"Peut-être un jour sur ce coin de l'Artois on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient l'horreur de la guerre". Le voeu du caporal Barthas en 1915 se concrétise avec l'inauguration d'un ouvrage rendant hommage aux fraternisations à Neuville-Saint-Vaast
A Noël 1914, au bout d'à peine cinq mois de guerre, l'étendue des pertes humaines est sans précédent dans l'Histoire. Sur le seul front occidental, Français, Belges et Britanniques ont perdu plus d'un million d'hommes tandis que les Allemands comptent quelque 750.000 victimes.
Les soldats qui avaient pensé être de retour chez eux, guerre terminée, à cette date, sont épuisés, et choqués par l'étendue des pertes. L'ambiance est morose dans les tranchées et les cantonnements de l'arrière. Et puis, au petit matin du 25 décembre, les Britanniques qui tiennent toujours les tranchées autour d'Ypres, en Belgique, entendent des chants de Noël provenant des positions ennemies... Lentement, des groupes de soldats allemands vont sortir de leurs abris jusqu'au milieu du no man's land --l'expression date de cette époque-- pour inviter les Britanniques à venir les rejoindre.
Fraternisations
Là, au milieu d'un paysage dévasté par les obus, ils vont discuter, échanger des cadeaux, jouer au football. Ces fraternisations qui consternèrent les états-majors furent réprimées avec modération, par des rétrogradations ou des corvées, mais les officiers des deux camps eurent pour instruction d'empêcher qu'elles se reproduisent. Toutefois à l'hiver 1915, des nouvelles scènes de fraternisation ont à nouveau lieu, comme à Neuville-Saint-Vaast.Dans son journal des tranchées, le caporal français Louis Barthas (1879-1952), militant socialiste originaire de l'Aude, rêve d'un ouvrage en hommage à ces scènes. Cet espoir est exaucé jeudi avec l'inauguration par François Hollande de ce monument, à proximité du lieu des fraternisations décrites
par ce caporal.