Guerre en Ukraine - Les premiers réfugiés ukrainiens arrivent en Hauts-de-France : "à Kiev et dans les environs, tout est détruit. Il n'y a plus d'école, plus de nourriture, plus de bâtiments, plus rien"

Une trentaine de femmes et d'enfants sont arrivés mercredi 2 mars à l'aéroport de Beauvais par des vols en provenance de Pologne. Après avoir fui leur pays, l'Ukraine, en proie à des bombardements et des tirs d'artillerie russes, ils sont venus se réfugier en France. En Picardie, l'accueil s'organise dans la plupart des villes.

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À l'aéroport de Beauvais, les visages sont fatigués et marqués par la peur. Ces femmes et leurs enfants ont tout laissé derrière eux. Leur maison, leur travail, leur vie. Après un voyage éprouvant pour rejoindre la Pologne, ils ont pu s'envoler pour la France.

Vlada Michaelova est étudiante à Kiev. À sa sortie d'avion, elle est accueillie par son oncle, un Français vivant à Paris avec sa femme ukrainienne. "Nous avons marché à pied une dizaine de kilomètres et après, on a traversé la frontière. En Pologne, j'ai trouvé un billet d'avion pour la France. C'était très compliqué, très long et très fatiguant", explique t-elle, les traits tirés.

Pour manger, les gens grattent le sol pour trouver des patates

Elmira, réfugiée ukrainienne en France

Ce groupe de femmes et d'enfants est arrivé au matin du mercredi 2 mars à l'aéroport de Beauvais, en provenance de Cracovie et de Varsovie, en Pologne. Les hommes, leurs maris, leurs pères sont, pour la plupart, restés en Ukraine pour combattre l'invasion russe.

Vols réguliers en provenance de Pologne

Elmira est arrivée seule avec ses deux enfants pour rejoindre sa mère au Portugal. "Psychologiquement, c'est très difficile. J'aurais voulu rester à la maison mais j'ai des enfants et ils ont besoin d'un meilleur futur parce qu'à Kiev et dans les environs, tout est détruit. Il n'y a plus d'école, plus de nourriture, plus de bâtiments, plus rien", explique t -elle.

Les tirs d'artillerie, les obus, les roquettes, ces familles fuient les attaques mais aussi la pénurie de nourriture. "Pour manger, les gens grattent le sol pour trouver des patates", ajoute Elmira, bouleversée.

À l'aéroport de Beauvais, les équipes s'organisent pour accueillir de nombreux réfugiés. "On s'assure qu'ils savent où aller, qu'ils ont un point de chute, un logement, qu'ils n'ont pas besoin de voir une infirmière, qu'ils n'ont pas besoin d'une aide urgente", assure un agent d'accueil à l'aéroport.

Selon le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, un million de personnes ont fui l'Ukraine et ont afflué vers les pays voisins, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées. Le nombre de réfugiés croît de jour en jour. Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur français, a annoncé que 800 d'entre eux ont gagné le territoire français à ce jour.

Des initiatives inédites

À l'appel du gouvernement, les élus locaux se préparent à accueillir des familles ukrainiennes. La ville de Beauvais propose déjà des places en foyer d'hébergement. La ville d'Amiens également a réuni, hier, les associations caritatives et organismes de la Somme pour mettre en place un plan d'accueil.

De nombreux particuliers se sont déclarés volontaires pour héberger des familles et des initiatives locales émergent. Comme celle de Laurent Dubois, investisseur à Saint-Quentin et en Ukraine. Ce russophone, ancien patron à Moscou mobilise tous ses réseaux et a créé des outils en ligne pour organiser l'accueil. Un questionnaire en ligne à l'attention des Saint-Quentinois prêts à héberger des réfugiés. Il suffit pour eux de remplir leurs modalités d'accueil : capacité du logement, préférence pour un couple ou une mère et ses enfants par exemple.

C'est terrible de devoir s'échapper de notre pays, de tout perdre

Tatiana, réfugiée ukrainienne à Saint-Quentin

De son côté, Laurent répond sans cesse au téléphone. Des appels d'Ukrainiens qui cherchent un hébergement avant même d'arriver en France.

Une coordination nécessaire des initiatives

Laurent se charge de répartir les familles. "J'ai tous les cas qui arrivent. Je peux trier le profil des gens pour adapter à ce qu'on va leur proposer. On a aujourd'hui beaucoup d'hébergements dans le cadre privé. Des Saint-Quentinois qui ont répondu présents. Des gens d'autres villes me contactent pour savoir comment aider. On va proposer tous ces outils de préparation en amont à tous ceux qui sont prêts à monter des cellules comme celle-là dans d'autres régions", annonce Laurent Dubois qui héberge déjà lui-même une amie et ses deux enfants.

Ils ont fui la guerre dès les premiers bombardements. "Je lis les informations. Ils ont commencé à prendre ma ville d'Odessa. Ma famille est là-bas. Tout le pays est sous les tirs mais ils n'obtiendront rien. Les Ukrainiens n'abandonneront pas. C'est terrible de devoir s'échapper de notre pays. De perdre notre maison, notre travail, de tout perdre", raconte Tatiana. Mais je suis contente de voir ici des gens qui ont sauvé leur vie et leurs enfants".

Une autre famille ukrainienne est arrivée mercredi chez Laurent après cinq jours de voyage depuis Kiev.

Les initiatives pour l'accueil et la collecte de dons se multiplient et sont rarement coordonnées. Mais la machine se met progressivement en place avec les préfectures, les maires, les communautés de communes, les associations et les particuliers pour être prêts à accueillir les réfugiés dont le nombre est encore incertain. L'aide humanitaire est en marche.

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