La femme dont le bébé a été retrouvé dans une fosse septique à Artres en 2007 a été acquittée.
La Cour d'Assises de Douai a rendu son verdict vers 19h. Patricia C. a été acquittée.
Elle comparaissait pour tentative d'homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans et risquait la prison à perpétuité.
Le Parquet avait requis 6 ans de prison avec placement sous mandat de dépôt. Patricia avait fait 6 mois et demi de détention provisoire après sa garde à vue.
"Je pensais que c'était des coliques"
Le 15 décembre 2007, Patricia, 41 ans, s'était présenté aux urgences de l'hôpital de Valenciennes, du sang sur les jambes, dans un état de grande confusion. Dépêchés à son domicile, les pompiers récupèrent à l'aide d'une épuisette un nouveau-né dans la fosse septique des toilettes extérieures. En état d'hypothermie, flottant sur un amas de papier hygiénique et d'excréments, la petite fille d'1,5 kilo a survécu, alors que la température extérieure était proche de zéro degré.
"Je n'étais pas bien, je pensais que c'était des coliques. J'ai ressenti une douleur mais je n'aurais jamais pensé que j'accouchais", a déclaré l'accusée, issue d'une famille nombreuse très modeste, marquée par des violences conjugales. Présentée par les experts-psychiatres comme une personne à l'intelligence "moyenne" mais "sans décrochage avec la réalité", l'accusée a maintenu tout au long de l'instruction, et lors du début de l'audience, qu'elle n'était absolument pas consciente d'être enceinte.
Déni d'accouchement ?
L'enjeu principal du procès était de déterminer l'étendue du déni, et donc la conscience qu'avait la quadragénaire d'accoucher d'un enfant, puis de l'abandonner dans des toilettes. "Est-ce que le déni de grossesse s'arrête au moment de l'accouchement?", s'est interrogée Me Camille Coulon, avocate de la défense.
"Tous les éléments du déni paraissent réunis" dans le cas de cette grossesse comme de l'accouchement, a estimé à l'audience l'experte Cathy Lorenzo-Regremy, psychologue spécialisée, qui avait notamment expertisé Véronique Courjault dans l'affaire dite des "bébés congelés". "Il n'est pas rare que des femmes dans le déni disent avoir des troubles intestinaux, et se mettent sur les toilettes parce qu'elles pensent avoir quelque chose à évacuer", a souligné la psychologue, qui dit rencontrer trois ou quatre cas de ce type par an.
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