Diminution du trafic routier, de l’activité industrielle… Depuis le début du confinement, les Hauts-de-France, comme le reste du pays, tournent au ralenti. Pourtant, cette baisse d’activité ne conduit pas forcément à une amélioration de la qualité de l’air. Explications.
C’est une diminution qui pourrait relever du record. En avril, la concentration d’oxydes d’azote a chuté de 47% dans l’air depuis le début du confinement dans la région. Un chiffre publié par Atmo Hauts-de-France, l'observatoire de surveillance de la qualité de l'air dans la région.
La concentration d’oxydes d’azote comprend notamment le dioxyde d’azote, principalement émis par le trafic, les transports, mais aussi par le chauffage. "La diminution s’observe notamment dans les mesures en proximité immédiate du trafic" observe Céline Derosiaux, responsable du service communication chez Atmo Hauts-de-France. "Là, on voit clairement l’impact du trafic sur la qualité de l’air."
Si l’on observe la situation en "niveau de fond", c’est-à-dire loin des grands axes routiers, les chiffres ne sont pas les mêmes. Là où l’impact du trafic est moindre, la diminution enregistrée est de l’ordre de 23%. "Cela s’explique par le fait qu’il y ait d’autres sources de pollution loin des transports, comme le chauffage."
Une qualité de l’air pas forcément meilleure
Si l’on regarde les autres indicateurs, comme l’ozone, on s’aperçoit que "la qualité de l’air varie d’un indicateur à l’autre", selon Céline Derosiaux. "L’ozone n’est pas directement rejeté par une source de pollution dans l’atmosphère." Ainsi, une légère augmentation de ce polluant a été enregistrée au mois d’avril.L’ozone se crée sous l’effet du soleil, des températures élevées, et résulte d’une réaction entre des polluants déjà présents dans l’air. "Etant donné que nous avons eu des conditions météorologiques très bonnes avec beaucoup d’ensoleillement, la situation était propice à la formation d’ozone", précise Céline Derosiaux.
Si l’ozone reste bien en-deçà des seuils réglementaires, son augmentation s’explique donc par la fin de l’hiver et l’arrivée des beaux jours.
D’autre part il y a les particules, qui restent très présentes dans l’air et pour lesquelles aucune amélioration n’a été observée depuis le début du confinement. Les particules sont un ensemble produit par différentes origines comme les transports, le chauffage, les activités économiques agricoles ou industrielles.
"Si l’on réduit le trafic, certes cela produit moins de particules. Mais le reste continue. Le chauffage, mais aussi les autres activités économiques, agricoles notamment."
Des facteurs variés
Plusieurs causes expliquent le nombre encore élevé de particules dans l’air. Dans un premier temps, les particules ont un caractère multi-sources. C’est-à-dire qu’elles sont émises par des facteurs variés. "On appelle ça des particules primaires, produites localement", selon Céline Derosiaux.Ensuite, il y a les particules dites "secondaires", qui sont le fruit de réactions dans l’air, comme c’est le cas de l’ozone.
L’autre facteur, c’est l’arrivée de masses d’air déjà chargées en particules. Elles peuvent venir des pays voisins comme la Belgique ou les Pays-Bas, ou d’autres endroits en France, comme la région parisienne. "En fonction des vents, on sait que l’on va récupérer des masses d’air plus ou moins chargées en particules", explique Céline Derosiaux.
Enfin, il y a l’accumulation de ces particules dans l’atmosphère. "Pour que les polluants arrivent à se disperser, il faut que les conditions météorologiques y soient favorables."
Impossible donc, de dire avec certitude que la qualité de l’air s’est améliorée depuis le début du confinement. "Ce qu’il faut savoir, conclue Céline Derosiaux, c’est qu’il est habituel que les Hauts-de-France soient concernés par des épisodes de particules en cette période de l’année."