Le médécin de St Laurent Blangy a été condamné à 5 ans de prison pour avoir agressé sexuellement ses patientes.
Relaxé pour trois préventions, le prévenu a été reconnu coupable d'atteinte sexuelle sur 13 patientes, vulnérables ou non, en ayant abusé de l'autorité conférée par ses fonctions.
Interdiction définitive de pratiquer la médecine
Incarcéré depuis près de 11 mois, il devra se soumettre pendant huit ans à un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins et s'est vu interdire, à titre définitif, de pratiquer la médecine ou une activité le mettant en contact avec des mineurs. Il sera en outre inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Reportage d'Alice Rougerie et Jean-Pascal Crinon
Le tribunal s'est montré plus clément que le parquet, qui avait requis une peine de huit ans de prison contre le praticien de 33 ans, qualifié de "prédateur sexuel" en quête de "proies" choisies pour leur fragilité. "Cet homme est empli de pulsions sexuelles permanentes qui le submergent et qu'il ne sait pas du tout gérer", avait mis en garde la procureure.
Les agressions sexuelles ont commencé dès novembre 2007, alors que le médecin venait de s'installer comme généraliste à Saint-Laurent-Blangy (Pas-de-Calais), près d'Arras. Caresses, auscultations intrusives et relations sexuelles par contrainte psychologique se sont poursuivies jusqu'à sa mise en examen et son placement sous contrôle judiciaire en mai 2009.
Des victimes vulnérables
Le prévenu a partiellement reconnu les faits au premier jour de son procès jeudi, en niant d'autres, expliquant avoir été pris par un désir "incontrôlable" pour certaines de ces femmes, alors âgées de 14 à 48 ans. Le parquet ne l'a pas cru quand il a dit ignorer le parcours de vie accidenté de la plupart d'entre elles.
"Toutes ces femmes sont sous curatelle, mineures, victimes antérieurement d'abus sexuels, ont eu une enfance maltraitant, souffrent de dépression ou de violences conjugales. Et on va nous dire que cela est le fait du hasard?", s'était exclamée la procureure.
Ces agressions étaient d'autant plus condamnables qu'elles ont été commises "par un médecin qui abuse de son pouvoir de médecin pour abuser sexuellement de ses patientes", avait martelé la magistrate.
Favorable à une castration chimique
L'avocat de la défense, Me Jérôme Pianezza, a plaidé la relaxe partielle, estimant que le doute devait bénéficier à son client et que l'infraction d'agression sexuelle n'était pas caractérisée pour 14 des 16 patientes citées dans l'acte d'accusation. Il a insisté sur des éléments contradictoires dans le dossier" et des "discordances" dans les déclarations de victimes présumées, remettant en cause leur absence de consentement.
De son côté, le prévenu a dit ne pas s'opposer à sa castration chimique pour soigner son "addiction sexuelle", comme le préconise une expertise psychiatrique. "Il faut absolument que je change, que je me soigne pour arrêter de faire souffrir des gens", a-t-il assuré.
C'est la dénonciation des faits par une patiente qui avait conduit à sa mise en examen. Comme les autres, elle avait pourtant hésité à porter plainte, craignant que sa parole ne fasse pas le poids face à celle d'un médecin. Devenu médecin coordinateur au Centre hospitalier de Boulogne-sur-Mer en novembre 2009, le prévenu a récidivé en janvier 2012 en agressant sexuellement une stagiaire aide-soignante, dont la plainte l'a conduit en détention provisoire.