Mon ami le cheval qui souffrait avec nous, à cause de nous, et pour nous ! Ces mots sont d’un soldat de 14. Il aurait aimé ce monument, érigé à Chipilly, dans la Somme. Le Tommy embrasse sa monture mourante. Anglais, Français et Allemands ont entraîné ces animaux dans la guerre. Comme les hommes, les chevaux sont tombés par millions.
En 1914, l’armée française compte 200 000 chevaux. 700 000 autres sont réquisitionnés. Des chevaux de traits se retrouvent enrôlés dans la cavalerie. Les bêtes ont faim, soif, et s’épuisent en vaines chevauchées. Des dizaines d’heures en selle, le harnachement qu’on n’enlève pas. Les blessures causées par les frottements s’infectent. La victoire de la Marne ne peut être exploitée par la cavalerie. Le galop est devenu impossible. Un jeune vétérinaire s’émeut. Son supérieur, cinglant « Avec un revolver, il a tout ce qu’il lui faut pour remplir sa mission »
Des milliers de bêtes sont abattues, pour soulager leur détresse, ou pour ne pas s’encombrer. Les Britanniques se montrent plus délicats. Ce peuple amoureux des chevaux les soigne dans des cliniques adaptées. Les Français suivent l’exemple. La guerre continue, dévoreuse d’hommes et de bêtes. Pour une batterie de 4 canons de 75, comptez 178 chevaux. Il faut importer de nouvelles montures, venues des Amériques. La France dépense près d’un milliard de francs. Les ministres s’affolent.
En 1917, La récolte d’avoine est catastrophique. Paul Painlevé veut remplacer les équidés par des machines. Mais les chevaux sont omniprésents, même dans l’infanterie. Ils tirent les roulantes, transportent le matériel. En 1918, ces bêtes exsangues, ravagées par la gale, la pneumonie, seront mal récompensées de leurs efforts, vendues à vil prix. Plus d’une finira à la boucherie.
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