"Il a tout faux Blanquer" : des enseignants des Hauts-de-France expliquent pourquoi ils ont décidé de se mobiliser à nouveau ce jeudi

Après la large mobilisation du 13 janvier dernier, la FSU, la CGT, FO et Sud appellent les enseignants à une nouvelle journée d'action jeudi 20 janvier. Aux revendications liées à la gestion de la crise sanitaire s'ajoutent celles concernant les salaires et les moyens d'une profession qui s'estime trop peu considérée.

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"Après une grève historique le 13 janvier, NON, nous ne sommes pas satisfait-e-s ! Grève jeudi 20 janvier !" Le message est clair et il parle à beaucoup d'enseignants de la région des Hauts-de-France. "Les annonces faites jeudi soir à la sortie de la réunion avec Jean Castex et Jean-Michel Blanquer sont loin d'être à la hauteur de la mobilisation", déplore Aurélie Bergeron, co-secrétaire départementale du SNUIPP 60.

Et d'ajouter : "on nous promet 3 300 postes de contractuels, mais il n'y a pas assez de candidats, on se demande comment ils vont les trouver. Et puis, on demande des recrutements de titulaires, nous manquons déjà de professeurs remplaçants." Les organisations syndicales appelant à une nouvelle journée d'action annoncent toutes rester très vigilantes quant aux annonces effectuées. "Enfin une écoute, mais c'est peu de choses", estime de son côté Marianne Schouler, enseignante dans un lycée et syndiquée à Sud Education dans la section valenciennoise.

Car même sur la gestion de la crise sanitaire, beaucoup estiment que toutes les réponses n'ont pas été apportées, notamment concernant le report des épreuves de spécialité pour le bac. "Cela génère pas mal de stress, confie Nicolas, Bourdeauducq, co-secrétaire départemental du SNES FSU 60. Les élèves ne bénéficient pas de conditions optimales actuellement avec les nombreux isolements."

Enseignante en éco-gestion dans un lycée hôtelier à Lille, Victoria Saltarelli, syndiquée à SUD Education confirme : "J'ai une terminale avec une épreuve prévue le 14 mars à l'identique... Nous avons beaucoup d'absents dans les classes. Au niveau de la pédagogie, c'est se moquer du monde et nous n'avons aucune information là-dessus." Son syndicat fait partie de ceux qui réclament un report en juin. Même motivations pour demander l'annulation des évaluations de mi-CP. "Ce n'est pas le moment quand on doit gérer les élèves absents et l'enseignement à distance", estime Aurélie Bergeron.

Pour Nicolas Bourdeauducq, il n'est pas question de contester le maintien de l'ouverture des établissements : "La fermeture des classes a généré des effets dévastateurs, on ne le conteste pas, on demande juste des mesures adaptées." Autre réclamation liée à la gestion de la crise sanitaire : l'obtention de moyens de protection pour tous. "Il faut que les promesses se traduisent par des actes", lance le syndicaliste, qui aimerait voir la création d'un grand plan aération. "Cela fait des mois qu'on réclame des capteurs de CO2... Dans l'Oise, peu d'établissements en sont dotés et quand il y en a, il y en a un par établissement.

La question salariale au cœur des revendications

Sous ces revendications directement liées à l'épidémie de Covid-19, se cache un mal-être plus profond. Pour beaucoup de grévistes, la crise a révélé le manque criant de moyens alloués à l'école. Parmi les slogans sans cesse repris par les syndicalistes et les manifestants "Stop au mépris". Pour beaucoup, les derniers protocoles sont révélateurs d'un manque de considération du métier. Un sentiment de mépris largement imputé aux salaires jugés trop faibles.

Aurélie Bergeron estime même que c'est la revendication numéro un : "On ne pourra recruter que s'il y a revalorisation. Sinon le métier ne sera pas attractif." Pour Mariane Schouler, de Sud Education, la considération passe également par une rémunération correcte : "Les personnels de l'Éducation nationale doivent être augmentés. Cela fait des années que le point d'indice est gelé, il est temps de le dégeler. Augmenter les salaires, c'est augmenter la qualité du service public, c'est évident." Et d'ajouter : "Tout est lié. Le mouvement du 14 a été déclenché à la suite d'années et d'années de mépris."

Répondre à la souffrance des enfants

En se mobilisant, Nicolas Boudeauducq estime aussi agir pour les élèves : "L'inclusion, par exemple, c'est bien, mais qu'on s'en donne les moyens". "On est totalement pour, confirme Aurélie Bergeron, mais pas à 27/28 élèves par classe sans moyens supplémentaires et sans AESH..."

Le bien-être des élèves, c'est justement ce qui pousse la Fédération des parents d'élèves à continuer de soutenir le mouvement. "Les parents n'ont pas été entendus", estime Karine Dupuis, la présidente de la FCPE dans le Pas-de-Calais. Elle dénonce le mal-être grandissant des enfants : "nous demandons une prise en compte de toutes les souffrances. Elles sont différentes, mais elles sont multiples." Karine Dupuis cite pêle-mêle ces élèves de maternelle et de primaire qui n'ont pas une vie normale depuis deux ans, ces nombreux tests et cette situation qu'ils ne comprennent pas toujours, et ces adolescents privés de liens sociaux qui se reportent encore davantage vers les réseaux sociaux avec des situations de harcèlement de plus en plus difficiles à détecter...

Et pour faire face à ces situations difficiles, elle réclame des moyens supplémentaires, des infirmières scolaires, des médecins scolaires dans un département, le Pas-de-Calais, qu'elle estime très touché par la problématique du suicide.

Une méthode qui divise

Mais cet appel à la grève n'est pas relayé par toutes les organisations syndicales. Plusieurs d'entre elles ont préféré appelé à "rester mobilisé sous des formes diversifiées". " Nous souhaitons maintenir la pression en attendant que ce qui a été annoncé se concrétise dans les écoles", précise Maxime Paruch, secrétaire départemental du syndicat SE-UNSA de la Somme, évoquant également la volonté de ne pas poser de difficultés financières aux collègues. Pour lui, la question salariale va clairement être un enjeu de la campagne électorale.

D'autres ne souhaitent visiblement pas attendre davantage, évoquant un point de non-retour et citant tantôt le nouveau protocole à l'école dévoilé dans la presse tantôt les révélations de Médiapart sur le télétravail de Jean-Michel Blanquer depuis Ibiza... Certains opteront pour la grève, d'autres seront seulement présents aux rassemblements prévus à Beauvais, à Lille, à Arras, à Dunkerque ou encore à Amiens. Si la méthode divise, les revendications semblent partagées. "Il a tout faux Blanquer", estime Victoria Saltarelli de Sud Education qui sera une nouvelle fois mobilisée ce jeudi 20 janvier.

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