Avec 3 650 personnes hospitalisées et 654 en réanimation pour Covid-19 au 12 avril, les hôpitaux de la région ne pensent pas avoir encore passé le pic du nombre de personnes accueillies.
894 patients, dont 654 atteints de la Covid-19, étaient mardi soir en réanimation ou soins intensifs dans les hôpitaux de la région. L'occupation des lits, qui ont pourtant été portés au nombre de 982, atteint donc environ 91%. "L’activité en hospitalisation complète et soins intensifs reste stable et à un niveau très élevé", observe l'Agence régionale de santé, malgré la mise en place d’un confinement depuis le 2 avril.
La veille de cette mise sous cloche (relative), le ministre de la Santé Olivier Véran envisageait "le pic en réanimation" pour la "fin avril". Une perspective à l'échelle de la France. Les caractéristiques locales de l'épidémie pourraient déplacer ce pic de quelques jours, avant ou après.
.@olivierveran sur la fermeture des écoles et l'impact sur la dynamique épidémique : "Il faut entre 7 et 10 jours pour en mesurer l’efficacité. On pourrait avoir atteint le pic épidémique, puis 2 semaines supplémentaires pour atteindre le pic en réa, fin avril" #Covid #le79Inter pic.twitter.com/qaWaAyt5iI
— France Inter (@franceinter) April 1, 2021
Or dans les Hauts-de-France, à y regarder de près, ce pic pourrait avoir été atteint la semaine dernière : jeudi dans le Nord (357 patients contre 343 lundi) et la Somme (86 patients contre 82 lundi), mardi dans l'Aisne (57 patients contre 51 lundi) et plus tôt encore dans l'Oise (72 patients par exemple le 29 mars, contre 68 lundi).
Mais ces évolutions quotidiennes sont mineures, aucune véritable tendance nouvelle ne se dessine encore et ces records pourraient à nouveau être battus d'un jour à l'autre. D'ailleurs, sur le terrain, les professionnels ne voient pas le bout du tunnel.
Les premiers confinés ne soufflent pas encore
Dans le Pas-de-Calais, département précocement confiné le weekend, le nombre de personnes hospitalisées (923) n’a jamais été aussi élevé depuis le début de la pandémie. Et si dans le GHT de l'Artois (qui comprend les CH de Lens, Béthune Beuvry, Hénin-Beaumont et La Bassée), le pic des réanimations et des hospitalisations pour Covid-19 semble avoir été atteint le 24 mars (168 hospitalisations et 31 réanimations), le niveau reste très haut.
A Dunkerque, le confinement le weekend était appliqué dès la fin du mois de février, remplacé depuis le 2 avril par le confinement national. Dans l'hôpital de la ville, le nombre de patients hospitalisés pour Covid-19 a considérablement baissé, passant de 73 le 29 mars à 38 le 12 avril. Mais la courbe des patients en réanimation, elle, reste stable, naviguant entre 14 fin mars et 15 mi-avril. En conséquence, le CH de Dunkerque a dû transférer quatre patients ce weekend.
Un peu de lumière à Lille
Dans le département du Nord, 1475 patients sont hospitalisés. Un nombre qui grimpe lentement, sans atteindre toutefois le record de 1692 malades à l'hôpital, atteints pendant la deuxième vague, le 17 novembre 2020.
Bonne nouvelle au CHU de Lille : les courbes sont descendantes. Du 5 au 7 avril, il y avait 200 personnes hospitalisées pour Covid-19. Au 13 avril, après plusieurs jours de baisse, elles n'étaient plus que 166, pour 211 lits réservés aux infectés. Même tendance pour les réanimations, quoique moins flagrante et avec une tension toujours forte : 89 des 94 lits de réanimation Covid étaient occupés, mardi.
Ces chiffres anormalement hauts obligent toujours le personnel soignant à déprogrammer des opérations, à un taux de 40% pour le CHU de Lille. Mais l'espoir est à nouveau permis. "Si la courbe continue de baisser, nous allons pouvoir commencer à reprogrammer des opérations que nous avions annulées", envisage l'hôpital.
La Picardie, entre tension et "aggravation"
Au CHU d'Amiens, "on n’est pas encore sorti de l’étau", regrette le professeur Maxime Gignon. En unité Covid, où "ça grimpait la semaine dernière", 67 lits sur 74 étaient encore occupés lundi 12 avril. Pire, sur 85 lits de réanimation et soins critiques, un seul était disponible ! Parmi les patients : "52 cas confirmés de Covid dont 7 sont entrés dans les dernières 24 heures", souligne l’épidémiologiste.
Des malades seraient d’ailleurs transférés d’Amiens à Beauvais. "C’est arrivé, confirme l’hôpital isarien. Ca glisse vers Beauvais, on n’est pas du tout en mode repos : le pic n’est pas derrière nous."
Toujours dans l'Oise, "la situation reste très tendue voire même s'aggrave en réanimation", s'alarme le centre hospitalier intercommunal Compiègne Noyon. Ici, l'occupation avoisine en permanence les 100% et "un cap" a été franchi, selon une responsable de l'hôpital : "Sur 24 lits de réanimation, 18 sont occupés par des patients Covid, contre 12 à 15 ces dernières semaines, ce qui me fait dire qu'il y a une aggravation."
Le centre hospitalier souligne par ailleurs que le taux d'incidence, bien qu'en diminution dans la région, "flambe localement, sur les territoires du Beauvaisis, de Creil...", ce qui pourra avoir des répercussions dans tous les hôpitaux, dans les prochaines semaines.