Pendant la Première Guerre, le Prix Goncourt fut chaque année attribué à des écrivains combattants. En 1918, le Prix fut décerné à Georges Duhamel, médecin au front, pour son roman Civilisation.
On la repère tout de suite, parmi les centaines d'objets exposés à l'Historial de Péronne. Cette flûte posée sur une cantine militaire. Elle paraît égarée au milieu des instruments de chirurgie, des prothèses. Etincelle de vie et de douceur dans un monde de mort. Et pourtant, elle est bien à sa place. Elle appartenait à Georges Duhamel, médecin et écrivain. Il a appris à en jouer, entre deux opérations. Elle l'a accompagné le reste de sa vie.
Source archives :
- Historial de la Grande Guerre
- Pathé Gaumont
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©France 3
Georges Duhamel s'est porté volontaire, en 1914. Il a d'abord opéré à l'arrière, puis il a été nommé dans une ambulance, plus près du front. A un ami, il écrit. « Je n'ai certes pas vu ce qu'on appelle la guerre, mais l'envers, et l'enfer de la guerre….. » Cette expérience nourrit un premier récit : « Vie des martyrs ». Il y a tous ces hommes dont il ne connaît pas le nom, parce qu'ils meurent trop vite. Et puis, il y a ceux qui respirent encore, il se demande comment.
Duhamel dénonce l'Âge des machines. Civilisation brutale qui se nourrit des hommes. L'hôpital est une usine. Cette usine avale la chair humaine pour la recracher, morte ou réparée. Les médecins sont ses ouvriers. Civilisation est couronné prix Goncourt le 11 décembre 1918.
La Paix revenue, Georges Duhamel renonce à la chirurgie et se consacre à l'écriture. Toute son œuvre est marquée par cette expérience brutale. Il n'oubliera jamais Fumat, géant auvergnat, percé par la mitraille alors qu'il surveillait la soupe. Et puis Panchat sauvé par sa grande taille. La balle qui a tué ses deux camarades lui a traversé le cou.