Les interventions de médecine esthétique et en orthodontie connaissent un important succès depuis la fin du premier confinement : économies d'argent, réunions à distance et miroirs à la maison qui créent des complexes... Exemple dans des cliniques des Hauts-de-France.
Depuis la fin du premier confinement, le nombre de patients au sein des cabinets de médecine esthétique et d'orthodontie a largement augmenté. Les injections de botox, d'acide hyaluronique, la rhinoplastie, le lifting ou encore la chirurgie dentaire sont davantage plébiscités.
Les chirurgies plastiques, elles, n'ont pas connu le même engouement. "On a eu une baisse d’activité chirurgicale avec le Covid-19, on a dû fermer pendant 2 mois, explique Docteur Garçon, président honoraire du Syndicat national des chirurgiens esthétiques. Les cabinets ont dû assurer des urgences. Certains confrères n'avaient repris que partiellement fin 2020."
Les réunions à distance : miroir des imperfections
Mais à la clinique des Champs-Elysées de Lille, spécialisée en médecine esthétique, Solène Picavet, manager de la clinique, constate une augmentation de 30% de la prise de rendez-vous depuis la fin du premier confinement. Plusieurs raisons, selon elle, expliquent cet engouement. "Les patients sont en télé-travail et font énormément de réunions Zoom, via des écrans, explique-t-elle. Ils sont confrontés à leur image." Une analyse que partage le Docteur Garçon "Le miroir à la maison et les séances Zoom sur ordinateur ont pu être des éléments déclencheurs."
Là où les réunions en présentiel épargnent de se regarder face à un écran, "le travail à distance force à se regarder toute la journée. Beaucoup de personnes nous disent qu'elles se sont rendues comptes des rides et de petits complexes qui se sont ancrés au fur et à mesure des semaines passées à télé-travailler." De nombreux clients viennent pour des traitements d'injection botox et acide hyaluronique.
Beaucoup de personnes nous disent qu'elles se sont rendues comptes des rides et de petits complexes qui se sont ancrés au fur et à mesure des semaines passées à télé-travailler.
Même s'il y a un peu plus de femmes, l'augmentation se constate aussi chez les hommes, selon Solène Picavet. Ces interventions sont victimes de leur succès : le délai pour avoir un rendez-vous est passé d'un mois et demi à trois mois en l'espace d'un an.
"C'est du cas par cas, détaille-t-elle. Il y a des personnes qui ont pris du poids pendant le confinement et vont demander une liposuccion. D'autres vont vouloir une injection de botox." Les masques aussi jouent un rôle important pour les opérations du visage, puisqu'ils cachent les cicatrices et permettent de reprendre une vie normale juste après l'intervention, à l'abri des regards.
L'impact du confinement et des réseaux sociaux
Ce constat est également partagé par un chirurgien-dentiste chez Place Dentaire à Lille, clinique ouverte il y a deux ans, qui n'a jamais vu autant de monde se presser pour prendre rendez-vous. "On ne sait plus où mettre les patients, avoue-t-il. On a un afflux important de patients qui viennent pour des soins esthétiques et du blanchiment des dents." La liste d'attente continue de s'allonger. Sur Doctolib, le prochain créneau disponible est le... 20 août.
Un succès qu'il explique par le confinement et le temps supplémentaire passé sur les écrans et les réseaux sociaux. "Le blanchiment est la grande mode en ce moment avec les réseaux sociaux." Ses propos sont corroborés par la responsable d'un autre centre dentaire situé dans le même quartier.
De plus en plus de personnes expliquent vouloir ressembler aux influenceurs et personnalités qu'ils voient sur Instagram, Facebook et Snapchat à cause de la sur-exposition.
"On fait énormément de soins esthétiques, du redressement des dents à leur blanchiment, explique-t-elle. Quand vous restez confinés, le seul moyen que vous avez pour rester connecté au monde extérieur, c'est les réseaux sociaux". De plus en plus de personnes "expliquent vouloir ressembler aux influenceurs et personnalités qu'ils voient sur Instagram, Facebook et Snapchat à cause de la sur-exposition due aux deux premiers confinements."
Des économies d'argent faites durant les confinements
Et si certains de ces soins esthétiques sont onéreux, dentistes et médecins esthétiques expliquent que le confinement a permis à beaucoup de personnes d'économiser de l'argent et de sauter le pas. "Ils ont une privation sur d’autres centres de loisirs, certaines courses, poursuit le chirurgien-dentiste. Il y a une partie qui a pu être économisée et transvasée sur les soins."
La responsable de la clinique lilloise voisine ajoute que si certains complexes se sont créés pendant la crise sanitaire, "d'autres sont là depuis des années, voire depuis l'enfance, et les clients profitent des économies faites pendant les confinements pour s'offrir l'opération de leur vie".