaines de migrants, provoquant un conflit avec la préfecture du Nord.
Un peu plus tôt, le préfet Jean-François Cordet, par ailleurs défavorable depuis le début à la création de ce nouveau camp, avait rappelé au maire (EELV) que la législation imposait un feu vert de la commission locale de sécurité avant toute mise en service d'une nouvelle installation, a-t-on indiqué à la préfecture.
Des premiers groupes de migrants étaient entrés dans le camp de la Linière dans la matinée, avant même que la commission locale de sécurité n'inspecte les lieux et ne donne son aval. Les arrivées se poursuivant, le préfet avait demandé à la police de ne pas autoriser de nouvelles entrées jusqu'à une décision positive de cette commission, présidée par le maire et où siègent notamment un représentant de la police et un autre des services d'incendie et de secours (SDIS). Un autobus était de ce fait resté en attente à l'ancien camp de Basroch. "Je m'étonne" que les migrants aient pu accéder au site malgré l'absence d'inspection, a déclaré le préfet Cordet, interrogé par l'AFP.
"Un camp dont personne ne veut"
A la suite de la visite sur place de la commission, M. Carême a donné son feu vert. "J'ai émis un avis favorable et donc signé l'arrêté actant cette décision vers 17H00", a-t-il déclaré, joint par l'AFP. Le maire a reconnu qu'il avait statué malgré l'avis contraire - mais uniquement consultatif selon lui - des représentants de la police et des pompiers. "Je ne sais pas pourquoi, mais vous savez, on peut toujours trouver une faille quelque part, même dans une simple salle communale....", a-t-il dit.En fin d'après-midi, le préfet n'avait pas encore été informé officiellement de l'aval du maire. Il rappelait toutefois que tout maire "engage sa responsabilité pénale" en validant les conditions de sécurité du camp de la Linière. "Je prends mes responsabilités, je les prends depuis le début", a déclaré M. Carême. "C'est hallucinant ce qui s'est passé. C'est un camp dont personne ne veut (...)", a commenté le maire.
Selon lui, "c'est le bras de fer qui continue" avec l'État. "Je n'imaginais pas qu'ils étaient capables d'aller si loin en me mettant autant de bâtons dans les roues", a-t-il protesté. Plusieurs bus de migrants, transportant quelque 400 personnes selon la mairie,
sont arrivés au camp de la Linière en provenance du camp illégal de Basroch, distant de 1,5 km, où vivent actuellement 1.050 migrants dans des conditions particulièrement insalubres. Un autre au moins est arrivé dans l'après-midi .