Les élèves de Terminale de la région ont inauguré lundi 21 juin le Grand oral, l'épreuve inédite du baccalauréat nouvelle formule. Maintenue malgré la situation sanitaire, des syndicats dénoncent déjà des dysfonctionnements quant à son organisation.
"Je me suis tapé la question de maths, c’était difficile. Je pense que je vais avoir la moyenne, mais j’aurai préféré l’autre question". A la sortie de son épreuve, Léo, 17 ans, est mitigé. Il aurait préféré que les professeurs l’interrogent sur son autre spécialité, les Sciences économiques et sociales (SES).
C’est parti pour le #GrandOral !
— Académie d'Amiens (@AcAmiens) June 21, 2021
✅ Des mois de préparation,
✅ 2 sujets,
✅ 1 pointe de stress,
✅ 20 min. pour réorganiser ses pensées,
✅ 1 passage devant 2 professeurs
Et des élèves #heureux de clore leur cursus scolaire par cette nouvelle épreuve du #bac2021. ? pic.twitter.com/ATJk6g6cD3
Dans les Hauts-de-France, ils sont près de 46 700 candidats au bac général et technologique, comme Léo, à être convoqués entre lundi 21 juin et le vendredi 2 juillet pour vingt minutes d'exposé et d'échanges avec un jury. C’est l’épreuve du Grand oral, grande nouveauté de l’édition 2021 du baccalauréat.
En quoi consiste cette épreuve phare du nouveau bac ?
Le Grand oral est la mesure phare de la réforme 2019 du bac. Elle fait partie des 4 épreuves que les lycéens doivent réussir pour décrocher le Graal. "S'exprimer à l'oral, c'est quelque chose que vous avez à faire en permanence dans la vie", avait souligné mi-juin le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, qui a recommandé aux candidats de "conquérir de la confiance en soi en s'entraînant".
Les élèves arrivent à l’établissement scolaire avec deux sujets au choix, des questions qu’ils ont préparées et en lien avec leurs enseignements de spécialité, au nombre de 12 :
- Humanités, littérature et philosophie (HLP)
- Arts (Histoire des arts, théâtre, arts plastiques, arts du spectacle, arts du cirque, danse, musique, cinéma audiovisuel)
- Biologie & écologie (dans les lycées agricoles seulement)
- Histoire Géographie, Géopolitique et Sciences politiques (HGGSP)
- Langues Littératures et cultures étrangères et régionales (LLCER) avec comme langue au choix : anglais, anglais monde contemporain, allemand, espagnol, italien
- Littérature, Langues et culture de l’Antiquité (LLCA)
- Mathématiques
- Numérique et Sciences informatiques (NSI)
- Physique-Chimie
- Sciences de la vie de la Terre (SVT)
- Sciences de l’ingénieur (SI)
- Sciences économiques et sociales (SES)
Le jury sélectionne alors l’un des deux sujets. Ils ont alors 20 minutes pour préparer un exposé.
"Au début on est un peu stressé mais ils nous mettent vite à l’aise", raconte Maxime 18 ans, en spécialité Arts plastiques et SES. "La source principale de stress c’est de tomber ou pas sur son thème favori", avoue quant à lui Baptiste, 18 ans, spécialité NSI et SES.
L’épreuve se décompose ensuite de la manière suivante : "20 minutes d’oral durant lesquelles 5 minutes sont consacrées à l’exposé, 10 minutes aux questions-réponses puis 5 minutes d’échange sur le projet d’orientation de l’élève", explique l’Académie d’Amiens. "C’est stressant, c’est une épreuve importante du bac", affirme Aurélien, 18 ans, spécialité SVT et SES.
Le jury évaluera sur 20 points la capacité du candidat à capter l'attention, sa gestion du temps, la qualité de ses connaissances et de son argumentation. L'épreuve compte coefficient 10 en voie générale et 14 en voie technologique, dans la note finale du bac.
Des modifications dues au contexte sanitaire
Cette année, les syndicats lycéens et enseignants avaient demandé l'annulation du grand oral, en raison des difficultés de préparation engendrées par la crise sanitaire du Covid-19. Depuis novembre, notamment, de nombreux lycéens ont dû suivre leurs enseignements à distance.
Le grand oral est la seule épreuve finale maintenue, avec l'écrit de philosophie, les autres matières étant évaluées en contrôle continu. "Je ne suis pas trop stressé, car ça se joue beaucoup au contrôle continue donc on est beaucoup à déjà avoir notre bac", explique Mattéo, 18 ans, spécialité SVT et LLCE.
Pour rassurer les candidats, le ministère de l'Éducation leur permet exceptionnellement de garder sous les yeux le brouillon préparé pour leur exposé. Ils pourront également remettre au jury un descriptif de leurs professeurs indiquant si des parties du programme n'ont pas pu être étudiées. "Des consignes de bienvenue ont été passées par le Ministère de l’Éducation pour permettre de passer cet examen avec un peu moins de stress au regard de tout ce qui a pu être connu dans le courant de l’année", explique l’Académie d’Amiens.
Le Grand oral est la dernière épreuve des Terminales pour le bac. Les résultats de cet examen bicentenaire seront dévoilés le 6 juillet.
Des dysfonctionnements dans le Nord et le Pas-de-Calais
Dans les deux départements du Nord, le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES FSU) dénonce "des gros dysfonctionnements" quant à l’organisation du Grand oral. "On avait alerté le rectorat sur cette épreuve de grand oral qui demandait beaucoup de vérification et de préparation, mais on a été méprisés. On se doutait bien qu’il y allait y avoir des problèmes avec ce Grand oral", dénonce Catherine Piecuch, secrétaire académique adjointe du SNES FSU de Lille.
Le syndicat affirme que des jurys n’ont pas reçu de convocation et que des élèves ont été renvoyés chez eux, faute d’examinateurs, "d’autres ont attendu toute la matinée alors qu’ils étaient convoqués à 7 h 30, d’autres ont eu des dates de report. Certains collègues ont été appelés ce matin pour faire passer le Grand Oral à l’autre bout de l’académie. Certains collègues interrogent même des élèves qu’ils connaissent, c’est contraire aux règles. Ce sont des motifs de recours pour faire annuler les épreuves", continue Catherine Piecuch.
Une cellule de crise a été ouverte lundi matin par le SNES de Lille pour les professeurs qui souhaitent signaler des dysfonctionnements dans leurs établissements.