La cagoule exposée au Musée de la Grande Guerre est une scévolette. Elle a été imaginée par Lucien-Victor Guirand de Scévola. Est-il le père du camouflage ? C’est en tout cas la légende qu’il a forgée. Guirand de Scevola était le chef des camoufleurs. Homme habile au verbe haut, il avait le don de s’approprier les trouvailles de ses camarades. Mais son bagout rendit aussi de grands services à l’armée.
Guirand de Scevola débute la guerre en Lorraine, dans l’artillerie. Un canon est touché par un obus ennemi. Comment éviter d’être repéré ? Guirand raconte avoir imaginé de cacher une pièce et ses servants avec des blouses et des toiles bariolées. Mais les bonnes idées sont souvent partagées.
D’autres mènent les mêmes expériences mais ils sont évincés au profit de Guirand. Le peintre parisien a des relations et il sait en jouer. Le président Poincaré l’invite à présenter sa trouvaille aux généraux. Affaire conclue.
Guirand s’entoure de peintres, de décorateurs et d’artisans. L’atelier d’Amiens façonne des trompe-l’œil étonnants. Des arbres en métal, sont réalisés, copies conformes de troncs repérés sur le front. Les camoufleurs sont traités de "planqués". C’est faux, plus d’un sera tué.
Les dessinateurs se glissent dans le no man’s land pour réaliser des croquis. L’illusion doit être parfaite. L’original est remplacé par sa copie, les nuits sans lune. L’ennemi est mystifié.
Voici le symbole des camoufleurs : un caméléon dessiné par Guirand de Scevola. Son épouse, Marie-Thérèse Pierrat, de la Comédie française, est la marraine de la section. L’artiste aime les honneurs et il a l’oreille des généraux. De quoi faire enrager les officiers subalternes. Le camouflage se développe. Protégés par leur commandant, les barbouilleurs garderont leur indépendance.
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